L’art du slogan vide.

oeufJe suis toujours impressionné à quel point certaines entreprises optent pour des slogans complètement vides de sens pour les décrire. Toutes les fois, je préfère m’imaginer qu’ils ont eux-mêmes créé celui-ci, par faute de budget, mais ce n’est pas toujours le cas, souvent la faute ne leur est pas attribuable, mais bien à leur agence. Comment reconnaître un slogan de campagne inutile? J’ai élaboré quelques pièges dans lesquels il faut éviter de tomber que je vous livre ici.
Si le slogan est interchangeable pour n’importe qui, laissez-le à quelqu’un d’autre. L’autre jour, je rencontrais un commerce avec plusieurs succursales, pour leur proposer une nouvelle plateforme de communication. Dans une rencontre précédente, on m’avait demandé de réfléchir sur un slogan qui faisait pas mal l’unanimité à l’intérieur du groupe : « plus que… ». Ce commerce « est plus que » ce commerce. Imaginons que c’est une quincaillerie : la quincaillerie « A », c’est plus qu’une quincaillerie. Si vous êtes capable d’interchanger n’importe quel nom d’entreprise, ce slogan est inutile. S’il peut être mis en oeuvre dans n’importe quel genre de business, cela ne sert à rien. Un concierge « plus qu’un » concierge, un « comptable « plus qu’un » comptable, cela ne veut rien dire à moins de dire de quoi vous êtes « plus que ». De toute façon, tout le monde est « plus que » et personne ne veut être « moins que ». À éviter.
Dire un mensonge, ce n’est pas grave jusqu’au temps que l’on s’en rende compte. Pourquoi affirmer haut et fort que vous êtes le moins cher, le plus fort, le plus fiable si ce n’est pas vrai? Honnêtement, pensez-vous vraiment que les gens croient encore à ce genre de publicité? Pensez-vous vraiment que les gens croient que vous êtes le moins cher quand ils ressortent de chez vous décus de ne pas avoir eu le prix qu’ils pensaient trouver? Au contraire, ils sont fâchés de s’être déplacés pour rien. Pensez à Bell avec sa la vie est belle. Il faut s’être frotté à son service à la clientèle pour se rendre compte à quel point son slogan ne reflète pas ce que l’entreprise voudrait nous laisser croire. Wal-Mart affirme qu’il est moins cher… parce qu’il est moins cher. Point. Si vous ne l’êtes pas, ne le dites pas. Un mensonge en pub vous revient dans la face comme un boomerang. Hey, on est plus en 1950, ce genre de mensonge éhonté est périmé.
Être quelqu’un d’autre n’amènera pas les gens chez vous, mais ailleurs. Sur la même lancée que le mensonge, il faut faire la différence entre ce que nous aimerions être comme entreprise et ce que nous sommes vraiment. Regarder évoluer votre concurrent et faire la même chose que ce qu’il fait n’est pas très brillant. Vous vous identifiez comme suiveur, qui veut se ranger derrière la copie? La meilleure façon de vous faire connaître est de vous décrire comme vous êtes. Vous êtes capable de tenir un rôle qui n’est pas le vôtre combien de temps avant de revenir à vos vieilles habitudes? Vaut mieux être soi-même et mettre ses qualités de l’avant. Les siennes. Quand je rencontre un nouveau client, maintenant, je lui dis ouvertement que si la première qualité qu’il recherche dans une agence est sa rapidité d’exécution, je ne suis pas là. Affirmer le contraire me met une pression inutile et crée une frustration chez mon client à la première échéance défoncée. Je ne dis pas que je suis incapable de faire des contrats urgents, sur pression, je dis simplement que si c’est son critère principal de sélection, je ne suis pas le plus fiable dans ce domaine vu la grosseur de ma boîte. Cela n’enlève rien à mes qualités de créateur. J’aime mieux être choisi parce que je suis bon que parce que je suis vite…
Si ça prend un dictionnaire pour comprendre ce que vous faites dans la vie, consultez-le pour trouver une autre façon de vous décrire. Keep it simple. Les meilleurs slogans sont simples et faciles à comprendre. « Le pouvoir infini du câble» pour Vidéotron, est un slogan simple, facile à comprendre. À moins que vous sachiez que vous vous adressez à des docteurs en physique nucléaire, évitez les slogans qui, pour être compris, ont besoin d’une préalable lecture de « De l’atome aux machines quantiques ». Dans une première vie d’agence, j’aimais, à l’ancienne, déblatérer et préparer le terrain afin de présenter un nouveau concept à un client, aujourd’hui je lance mon concept sans préambule, comme il sera présenté au grand public. S’il faut une introduction ou une mise en situation à un consommateur pour comprendre la campagne que j’ai créée à mon client, j’ai un méchant problème et mon client encore plus que moi.
Ne prenez pas les gens pour des cons. Je n’aime pas les gens qui généralisent. Il se peut que le slogan que j’ai trouvé pour mon client ne soit incompris uniquement que… par mon client. Si vous avez 50 ans et que votre clientèle en a 15, il se peut que vous trouviez la campagne que je propose complètement incompréhensible. C’est normal. Affirmer que les gens ne comprendront pas parce que vous ne comprenez pas n’est pas une équation logique. Faire abstraction de ses goûts personnels est une étape importante à franchir quand on veut communiquer à une masse. Être intelligent ne veut pas dire être incompréhensible, je n’aime pas qu’on nivelle par le bas, qu’on se censure à trouver des mots de deux syllabes en pensant que les gens ne comprendront pas. Méfiez-vous de l’effet contraire : si votre clientèle est du genre « haut de gamme » elle ne se retrouvera pas dans un genre de slogan “bas de gamme”.
Vous êtes peut-être bon à faire ce que vous faites dans la vie, mais je le suis, moi aussi. Faites confiance. Pas aveuglément, mais presque. Quand je fais réparer ma voiture, je ne juge pas le travail du gars car je ne connais pas la mécanique, je me dis qu’il connaît ça plus que moi. Quand mon comptable m’affirme que c’est bel et bien ce montant-là que je dois au gouvernement, je le crois; il a étudié pour ça et ce n’est pas son premier dossier. Quand mon avocat me dit que je devrais signer, qu’on n’aura pas plus de toute façon, je signe, il du métier, il connaît les lois et en a vu d’autres. Si je m’adressais à un gars comme moi pour me trouver un slogan, me créer un concept qui me vendrait bien, pourquoi ne suivrais-je pas ses conseils?

À l’attaque des tablettes.

luluJ’ai pris connaissance, via Cyberpresse, d’une étude menée par la firme GFK sur les habitudes de consommation par rapport au choix que font les gens lors de leurs emplettes à l’épicerie. On y apprend que si peu de gens ont une liste écrite lorsqu’ils se présentent au supermarché, la plupart ont quand même une bonne idée des trucs qu’ils comptent acheter. Ce qui est spécial, c’est que la décision ultime se prend à 70 % sur place. S’il n’a pas déjà une marque en tête, lorsque le client se retrouve en épicerie à la recherche d’un produit type, celui-ci ira immanquablement vers une marque reconnue. Il y a peu de chance que le client change sa marque référée s’il la retrouve sur les tablettes. Pour réaliser cette étude, GFK a interrogé des gens qui entraient au supermarché en leur demandant ce qu’ils comptaient acheter pour ensuite vérifier leurs paniers à la sortie. L’indice le plus intéressant de l’étude se situe au niveau des achats impulsifs, non prévus lors de la visite à l’épicerie, représentant 40 % du panier d’épicerie du consommateur moyen. Les dégustations, les offres directes (coupons-rabais, promotions de lancement, etc.) exercent une très grande force d’attraction dans les allées des épiceries. Pas besoin de vous expliquer pourquoi la guerre de la tablette et du comptoir en est une si féroce; la place que prendra un produit par rapport à un autre est déterminante par rapport au choix que fera l’acheteur potentiel. L’importance de l’emballage est primordiale, je ne comprends toujours pas pourquoi un fabricant qui a travaillé, en recherche et développement, pendant des années à créer le produit le plus parfait qui soit, quand arrive le temps de mettre celui-ci en marché, économise sur l’emballage, coupe ses budgets en engageant n’importe qui pour le mettre en marché. Certains produits de qualité sont si mal emballés qu’on n’a pas le goût d’aller plus loin dans notre expérience sensorielle. En confiant le mandat de créer un emballage qui mettra leur produit en valeur à des amateurs, les entreprises mettent leurs ventes en péril. En confiant leurs packaging à des fabricants directs au lieu de passer par une firme spécialisée en graphisme, ces entreprises se privent d’une expertise et d’une aide indispensable quant à la mise en valeur de la personnalité unique de son produit. Si 40 % des achats se font sur le coup de l’émotion, imaginez le pouvoir d’attraction que comporte un conditionnement adéquat qui met les qualités du produit en évidence, certes, mais tout autant inspire et séduit le client potentiel. Avant même de goûter au produit, le client potentiel doit être attiré, informé et convaincu. Combien de fois vous êtes-vous retrouvé devant la tablette, hésitant entre plusieurs produits de marques concurrentes, à « regarder » le produit qui vous semblait le meilleur? Alors que le concept culinaire n’a jamais été autant à l’honneur, que nos tablettes n’ont jamais autant débordé d’excellents produits provenant de partout dans le monde, que la richesse alimentaire est à son apogée, que les consommateurs sont de plus en plus informés, connaisseurs, et épicuriens, il serait bête que votre produit reste sur la tablette…

> Profitez de Pâques qui s’en vient pour acheter des produits de Chocolat Lulu. J’ai pris cette photo dans un magasin, dernièrement, réalisant que malgré ses 10 ans, le packaging que j’avais créé pour leurs figurines en chocolat pour Pâques se défendait encore assez bien.

Devenez indispensable pour vos clients.

maviemaldessineeJe le confesse je suis un grand consommateur en ligne. J’achète énormément sur le net. Je suis un addict de Ebay (j’y ai effectué quelques 200 transactions avec une cote d’appréciation de 100 %); en acheteur compulsif sur le web, je maîtrise à perfection la mise de dernière minute aux enchères, je fais sacrer des gens partout autour du monde quand je les coiffe à la dernière seconde dans une transaction ebayenne qu’ils pensaient gagner… je connais les trucs pour bider, les coupons de promos qui nous permettent de sauver sur nos emplettes dans plusieurs sites, je connais les robots qui scannent les prix pour vous, qui magasinent à votre place. J’ai acheté des vêtements, des livres, des disques, du matériel informatique, des lunettes, des polices de caractère, des billets d’avion, des oeuvres d’art, des films et même un évier et de la robinetterie. Pas pour rien que je vous parle d’une réelle confession. Je magasine sur le net autant que Carey Price ne garde le sien (ceci étant dit uniquement pour faire chier mes amis fans de la Sainte Flanelle). Dans l’ère des discours d’achat chez nous, d’achat de proximité, de récession économique ainsi que du développement et de l’autonomie des régions, je vous balance que je suis un traître à la nation et que je transige à travers le monde à la recherche d’un certain ratio qualité/prix sans me soucier du marchand-régional-payeur-de-taxes-et-d’impôts-créateur-d’emploi. J’ironise, vous savez bien. Mais pas tant que ça. Cessons de nous mettre la tête dans le sable, la business du marché de détail n’est plus uniquement locale. La notion du marchand-maître-du-jeu n’est plus. No more bullshit. Dans le passé, on nous disait que tel item était indisponible, que ce prix était le meilleur, qu’une commande prenait un mois minimum. Aujourd’hui, on sait en ligne si l’item est dispo, sinon dans combien de jours il le sera, le prix est vérifiable et la possibilité de le recevoir en 24 h est possible. Ça ne va pas bien pour le marchand du coin? Faux. Regardons les choses autrement. Oui, il y aura toujours quelqu’un, quelque part qui sera moins cher et (peut-être) meilleur. Online ou pas. On ferme boutique? On change de métier? Laissez-moi vous raconter deux anecdotes qui me sont arrivées. Je vous ai déjà parlé de Jiix, cette librairie spécialisée en BD (j’hésite à la catégoriser de la sorte, puisque je considère cet endroit beaucoup plus comme un diffuseur de culture qu’une simple librairie, on en reparlera…), où je me procure pas mal de bandes dessinées. Et bien, il y a une couple de semaines, je reçois un courriel d’un des deux sympas propriétaires qui me raconte que Gipi, un auteur italien de qui j’ai déjà acheté les livres, vient tout juste d’en écrire un intitulé « Ma vie mal dessinée » (quel titre!) et que ce livre devrait m’intéresser. Pas n’importe qui. Moi. Je n’ai pas hésité une seule minute et j’ai répondu tout de suite de me réserver le livre. Aucune recherche alternative de prix ni de commande en ligne. Le marchand venait de faire son job en s’occupant de moi. Cette librairie venait de faire ce à quoi on s’attend d’elle : me conseiller, m’orienter, me faire découvrir selon mes goûts. Tout cela avec un service courtois et poli. Autre exemple avec Jiix qui date de quelques mois : j’avais commandé un livre (dont j’ai parlé, ici) et quand celui-ci est arrivé, au téléphone, les deux libraires me disaient avoir une surprise pour moi lorsque je viendrais cueillir ma commande; une jolie affiche de l’auteur. Sans rien demander. Ce sont deux exemples de service plus difficile à réaliser en ligne. On est loin de l’épopée du fil DMI qui a fait la manchette des revues et des émissions de protection des consommateurs quant au prix exorbitant que certains dépositaires chargeaient comparativement aux vendeurs en ligne. Non. Ici, je parle de conseil. De service pur. D’une façon pas mal plus intéressante de faire des affaires. Au lieu de se soucier de baisser leurs prix de 1$ pour attirer une clientèle futile prête à la quitter pour n’importe qui, cette librairie établit une relation privilégiée avec sa clientèle, en la conseillant, en en donnant plus, en devenant indispensable. Voilà une belle façon de passer la crise économique : être indispensable pour ses clients.
En passant, le livre est magnifique. Gipi est un grand auteur, un grand dessinateur. Même « mal dessinée », cette autobiographie est vraiment généreuse, dure, étrange et complexe, une biographie qui nous livre les peurs, les maladies, les souffrances, les inhibitions, les descentes aux enfers, mais aussi les amitiés, les réflexions, les bonheurs de l’auteur. Aussi complexe qu’une relation client/fournisseur. Merci Jiix pour les conseils.

> Ma vie mal dessinée, Gipi – Futuropolis
Pour une entrevue vidéo de l’auteur, au sujet de ce livre, cliquez ici.

O. pressée.

orangeUn article du NY Times a attiré mon attention le week-end dernier. Il traitait de la guigne de certains consommateurs par rapport à leurs marques préférées. L’article citait par exemple le nouvel emballage des jus Tropicana. Pepsi Co avait entrepris à la fin de 2008 un grand ménage au niveau de sa marque phare Tropicana en introduisant son tout nouveau look à ses consommateurs dès le début de l’année. Nouveau logo, nouvelle typographie, emballages plus sobres, avaient été introduits; on avait même enlevé l’orange transpercée par une paille, l’image par laquelle la multinationale du jus était la plus reconnue. Erreur. Les consommateurs n’ont pas du tout apprécié. Tellement en fait, que les nombreux courriels et téléphones dénonçant la stratégie ont été si agressifs que Pepsi Co a du faire marche arrière en annonçant qu’elle reviendrait peut-être à ses anciens emballages dès février. Les propos des consommateurs étaient sans équivoque : l’emballage leur faisait penser à une marque de jus maison ou encore un produit sans-marque générique, et pire encore, qu’il était rendu difficile de différencier Tropicana des autres jus de la compétition. Ce qui est impressionnant, c’est que selon leurs études (parce que ces megas entreprises, ne font pas un geste d’une telle ampleur sans sonder et faire des focus groups) aucun des malaises n’avait été préssenti : même qu’une des conclusions de leurs nombreuses enquêtes révélait que la paille et l’orange (l’image que les gens regrettaient) avaient peu de reconnaissance vis-à-vis la clientèle. On avait sous-estimé le pouvoir de séduction qu’une marque peut détenir. L’«Emotional Branding » comme disent les Français. Cela ne vous rappelle pas les problèmes du Nouveau Coke en 1985? La concurrente de Pepsi avait dû elle aussi faire volte-face par rapport à sa clientèle et son mécontentement.
À l’heure de Facebook, où un groupe de protestation peut se monter en quelques minutes, où un vidéo dénonçant un produit ou une situation peut se monter en quelques heures et être vu par des millions d’internautes, les compagnies ont de moins en moins de latitude à se laisser aller. Les études à grands frais que Pepsi Co s’est offertes n’ont pas décelé la fibre émotionnelle de Tropicana vis-à-vis ses consommateurs. On a dû réalisé mille et un focus groups dans les règles de l’art, mais en oubliant de sonder les gens sur les choses qui les touchaient vraiment.
Quelles leçons faut-il tirer de l’aventure Tropicana vs les buveurs de jus d’orange par rapport à des entreprises de moins grandes tailles ou de marchés différents : écouter et sentir. Écouter ses clients; suivre la tendance, oui, mais avant tout leur donner ce qu’ils veulent. Pas ce que nous voulons leur donner, mais bien ce dont ils ont besoin. Éviter le discours : nous savons ce dont vous avez besoin. Plutôt prendre en considération leurs attentes émotionnelles par rapport à nos produits. Surtout ne pas les prendre pour des cons. Surtout ne pas leur vendre de quoi. No bullshit. Dites qui vous êtes, ce que vous faites pas ce que voudriez être et faire. Soyez vous-même. Avant, j’avais tendance à faire de grands préambules avant mes présentations, expliquer de long en large mes axes de communication en préparant le terrain à la présentation de mon concept. Je ne le fais plus. Je fonce et présente mes maquettes. Pourquoi? Parce que c’est de cette façon qu’elles se débattront sur la place publique, mes idées. Je ne serai pas derrière chacune des personnes qui se verront solliciter par ma publicité ou mon emballage à déblatérer que j’ai choisi telle typographie ou une autre pour attirer son attention; il n’en a rien à foutre. Et un concept que l’on doit expliquer est un mauvais concept ou une idée trop compliquée. Sentir les gens autant que les sonder. La différence? Si tu les sondes uniquement, ils te diront ce qu’ils leur plaisent tout en restant à l’intérieur du cadre, par contre, si tu tentes de sentir les émotions de tes clients par rapport à ce que tu fais pour eux, tu auras une meilleure idée de leurs attentes et leurs déceptions. C’est plus souvent qu’autrement dans les détails que les gens accrochent, pas sur les grande lignes. Les gens du service à la clientèle sentent plus souvent les gens que ceux du département des ventes. Ils ont les plaintes, les demandes délicates, ils sentent plus ce que les gens pensent, vraiment; parce que les clients ne font pas face à un spécialiste des ventes, mais bien à quelqu’un qui va écouter leurs doléances plutôt que les convaincre du contraire. Il est primordial pour les entreprises, d’établir un dialogue avec ses clients: fini l’ère des monologues et des pitchs de vente qui sentent le réchauffé; offrez, discutez, réagissez, décloisonnez les murs qui sont entre vous et le client. C’est à partir de ce dialogue que vous serez en mesure de mieux répondre à vos clients.
Quand vous prendrez une gorgée de jus d’orange, au déjeuner, regardez l’emballage qui se trouve sur votre table et imaginez comment vous auriez réagi si vous aviez été Pepsi Co.

Laissez-moi vérifier si vous me suivez réellement…

rateauDans mes vertes années du secondaire, alors que j’étais étudiant au Séminaire de Chicoutimi, j’avais tenté une expérience, disons-le, un peu kamikaze. Dans un cours de Français, donné par notre professeur Râteau (la mémoire étant une faculté qui oublie les choses importantes et retient les conneries, je me rappelle très peu du nom de mes professeurs, mais très bien de tous leurs surnoms…), nous avions à produire une composition de quelques pages sur un sujet dont je ne me souviens guère (!). Râteau, surnommé ainsi pour sa caractéristique moustache qui lui cachait la bouche, avait tendance, selon la rumeur qui courrait dans les corridors de l’école, à ne pas lire les travaux qu’il corrigeait. Toujours selon la même légende urbaine de l’époque, cette réputation venait du fait que la plupart des copies corrigées, qu’il nous rendait, comportaient des annotations plus souvent qu’autrement dans les premières et les dernières pages, mais rarement ailleurs dans le document. La conclusion qui nous venait directement à l’esprit (je vous rappelle, qu’on avait 15 ans) était que ce professeur corrigeait correctement l’introduction, la conclusion et jetait un oeil ici et là sur le noeud de la dissertation. Bonne tactique de correction rapide, quoi. Je me souviens, qu’au secondaire, j’avais aussi une peur bleue des exposés oraux : parader devant une classe pour expliquer, un principe ou une théorie était une torture, et comme je perdais tous mes points en Français dans ce genre d’exercice, je me rabattais souvent à mettre de l’emphase davantage sur mes travaux écrits pour remonter ma moyenne. Alors que je mettais beaucoup d’efforts dans mes écrits, la méthode correctionnelle du dit Râteau, me faisait un peu chier. J’aurais trouvé plus juste qu’il dorme pendant mon exposé oral… (J’ouvre une autre parenthèse : non que je veuille me moquer encore plus de mon professeur de l’époque, mais comme, en plus de son râteau de moustache, il était affublé d’un oeil qui louchait, il était très difficile de percevoir s’il nous écoutait (!) réellement ou pas, comme si son strabisme lui permettait d’appliquer la même technique de correction qu’à nos travaux écrits. Fin de la parenthèse.) Comme la rumeur de sa correction sommaire devenait persistante, mais qu’elle n’avait jamais été vérifiée, j’avais décidé que je tirerais au clair ce petit subterfuge. Au beau milieu de mon travail, joliment dactylographié (pour les moins de 25 ans qui me lisent, une dactylo, c’est un mix, entre un clavier très épais et plus pesant et un accordéon, avec une feuille qu’on insert à l’intérieur qui nous servait de traitement de texte à l’époque…) j’avais mis une annotation qui disait ceci : « Si vous êtes rendu ici, dans la lecture de mon travail, veuillez, s’il vous plaît, cocher cette case », j’avais dessiné un petit carré dans lequel il devait apposer un x. Je sais, c’était un peu tordu comme approche, mais je voulais en avoir le coeur net! La semaine passe. Le cours de Français revient, avec notre ami Râteau ainsi que ses copies corrigées. Je ne tenais plus en place. Commençait, alors la distribution des travaux, de la plus haute note à la plus basse (on était à des kilomètres de la réforme scolaire, hein? ), et arrivait finalement mon travail (heu… non, je ne vous dirai pas son ordre de sortie…). Je ne me souviens pas de la note et je m’en foutais, j’avais une théorie à vérifier. Je tournais les pages aussi rapidement que je pouvais afin de vérifier mon premier B.B.M à moi, mon premier sondage à vie, la consécration d’une théorie allait enfin voir le jour!!! Au beau milieu de mon travail, un x rouge était inscrit dans la case, accompagné d’un roman dans la marge de mon travail qui se résumait ainsi : « oui, Monsieur Gauthier, j’ai lu votre travail, comme je lis tous les travaux qui me sont remis, bla-bla-bla… » Bordel. Disons que la rumeur venait d’en prendre un coup. J’avais eu tort. En fait, tous les étudiants de Râteau avaient eu tort. Des années de perceptions négatives venaient de s’évanouir sous mes yeux. Le sympathique Râteau, je tiens à le dire, c’était un professeur très charmant, venait de remettre les pendules à l’heure en nous adressant un message clair : cessez de tout mettre votre génie dans les intros et les conclusions et mettez un peu de chair autour du corps de votre récit. Voilà. Encore aujourd’hui, quand je repense à cette anecdote, j’ai l’envie de remettre ça. J’aimerais pouvoir, au beau milieu d’une publicité, d’un concept, dessiner une case dans laquelle je demanderais aux consommateurs à qui je m’adresse de bien vouloir mettre un x. Pour m’assurer qu’ils ont bien lu. Bien compris. C’est sûr que des sondages d’après campagne nous le permettent; mais là, en direct, une case qui nous permettrait de vérifier notre discours, notre ton, notre façon de les aborder. Il est toujours spécial de consulter les gens après une campagne; s’apercevoir qu’une idée pourtant si claire, peut prendre une direction aléatoire quand elle est mal perçue ou incomprise. J’aime bien montrer mes concepts à des gens et les tester. Quand la personne me répond qu’elle voit ceci ou cela, ou qu’elle comprend ceci ou cela, mais pas CECI et CELA, je me dis que je ne suis pas assez clair. Que mon x n’est pas coché. Vous me suivez?

Cette année, si je changeais de métier, je ferais dans la maroquinerie…

ceintureParce que dans ma tête de créatif, je me dis qu’avec toutes les nouvelles économiques menaçantes dont les médias nous affligent, les gens devront davantage se serrer la ceinture. Ainsi, les gens qui n’en portent pas devront, vraisemblablement, s’en procurer une. Récession oblige. Pour faire comme les autres. Et hop, me voilà en business! Je vais vendre des ceintures à des gens qui sont en récession. Vous avez deviné que c’est une allégorie; que je ne pense pas devenir demain matin un spécialiste du cuir, mais réfléchissez un peu : je n’ai pas tout à fait tort. Tous les indices nous disent que les prochains mois, voire les prochaines années, seront extrêmement difficiles pour les entreprises, et ce, peu importe leurs marchés. L’économie ne fonctionne pas en vase clos : quand une industrie majeure coupe, elle produit le premier mouvement de la vague, l’onde se propage et viendra invariablement secouer des marchés très loin de son marché primaire. Quand les entreprises mettent à pied massivement, c’est plus qu’un emploi qui est perdu, c’est une économie qui s’effrite lentement. De toute façon, je ne vous apprends rien. De plus, mes connaissances en économie sont vraiment minces. Par contre, j’en connais un brin en créativité. Et en mode coupure, seuls les plus créatifs sauront tirer partie de la situation. Pourquoi? Parce qu’au lieu de jouer le même jeu que le marché et de ne restreindre que ses dépenses publicitaires aveuglément, ils tenteront par tous les moyens de rentabiliser chaque dollar investi et de trouver des façons nouvelles de se sortir du marasme. En termes concrets, le bon vieux système D prend le contrôle. La stratégie, le travail et l’écoute seront des valeurs qui permettront aux meilleurs de sortir sans trop d’ecchymoses de leur lutte contre l’économie. La stratégie, dans un premier temps, permet à une entreprise qui voit son marché diminuer, de trouver de nouveaux moyens de rejoindre sa clientèle. Des moyens auxquels, lors d’une économie en meilleure santé, elle n’aurait pas songé utiliser. Je pense que les médias sociaux, entre autres, seront mis de l’avant, profitant de ses faibles coûts à rejoindre des masses de gens directement associés à l’entreprise, à son produit ou ses valeurs. Des solutions à portée de main qui ne vous coûteront que la sueur d’y avoir pensé. Deuxièmement, le travail. J’en ai déjà parlé dans mon article sur Malcolm Gladwell; le travail, comme valeur, permet de persévérer. Les gens, qui mettront plus d’efforts dans ce qu’ils entreprennent, seront récompensés. Si vous travaillez plus (ou mieux), les coûts associés à la sous-traitance diminuent, d’une part, mais d’autre part, elle permet de mieux sentir le pouls de ses affaires. Les gestionnaires qui viendront se mettre les mains dans l’huile, se rapprocheront un peu plus de la réalité quotidienne et réaliseront, peut-être, que certains trucs doivent être améliorés ou changés, etc. Et finalement, l’écoute; écoutez vos clients, écoutez ce qu’ils vous disent, percevez leurs demandes, mettez-vous à leur place. C’est pendant une crise économique que le client sera le plus exigeant. Aux premières loges, ce sont les consommateurs qui décident, si oui ou non, vous vous en sortez ou pas. Alors, écoutez-les. Demandez-leur ce qu’ils pensent et veulent et donnez-leur dans la mesure du possible. Encore plus. Si vous êtes un restaurant, par exemple, offrez-leur de nouveaux menus adaptés à leurs budgets, des promotions intelligentes, etc.; si vous êtes un professionnel, tentez d’être proactif, de varier vos services, de trouver des manières que vos honoraires permettent à vos clients de sauver ailleurs. Faites ce que vous vous exigeriez, vous-même, comme consommateur. Et quand la récession sera passée, continuez à faire encore ce que vous aviez appris pendant ces temps durs, continuez à vous inspirer des idées créatives qui vous seront venues… De la contrainte naît la créativité, c’est que l’on dit en tout cas.

«Engagez-vous!» qu’ils disent.

Les études s’accumulent aux rythmes que les tendances se concrétisent : il faut être vrai. Je me répète souvent, mais les entreprises qui continuent à faire du vieux marketing en appliquant des vieilles rengaines publicitaires ont de moins en moins de chance de sortir du lot. Il faut se connecter à sa clientèle et la comprendre. Une étude menée pour Goodpurpose vient en remettre : les consommateurs veulent des entreprises engagées, comme eux. 76 % de gens disent qu’ils préfèrent acheter d’une compagnie qui donne de l’argent à de bonnes causes et 63 % pensent que les entreprises dépensent trop en marketing et publicité et devraient plutôt donner à des causes. Les consommateurs (80 %) vont encore plus loin en affirmant rester loyaux à une entreprise qui continuera à supporter une cause même si on est en récession. L’étude démontre aussi que 83 % des gens sont prêts à changer leurs habitudes de consommation pour que le monde devienne meilleur. Menée auprès de 6000 consommateurs dans 10 pays, dont 500 au Canada, l’enquête dresse un portrait de l’engagement social des consommateurs. Les consommateurs ne sont plus dupes, ils veulent s’associer à des marques qui dégagent la sincérité et l’honnêteté : des marques ou des entreprises qui veulent faire une différence dans notre société, pas uniquement des pourvoyeurs de produits ou de services. Les gens veulent des entreprises qui sont des citoyens comme eux et qui prennent position. La récession est à nos portes, les consommateurs seront de plus en plus frileux, il feront des choix de plus en plus judicieux. C’est pendant des périodes de crise que l’on voit comment se comporte vraiment une compagnie, que l’on découvre ses vraies valeurs. Facile de commercialiser un produit quand les courbes économiques pointent au plafond, mais en période de ralentissement, lorsque le client se fera tirer l’oreille, les actions que prendra l’entreprise deviennent vitales. Pour ne pas se tromper, l’entreprise n’a qu’à suivre ses valeurs. Puisque la plupart de ses clients devraient partager les mêmes, les plus vrais passeront à travers.

Un vote, un café. Bon deal.

Jamais élection américaine n’aura été si couverte médiatiquement parlant. Tout le monde a les yeux tournés sur la plus grande puissance mondiale. On a eu droit à des bijoux de pubs et d’une utilisation intelligente des médias sociaux (blog, facebook, etc.) de la part du clan Obama. En espérant que ce soit suffisant. C’est du moins ce que veut Starbucks avec ce message simple et efficace. Jolie publicité typographique aux couleurs et design du célèbre café. Croisons nos doigts.

Dix millions, ça peut changer le monde?

C’est le grand pari que prend Google pour son 10e anniversaire avec le lancement du Projet 10 100, un concours visant à récolter des idées pour mettre sur pied des projets pouvant venir en aide au plus grand nombre de personnes. « Jamais au cours de l’Histoire autant de personnes n’ont détenu autant d’informations, n’ont eu autant d’outils à leur disposition ni autant de moyens pour donner vie aux bonnes idées. (…) Des études ont récemment montré qu’outre un niveau de vie acceptable, la seule chose qui rend les gens heureux est d’aider les autres. (…) Si vous avez une idée qui, selon vous, est susceptible d’aider quelqu’un, nous voulons la connaître. Nous sommes à la recherche d’idées pouvant venir en aide au plus grand nombre, quelle qu’elle soit, et nous nous engageons à financer leur lancement. Vous pouvez envoyer vos idées et participer au vote. Un comité consultatif se chargera de choisir les meilleures d’entre elles » nous révèle son site internet. Google fera une sélection de cent idées et demandera au public de retenir vingt demi-finalistes. Ensuite, un comité consultatif choisira cinq idées finales. L’entreprise s’engage à investir 10 millions de dollars US dans la mise en œuvre de ces projets et souhaite venir en aide au plus grand nombre. « L’argent peut donner un coup de pouce, mais le plus important, c’est l’idée elle-même. » Cela vous tente? Proposez votre idée par le biais de ce formulaire avant le 20 octobre en respectant l’une des catégories suivantes; communauté, opportunité, énergie, environnement, santé, éducation, logement. Et qui sait, comme Google, vous aussi, vous aiderez à changer le monde…

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