Je ne t’aime pas, mais ne sais pas pourquoi.

TM-Dummy– Allo Marc, j’ai un projet à te proposer…
– Cool. C’est quoi?
– Vendre tel produit.
– Mmm, je ne suis pas certain être la bonne personne pour en parler… Honnêtement, je ne peux pas dire que j’aime ton produit…
– Justement. C’est ce dont j’ai besoin.

Je me suis dit pourquoi pas, hein? Pourquoi pas.

Vierge. Ou le contraire, full contaminé.

Par mes propres préjugés et ceux des autres. Surtout ceux des autres. Ce qui est encore pire, vous en conviendrez. Allez. Ne me dites pas que ça ne vous arrive jamais. Je ne vous crois pas. Je vous lis sur Facebook. À colporter des trucs sur lesquels vous vous fiez uniquement à l’opinion de vos amis pour prendre position. Si si. Allez. On est entre nous. Vous faites comme ça, vous aussi. Allons. Soyons honnêtes.

Baser ses idéaux sur des idées basses.

Même pas les nôtres.

J’ai accepté ce mandat parce que justement je n’aimais pas le produit que j’avais à vendre. En réalisant rapidement que je le connaissais, avant tout, très peu. Nuance majeure. Ça peut vous sembler louche, mais ça vient (trop) souvent ensemble. Cette peur de l’inconnu qui nous pousse rapidement de l’autre côté. Nos perceptions négatives renchéries par les influenceurs qui nous entourent. On n’aime pas parce que buddy, votre pote avec qui vous avez 103 amis en commun sur Facebook, celui qui a voté comme vous, avec qui vous partagez un avatar de couleur rouge, noir, ou blanc, mais vraiment surtout parce que votre buddy ne l’aime pas.

Bref. J’ai accepté le mandat en me disant que si je ne suis pas leur client type pour un paquet de raisons, plus ou moins logiques, plus ou moins bonnes, avec des perceptions que je partageais avec un paquet de gens qui ne sont pas leurs clients non plus, ben, ça pourrait les aider. Je suis comme ça.

Éthiquement? Ne venez pas me faire de chichi. Je suis en pub. I am annoying by definition. And I know it. And It’s my job to be. Vous mettre des trucs dans la tête. Vous faire aimer des produits. Même ceux que je n’aime pas moi même. Vous faire hésiter. Vous faire changer d’idée. Avec mes arguments. Ma force de persuasion. Ben oui. C’est mon métier. De vous faire tomber en amour. J’exagère à peine. Du moins, j’espère vous matcher. Une petite vite. Vous verrez après si ça va plus loin. Ça vous appartient. Au produit et à vous. Moi, je ne suis que l’entremetteur. Cupidon.

Quand j’y pense, mon client avait raison.

J’étais la meilleure personne pour me convaincre qu’un produit honni était parfait pour moi.

Est-ce absolument indispensable d’aimer le produit pour bien en parler? Non. Il faut le connaître par contre. En chassant toutes nos perceptions injustifiées.

Hey produit, je ne t’aime pas, même si je ne sais pas trop pourquoi. Et si je mettais mes préjugés de côté et qu’on repartait on scratch, toi et moi?

C’est ce que j’ai fait. Je suis devenu le crash test dummy du produit en question. Pour vous.

Goûter. Cracher. Regoûter. Nuancer. Regoûter. Trouver des qualités. En parler. Reconnaître les défauts. Les rendre moins évidents. Chercher les mots pour en parler. Trouver des arguments. Sans bullshiter. Réaliser que rien n’est tout blanc. Ni tout noir. Que j’avais raison! Que j’avais tort!

Est-ce que j’ai réussi? Les ventes le diront.  Dans mon métier, on peut bien se trouver bon, mais c’est le son du tiroir-caisse qui nous dit si nous le sommes ou pas.

Je sais par contre un truc : ma vision du produit en question a carrément changé. Je suis moins campé dans mes positions, moins tranché dans mes opinions. J’ai réalisé que la force de mes préjugés était particulièrement tenace et que je parlais (un peu, pas mal, trop) à travers mon chapeau.

Maintenant, je n’aime pas plus le produit, mais je sais pourquoi.

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