Push-push.

Samedi, j’ai acheté des crevettes.
Je les ai décortiquées.
J’ai jeté les carcasses à la poubelle.
Et puis on a mangé, ma blonde et moi.
Dimanche, jour de ménage, ça sentait bon.
J’ai quitté la maison en fin de journée pour ne revenir que le lendemain.
Lundi, comme j’ai de fines herbes à m’occuper, je suis repassé par le maison avant d’aller au bureau.
Ben oui. Certains ont des animaux de compagnie. D’autres des plantes. Moi, j’ai des herbes. C’est comme des plantes, sauf qu’on les mange. Non. Non. Je n’ai pas de compte d’Hydro-Québec exubérant: je parle de basilic, origan, coriandre, etc.
De vraies herbes.
Bref. Je suis rentré lundi matin.
Ça sentait le cadavre dans la maison.
Bon.
Comme je n’y étais pas. Je me suis dit : fiou, ce n’est pas moi.
Je ne suis pas mort.
On ne sait jamais. À mon âge.
On peut mourir la nuit.
S’étouffer.
Mourir sans le réaliser.
Mais je n’y étais pas.
Ça sentait la carcasse-de-crevette-jetée-dans-la-poubelle.
Bref. La marde.
J’ai fait un sac. Jeté le sac. À l’extérieur.
Mais l’odeur n’est pas partie tout de suite.
Ce n’est pas instantané.
Les gens qui se sont déjà séparés comprendront.
Mardi, en revenant de la broue avec les gars, j’ai constaté, en jetant un truc dans la poubelle, que ça sentait encore.
J’ai sorti le Febreze et j’ai fait push-push.
Ben ouais.
Je n’ai pas fouillé pourquoi.
Je n’ai pas cherché si.
Ni analysé quoi.
J’ai fait push-push.
J’ai mis du sent-bon.
Du parfum par dessus la crasse.
Comme on dit.
Je l’ai réalisé rapidement.
À chaque fois que j’ouvrais l’armoire dessous l’évier.
Ça sentait le faux bon.
Le similipropre.
Pis j’ai réalisé là que je faisais ça souvent.
Pusher du simili bon sur du vrai mauvais.
Pour tenter de l’oublier.
Comme l’acné. Plus tu tentes de la cacher, pire c’est.
Séktala? Rgien. Té sur? Baouais. Taspasunbouton? Non.
Bref. Ça.
Camoufler que ça ne va pas.
Mentir.
Faire semblant.
Ça pue.
Comme le push-push que tu saupoudres.
T’as chié? Ben non.
Les narines ben écartillées.
Ouais, je sais que ce n’est pas tous les jours qu’on jette des carcasses de crevettes. Des fois, on jette des peaux de bananes, de pommes pis ça sent bon, mais jamais ben ben longtemps.
Ce qu’on jette, ça vient rapidement à puer.
C’est ça qui est ça.
Au travail. Dans nos vies.
C’est ça.
Ce texte rime à quoi?
Que j’ai passé une mauvaise nuit.
À me lever 3 fois pendant la nuit.
À penser à plein de trucs désagréables.
À rien de mauvais.
Rien de si pire que ça.
De la chnoute.
À un truc qui pue.
Comme une carcasse de crevette.
Sans m’en rendre compte, j’ai dû me lever.
Prendre le Febreze.
Pis faire push-push.
Pour rien.
Pour masquer la réalité.
J’ai ben pas pu bien dormir.

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