Sous les couvertures

Je suis né sous les couvertures.
Enveloppé dans le papier.
Comme un chocolat fin.
Les livres font partie de ma vie comme l’air que vous respirez.
Je m’en entoure.
J’en consomme.
Je suis un junkie littéraire.

J’ai acheté des livres.
Emprunté des livres.
Volé des livres.

J’ai déménagé des livres toute ma vie.
Ou toutes mes vies.

Criss.
C’est quoi cette boîte impossible à lever.
Des livres.
Criss.

Livres salon.
Livres cuisine.
Livres BD.
Livres bureau.

Livre maman.

– Marc, tu pourrais ramener tes livres chez vous?

Oui. Je sais. Mais, non.

Devant la bibliothèque de ma chambre (encore présente) dans la maison de ma mère, mon doigt descend l’épine des livres. Bob Morane. Les Coq d’or. Tout connaître. Je me renseigne sur. Métal Hurlant. Fluide Glacial. Thor. Spiderman. Hugo, Sartre, Druillet, Gotlib, Voltaire, Thériault. Savard.

Des livres laissés là.

Comme ceux qui se retrouvent dans mon bureau au bureau.

Ou ceux du bureau à la maison.

Y a aussi ceux du salon.

Lus. Pas lus.

Pourquoi lui il est là et pas moi. Pourraient-ils me dire en chœur.

Je n’en sais rien.

Je sais pourquoi vous vous retrouvez avec moi.

Mais je ne sais pas l’ordre dans lequel vous serez lu.

Si vous le serez.

Oh.

Ben oui.

T’arrives dans ma vie. Tu peux te retrouver sur une tablette, pour l’éternité. Ou être dévoré en 12 heures. Tu peux traversé 3 continents. Plié en deux dans un sac à dos. Ondulé sous l’humidité d’une plage. Mourru dans la poussière sous mon lit, un signet au milieu du corps. Relu deux ou trois fois. Tu peux être passé à quelqu’un sans jamais revenir. Je vous aime, mais je ne suis pas nécessairement attaché. Comme les lettres.

Pas assez de temps.

Trop de livres à lire.

À vivre.

Je suis né sous les couvertures.

Nourri par ma passion.

Et celle les autres.

Tante Monique qui m’initie à Reiser et San Antonio à un âge où il ne faut pas lire San Antonio. Encore moins Reiser. Ces profs avec leurs lectures obligés. Les amis qui nous disent qu’il faut lire ça. Les libraires qui m’ont pushé dans les narines, des romans et des bédés. Les revues littéraires. Les quotidiens. Le web. Le criss de web. Qui te fait découvrir la littérature du Monde.

Des livres venus d’ici et là.

Achetés neufs.
Usagés.
En ligne.
Sur place.
En français.
En anglais.
En espagnol. Abandonné après 3 chapitres. Incompréhensible.

Y’a toute sorte de dépendances.

C’est la mienne.

J’ai plus de livres que j’en ai lus.

Comme disait mon amie Monique Lo: on les lira à la retraite quand on aura plus d’argent pour en acheter. En attendant, consommons ces mots imprimés sur le papier comme si c’était un parfum qui nous donnerait la vie éternelle. Fontaine de Jouvence. Fontaine de Jouissance. Surtout.

Les livres sont toute ma vie.

Je lis tout ça.

J’écris tout ça.

Sans écrire le mien.

Mon livre.

Un jour.

Oui. Oui.

Un jour.

À suivre.

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