Melomarc™ – Quelques notes sur 2013
Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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2013 n’est plus.
Une année de fou.
Jamais autant travaillé. Moi qui pensais ralentir en vieillissant, j’ai fait plus d’heures que dans mes vertes années.
Encore écouté beaucoup de musique.
En rennings, au bureau, en avion, à la maison.
Partout.
Normal que certaines pièces me ramènent où j’étais quand je les ai entendues.
Pas un best of.
Je n’ai pas cette prétention.
Juste quelques notes personnelles et musicales sur 2013
Nick Cave And The Bad Seed | Push The Sky Away : Mermaids
Ce qui fait peur dans un métier basé sur la créativité, c’est la date de péremption. Quand l’inspiration cède à l’expiration. Je n’y pensais jamais, mais plus je vieillis et plus j’y pense. Pourtant, j’ai l’impression de n’avoir jamais été aussi bon et performant. Le chanteur Nick Cave écrivait que « l’inspiration est un mot utilisé par les gens qui ne font pas grand-chose. Je vais dans mon bureau chaque jour et y travaille. Que cela me tente ou pas. » Je pense comme lui et que c’est comme ça que ce font les choses. Il faut y mettre du sien. Chercher. Travailler. Polir le joyau. Et en profiter.
Atom For Peace | Amok : Default
Pour faire suite à la créativité, Thom Yorke représente selon moi, la quintessence du renouvellement. Toujours d’un projet à un autre, avec de nouveaux collaborateurs, en constante création. Si certains artistes passent leur vie à créer le même album, Yorke avance sans regarder en arrière. Pas en ligne droite. Ça me plaît. Cette façon de rejeter une conformité et de créer. D’avancer en zigzaguant. Goûtez à ça cette année. Cassez vos moules, réinventez vos façons de faire. Prenez des routes différentes.
Daft Punk | Random Access Memories : Instant Crush
J’ai couru sur Daft Punk dans les rues de Séville. J’ai roulé Saguenay/Montréal dans le GDPL. Daft Punk, ça me rappelle ces deux événements. De se dépasser dans le sport. De se faire du bien. D’oxygéner ce cerveau. De faire pomper le coeur. Jamais autant travaillé, mais ne me suis jamais autant entraîné. Ceux qui disent qu’ils n’ont pas le temps, cherchez une autre excuse. Mettez Daft Punk dans vos oreilles, des rennings dans vos pieds et prenez la route. C’est tellement grisant.
Arcade Fire | Reflektor : Reflektor
Y a une mode infecte au Québec sur le bashing des gens qui réussissent. Quand la tête sort du lot, faut se dépêcher de la couper. On commence à dénigrer Arcade Fire, parce que leur popularité devient de plus en plus «grand public». C’est pathétique. On peut ne pas aimer ce groupe, pour toutes sortes de raisons, comme je n’aime pas la musique de Céline, mais jamais je ne dénigrerai sa popularité et ce qu’elle a accompli. J’ai adoré Reflektor pour la même raison que j’ai aimé Atom For Peace, pour cette façon de se remettre en question en tentant de se réinventer. Tant mieux si ce groupe devient populaire, ça nous changera de la norme.
Jagwar Ma | Howlin : Four
Les médias sociaux nous font découvrir des trucs qui nous seraient passés sous le nez sinon. Jagwar Ma fut une de ces découvertes. Un album sans ligne directrice, inclassable, d’une belle jeunesse. Aux gens qui méprisent les réseaux comme Facebook et Twitter, je leur répondrai qu’ils tirent sur l’outil inutilement. J’ai des amitiés virtuelles qui m’amènent ailleurs, me font découvrir des livres et des disques, mais tout autant des conseils de course ou de voyage. Comme dans la vraie vie, c’est à la qualité des gens qu’il faut s’accrocher, mais pas au nombre. Et si vous êtes incapable de faire votre chemin dans ces réseaux, quittez-les. Personne ne vous y force. En fait, quittez tout ce qui vous empêche de vivre et de vous épanouir. Et laissez tranquilles les gens qui y puisent des inspirations.
Jay Jay Johanson | Cockroach : Mr Frederikson
Donner une seconde chance. Y a des musiciens comme des auteurs de livres ou des réalisateurs de films qu’on punit trop bêtement. Suffit d’un album, d’un livre ou d’un film qui nous plaisent moins et voilà qu’on laisse tomber, qu’on abandonne en oubliant tout le bien qu’on pensait de cet artiste. Malheureusement on agit souvent de la même manière avec des amis. Un souper qui tourne mal, une opinion différente sur un sujet, et voilà qu’on se détourne de gens qui mériteraient mieux. Je n’avais pas écouté Johanson depuis des années. En écoutant Cockroach, ça m’a rappelé tous les beaux moments que ses premiers disques m’avaient apportés. Cette année, j’ai redécouvert de vieux amis laissés trop longtemps dans l’oubli. Je me promets d’en redécouvrir en 2014.
Arman Méliès | IV : Mon Plus Bel Incendie
Plus on avance et moins on recule. Du moins, on essaie. S’il est important de donner parfois une seconde chance, il faut savoir reconnaître que la fin est parfois nécessaire. Mettre fin une relation, à une amitié, à un travail. Savoir quand il faut sauter du train avant le déraillement. En 2013, j’ai mis fin à des relations professionnelles comme à des relations avec certaines connaissances. Pour le mieux. Évitez les vampires. Ces personnes qui vous sucent énergie, passion et valeurs. Même si ça fait mal. Pour se faire du bien, il faut parfois se faire du mal. Comme le chante Méliès: Mon plus bel incendie comme je t’ai tué / Et partout je me perds à ranimer le brasier / Mon plus bel incendie comme j’ai regretté / Et partout je me tue à retrouver le brasier.
Majical Cloudz | Impersonator : Childhood’s End
L’approche de la cinquantaine nous rappelle que plus on vieillit, plus la mort fait partie intégrante de notre vie. Cette année encore, on a tous perdu des êtres chers. Père, mère, amis. La mort de nos parents, qu’elle arrive quand nous sommes jeunes ou plus vieux, détermine la vraie fin de l’enfance. Devenir orphelin de père ou de mère à 50 ans n’a pas les mêmes impacts qu’à 12 ans, j’en conviens, mais crée tout de même un vide et confirme qu’un chapitre important de notre vie vient de se terminer. Notre relation avec la mort est souvent indissociable de celle que l’on a avec la vie. Profiter du temps présent pour ne rien regretter.
Posphorescent | Muchacho : Song For Zula
À mon humble avis, la plus belle chanson de 2013. Pourquoi? Pour aucune raison intellectuelle précise. Le coeur a une autonomie que le cerveau n’a pas. Il peut s’emporter sans logique. Et c’est tant mieux. Faut pas toujours analyser ce qui fait battre notre coeur, il faut le laisser s’exprimer. Et le suivre. Passion vs intérêt.
Mellissa Laveaux | Dying Is A Wild Night : Dew Breaker
Ho que j’aime Melissa Laveaux. Cette spontanéité. Cette voix. Comme pour Phosphorescent, j’ai peu d’arguments intellos. Je suis en amour avec Laveaux et avoue ne pas nécessairement vouloir savoir pourquoi.
Pierre Lapointe | Les Callas : Je déteste ma vie
Vincent Delerem | Les Amants Parallèles : Et la fois où tu as
Ces deux albums ont des qualités littéraires supérieures à bien d’autres albums en français. Allumer des souvenirs, annoncer des sentiments, même si leurs styles sont diamétralement opposés : Lapointe étant plus poétique et Delerm, plus anecdotique, les deux albums m’ont accompagné tout le mois de décembre dans cette introspection nécessaire de fin d’année. Cette année, j’ai acheté plus d’albums francophones que dans les dernières années. Pas que je n’y trouvais pas mon compte, mais j’étais ailleurs, dans un autre mood. Parallèlement, j’ai lu beaucoup plus de romans en français. Et ça n’a rien à voir avec le prix des livres… Le combat est ailleurs. On ne crée pas une habitude de lecture avec de l’argent: on peut lire gratuit à la bibliothèque. On n’impose pas une culture par des lois : elle doit se défendre d’elle-même. Le vrai combat est au niveau de l’analphabétisme. Les chiffres sont dramatiques. Au lieu de nourrir, apprenons à pêcher, comme dit le proverbe.
Stromea | Racine carrée : Papaoutai
Gros coup de coeur que ce Belge beige. Tout a été dit sur cet artiste, ce Brel techno, doué d’une plume humoristique et originale, cette musique enrobée de rythmes impossibles à résister (pourquoi d’ailleurs?). Papaoutai? Je l’ai pris comme un cri personnel. Je suis là. Et le serai toujours. Cette année encore, j’ai réalisé à quel point mes enfants avaient vieilli et étaient devenus matures. Qu’il avaient compris un paquet de choses par rapport à la vie. Que je serai toujours là malgré la distance et le temps. Les amis, comme les parents, ne sont jamais loin quand ils sont dans nos coeurs.
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Voici la liste complète de mes coups de coeur 2013:
Arcade Fire | Reflektor : Reflektor
Artic Monkeys | AM : Do I Wanna Know?
Arman Méliès | IV : Mon Plus Bel Incendie
Atom For Peace | Amok : Default
Black Devil Disco Club | Black Moon White Sun : Bee Boop
Daft Punk | Random Access Memories : Instant Crush
DJ Kose | Amygdala : Nices Wolkchen
Deptford Goth : Life After Defo : Feal Real
Emiliana Torrini | Tookah : Autumn Sun
Jagwar Ma | Howlin : Four
Jay Jay Johanson | Cockroach : Mr Frederikson
Kurt Vile | Walkin On A Pretty Daze : Never Run Aways
Majical Cloudz | Impersonator : Childhood’s End
Mellissa Laveaux | Dying Is A Wild Night : Dew Breaker
Nick Cave And The Bad Seed | Push The Sky Away : Mermaids
Posphorescent | Muchacho : Song For Zula
Pierre Lapointe | Les Callas | Je déteste ma vie
Stromea | Racine carrée : Papaoutai
Vincent Delerem | Les Amants Parallèles : Et la fois où tu as
Wookid | The Golden Age : Boat Song
modotcom
2 janvier 2014 at 16:09 //
Cassez vos moules, réinventez vos façons de faire. Prenez des routes différentes.
Au lieu de nourrir, apprenons à pêcher.
merci marc, pour cette belle liste et les réflexions qui y sont associées. elles sont bien vraies et j’apprécie tant la droiture et la sincérité de tes propos. à un homme entier et inspirant, je souhaite une blle année 2014! (et j’ouvre mon itunes).
Diane Gauthier
4 janvier 2014 at 20:23 //
Encore une fois, tu es venu me chercher. Je suis une analphabète dans la musique comme tu la connais mais tes commentaires se prêtent bien plus qu’à la musique… Ils démontrent une âme sensible et sensée et j’aime énormément la façon de t’exprimer et qui porte à réfléchir et voir l’autre côté de la médaille.
Je te souhaite ainsi qu’à ta famille une bonne année 2014 pleine de Santé et de bonheur et surtout beaucoup d’inspiration dans ton travail et de belles retrouvailles.
Une fan de traidemarc
Diane