Con fort?

J’ai négligé ce blogue depuis des mois. Comme je néglige Facebook. Mis à part mes voyages. J’ai tout de même moins échangé. Moins joué avec mon logo. Moins présent sur les réseaux. Je suis sur autre chose. Je me suis investi sur un autre truc. Dans un projet d’écriture. Pas un billet d’humeur. Pas un statut rigolo. Je ne sais pas trop comment qualifier le tout encore. Récit. Roman. Rien.

Surtout rien. Parce que ça se peut aussi. Rien.

Rien pour les autres.

Peut-être.

Pas pour moi.

Pis c’est ben correct de même. Je n’ai pas d’attente. Je suis le premier lecteur. Qui décidera si c’est bon ou non. Poubelle et publier partagent quelques lettres. Pub entre autres. On ne s’en sort pas finalement.

Tout ça pour dire que ce projet me sort de ma zone.

Ma zone de confort.

Mon terrain.

Je ne suis pas en train de jouer dans ma cour. Sur ma patinoire.

Je vous en glisse un bout, tiens.

Voilà.


« J’ai écrit ça d’un trait.

Comme un crève un bouton.

Quand la peau se sent agressée sous la pression des index, quand le point rouge blanchit sous l’effort, quand l’éruption déchire la chair et sort de celle-ci telle l’éruption d’un volcan. La lave. Le sang. Le pus. La douleur. La peau froissée.

Les mots se sont affolés.

Les gens autour de moi, au café, se questionnaient sur ce gars devant son ordinateur, les yeux dans l’eau. Vieux fou. La barbe. La peau usée.

Puis, ils ont rapidement détourné le regard et repris leur vie.

Le gens reviennent toujours à leurs vies.

Un intermède. Une pub.

Les autres sont des publicités imposées dans une série à la télévision. Aussitôt, celles-ci passées, tel un fardeau obligé, on retourne au programme régulier.

Quand ma sœur a eu 10 ans, on lui avait offert comme cadeau d’anniversaire, un chaton. Un mignon petit grisou placé dans une boite de carton, provenant de l’épicerie du coin de la rue que maman avait enrubanné d’une boucle rouge vif. J’avais dessiné sur la boîte. Papa avait percé des trous tout autour, pour permettre au félin de respirer. Le petit marchait dans la caisse. Miaulait. Vendant tout de suite la surprise qui n’en était déjà plus une. Ma sœur était folle de joie. Quelques jours plus tard, je me suis levé avec ce qu’on pensait un rhume. Avril achevait, c’était le moment de l’année où notre mère nous grondait, ma sœur et moi, de trop rapidement avoir laissé tomber nos vêtements plus chauds pour des fibres plus estivales. Ma mère m’a servi du sirop Lambert et frictionné au Vick’s Vaporub. Les jours ont passé, et au lieu de m’améliorer, j’avais commencé à tousser plus creux. J’avais de plus en plus du mal à respirer. À la sortie de la clinique de pédiatrie où on m’avait diagnostiqué une crise d’asthme sévère due à une allergie aux chats, nous sommes revenus à la maison. Le souffle court, je me souviens de monter difficilement les marches de la maison, notre appartement était au deuxième étage de l’immeuble. Au milieu de l’escalier, j’avais aperçu mes amis, rassemblés chez le voisin. En rond, silencieux, leurs regards s’étaient portés sur moi pendant ma difficile ascension.

Le sentiment que j’ai eu à ce moment-là est le même qui me suit depuis des années: pendant que la terre s’arrête pour toi, que ta vie tombe en ruine, par la maladie, la mort ou le malheur, la terre continue de tourner.

Avec ou sans toi à bord.

Au moment où tu vis un événement des plus difficiles, il y a des gens qui ont le plus gros orgasme de leur vie, pendant que t’apprends que ton père va mourir du cancer, ton voisin vient d’être promu, avec un salaire qui va doubler.

À l’inverse, on n’a aucune idée de ce que le gars qu’on croise sur la rue, sa compagne de travail, son client vit chez lui ou chez elle pendant que toi, tu vis le plus beau des voyages.

Pendant qu’on m’avait hospitalisé, mes amis avaient continué à jouer. À rire. À vivre.

J’étais dans l’escalier et la photo que je me faisais de cette bande d’enfants rieurs en était une où j’étais surtout absent.

On a dû se débarrasser du chat.

La boîte a dû resservir au transport de la bête. Maman a dû nettoyer la maison de fond en comble.

Éliminer toutes traces de poils.

Comme si rien ne s’était passé.

Éliminer les traces »

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