Les boîtes.

Quand j’étais petit, j’avais de la misère à fermer ma boîte.
Les mauvaise langues diront que c’est toujours vrai.
Pourtant, je peux passer des jours sans l’ouvrir.
Puis j’ai grandi et j’ai rêvé de faire mes boîtes pour quitter le nid familial. Vivre ma vie.
Boîtes de nuit.

J’ai rempli des boîtes avec d’autres.
Ça m’a emballé. Au début. Cette vie rangée.
Puis quand ça allait mal, je me suis paqueté.
Et quand ça n’allait pas mieux, ben, j’ai paqueté.
Je suis reparti quelques fois avec moins que j’avais au départ.
Boîte de mouchoirs.

Au niveau professionnel, j’ai toujours voulu travailler dans des boîtes de pubs géniales.
Boîte à idées.

Puis je suis tombé dans le panneau des grandes boîtes.
Ça aussi ça m’avait emballé. Au début.
Boîte à surprises.

Puis je me suis senti sardine.
Alors j’ai refait mes boîtes.
Aujourd’hui. Je dirais que je cartonne plus que jamais.
Je n’ai pas trop l’impression d’être enfermé.
Think outside the box.

Le coloré défunt père d’un de mes amis disait, dans sa grande sagesse, qu’on passe d’une boîte à l’autre et qu’à chaque étape de notre vie, celle-ci rapetisse de plus en plus. On passe d’une grande maison familiale, on la quitte et par la suite, les enfants aussi. Puis on vieillit pour finir en CHSLD, dans encore plus petit, pour terminer en fin de compte, enfoui dans le sol ou réduit en poussière dans une boîte encore plus petite.  Bon, certains diront que c’est une image pessimiste de la vie. J’y vois plutôt une lucidité.
Boîte à souvenirs.

C’est à ça que j’ai pensé quand j’ai ouvert la porte de la remise, pour la première fois depuis l’automne dernier. J’en ai profité pour faire l’inventaire de ce quelle contenait. Je n’ai pas compté beaucoup de boîtes. Quelques trucs sans importance. Qui n’en prendront de toute évidence pas davantage plus le temps avancera.
Boîte à malice.

J’ai réalisé à ce moment que j’avais beaucoup moins de stock qu’il y a une dizaine d’années. Quelques vieux emballages contentant des brides de vies antérieures. Des vestiges d’adolescence, d’années universitaires. J’avoue ne pas avoir fait une fouille archéologique. Quelques regards ont suffi. Quand tu as déménagé ses affaires là à toutes tes étapes, il n’y a rien de sorcier. Tu sais d’où ça vient. Même si tu ne sais pas trop pourquoi c’est encore là.
Boîte de conserve.

J’ai une drôle de relation avec les boîtes.
Je ne suis plus du tout attaché à celles-ci.
En fait, je réalise que j’ai juste été paresseux jusqu’à maintenant de les avoir traînés de vie en vie.
Comme des boulets.
Une ancre stoppant le navire.
Pourquoi les garder?
Je n’en sais rien.
Boîte de Pandore.

La grand-mère de mes enfants écrivait au stylo une date sur chacune des boîtes qu’elle plaçait dans le sous-sol ou le grenier. Quand elle décidait qu’elle faisait du ménage, elle regardait la date sur les boîtes et si elles n’avaient pas été ouvertes depuis cette période, elle les jetait sans les ouvrir. Sa philosophie étant que si elle n’avait pas eu besoin des choses qu’elles contenaient depuis des années, c’était un bon signal pour s’en débarrasser.
Boîte vide.

À l’époque, ça m’avait fait rire.
Mais, j’aurais été incapable de faire ça.
Mes choses.
M-E-S-A-F-F-A-I-R-E-S.
Aujourd’hui, si.
Sans problème.
La foudre tomberait sur la remise et je dirais cool.
Enfin.
Débarrassé.
Merci.
Boîte-cadeau.

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