Cons-brioleurs.

Dans le dernier mois, je me suis fait voler deux fois.

À deux reprises, des individus sans scrupules se sont emparés de biens qui ne leur appartenaient pas en me dérobant sans gêne.

Je ne tomberai pas dans les détails. Je ne vous raconterai pas qui ou quoi ni comment. Ce n’est pas le but de mon commentaire et ce n’est pas important. Ce n’est pas une chronique de faits divers, ni un billet qui se voudrait à caractère vengeur.

Ce texte est uniquement une réflexion sur les impacts de tels gestes sur mon quotidien et les répercussions de ceux-ci sur mes valeurs.

Car s’il y a un côté négatif outre celui de se voir chaparder ses avoirs, c’est bien celui de se sentir violé, d’une certaine façon. Pas dans le terme le plus usuel du mot; je ne voudrais pas ici minimiser ce geste abominable en le comparant à un vol de pacotilles, mais dans son sens le plus large, celui de se voir envahi et trahi par un ou des individus.

Et c’est là, selon moi, le grand malheur du vol.

Celui de perdre ce lien de confiance en l’autre. Celui qui nous pousse à accentuer la garde. À devenir suspicieux et craintif et ainsi refermer ses frontières personnelles en vue de se protéger.

J’ai eu l’opportunité de voyager dans pas mal de places dans le monde. Rarement dans des environnements aseptisés. J’ai réussi à me fondre dans des populations dont je ne baragouinais que quelques mots appris pour me débrouiller. J’ai rarement eu peur. J’ai toujours le sentiment (peut-être utopique!) que le monde est majoritairement bon. Que les cancres, voleurs et malfrats sont avant tout l’exception. Que la violence peut se développer n’importe où – chez son voisin, dans un quartier huppé, comme dans un quartier pauvre d’un pays perdu. Les statistiques me démentiraient peut-être, mais mon expérience de vie et de voyageur jusqu’à maintenant, me fait croire le contraire.  C’est pourquoi, chez moi comme ailleurs dans le monde, je tente d’aborder les personnes que je rencontre la première fois en leur donnant le bénéfice du doute. Comme si je leur disais «Tu pars à zéro, alors ne me déçois pas ». J’avoue que ce n’est pas toujours facile. Certains ont le don de montrer une image d’eux-mêmes qui ne donne pas le goût de vérifier si la première impression est la bonne, mais je tente de donner la chance au coureur.

Alors quand on est bafoué par un geste aussi malveillant que le vol, on cesse de faire confiance à autrui en devenant suspicieux et c’est dans l’humanité en général qu’on perd confiance. On fait payer d’honnêtes gens pour le crime de voyous, comme on se prive de rencontrer des gens parce que d’autres nous ont trahis ou blessés. De la même manière que dans une relation de couple, où la nouvelle flamme paie pour les erreurs commises par la précédente. Comme dans une punition de groupe où tout le monde subit pour l’erreur du petit con. On peut faire le même parallèle avec toutes ces histoires de corruption: au-delà des fonds détournés à des fins frauduleuses, c’est la perte de nos illusions par rapport à nos institutions politiques qui me fait le plus de peine. Quand on marque au fer rouge tous les politiciens et qu’on devienne cynique par rapport à toutes leurs décisions.

Quand on ne fait plus confiance qu’à sa garde rapprochée, on se prive de rencontrer des personnes qui pourraient changer notre vie positivement. On ne peut être ouvert et fermé à la fois.

Pour en finir avec ces deux malheureux événements, ce qui me fait doublement chier c’est que je me considère avant tout comme un type de nature généreux. Ma porte est toujours ouverte aux amis, je fais des dons, je m’implique et je gâte les gens que j’aime. Je suis toujours prêt à rendre service. À m’oublier pour les autres. Et comme je suis de moins en moins matérialiste avec le temps, les trucs qu’on m’a dérobés, je les aurais peut-être offerts à mes voleurs s’ils m’avaient convaincu qu’ils étaient indispensables à leur vie. Qui sait.

Mais ils en ont décidé autrement.

Dommage.

Dommage pour eux.

Dommage pour moi.

Dommage pour tout le monde.

«  Pour toutes ces raisons vois-tu, je te pardonne
Sans arrière-pensée après mûr examen
Ce que tu m’as volé, mon vieux, je te le donne
Ça pouvait pas tomber en de meilleures main »
– Georges Brassens

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