Le temps qui passe.

Je déteste vieillir.
Le gris des cheveux, les chairs qui ramollissent, les esprits qui s’obturent. J’aime pas. Et comme tout ça est incontournable, à moins de se faire croire le contraire le tout dans une philosophie optimiste, le constat est que je trouve ça énormément difficile à vivre. Pas facile. Déprimant. Quand on me rabat que vieillir en sagesse est génial, je veux bien, mais la résultante est que le temps avance toujours, et ce, à un rythme que je trouve, hélas, trop rapide. Beaucoup trop.
Alors les fins d’années, comme les anniversaires, me font chialer. Pleurer. J’ai la fin des temps nostalgique comme j’ai le vin triste. Désolé. Je suis comme ça. Le temps m’a modelé comme ça. Alors les années qui s’accumulent me font chier. Je n’y peux rien.
Pas par nostalgie, mais au contraire, par ce que cela représente vraiment : le temps qui passe est déterminant.
2011 n’est plus. Je n’en ai rien à foutre réellement. Personnellement, de façon égoïste, cette année ne m’aura pas plus marqué qu’une autre. Pareil à 2010, 2009… Mais tout ça est tellement relatif quand on le rapporte à soi uniquement. Pour les Tunisiens et les Égyptiens, par exemple, cette année passera assurément à l’Histore. Peut-être. Pour des amis, ce sera l’année marquante où leur petite fille aura été victime d’un atroce accident, d’autres auront perdu des êtres chers, leurs pères, leurs mères, des frères et des soeurs. Pour eux, 2011 aura été une année charnière, indissociable de leur futur immédiat. Une maille dans un chandail de laine. Un trou. Une étape. Le temps est comme ça. Pour certains, les années se matérialisent en jours anonymes qui passent sans laisser de traces et pour d’autres, en balises qui provoquent des marques indélébiles et deviennent par le fait même des faits importants. La vie est ainsi.
Le temps passe, mais n’a pas le même impact pour chacun. Je connais les années qui m’ont marqué sans avoir besoin d’agenda pour me les rappeler. Le quotidien se chargeant de le faire tous les jours, de toute façon, par mes actions, ma façon de vivre ou de réagir.
Pourtant, dans trois petits jours, 72 heures, j’aurai le cul dans un avion qui me mènera sur le continent africain. Sur ce continent où le temps est relatif, à la limite insignifiant, sans importance. Mon quotidien se métamorphosera. Et j’ai hâte. Ça me fera du bien de perdre pied, de réfléchir différemment. D’avoir une montre inutile. Une connexion internet intermittente qui je sais me fera sacrer, mais contre laquelle je n’aurais aucune emprise. Ça me fera suer. Silmutamnémant, ça me fera aussi le plus grand bien. De ne rien contrôler et de ne rien pouvoir y changer. Surtout. De voir que ce temps qui passe n’est pas le même que chez nous. Une petite mise à niveau. Un refresh.
S’il y a un point positif au temps qui passe est ce beau risque que le vent change pour prendre, cette fois, la bonne direction. Et c’est ce que je nous souhaite à chacun de nous. Pas un ouragan. Une petite brise personnelle qui aura un impact sur chacun de nous, et indirectement, sur notre société. Parce que le vrai changement vient directement des individus. Vous êtes ceux qui font la différence. Y a pas de société sans individus.
Bonne année 2012.

2 commentaires

  • Et re-merci ! Deux ans après, c’est toujours aussi vrai et clairvoyant, humain, touché, touchant…
    Que la petite brise du changement continue, sur nos routes, à forger nos élans !

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