Melomarc™ – Renaud / Mistral Gagnant
Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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Salut, mon Renaud. C’est ton papa. Ben, c’est plutôt con ce que je vais te dire… mais tu ne me connais pas encore. C’est très normal tu me dirais, puisque tu n’es pas encore né. J’écris ce texte au présent, mais nous sommes en 1983, six ans avant que tu ne naisses. C’est con, hein?… j’ai à peu près ton âge quand je tape ce billet. En fait, je suis peut-être même un peu plus jeune que ça. J’ai un prof au Cégep, à qui j’ai déjà rendu hommage ici, mais qui préfère que je taise son nom par pudeur, qui m’a enregistré une cassette 4 pistes sur laquelle il a mis un paquet de tounes de Renaud; un chanteur qui porte le même nom que toi. C’est un chanteur français. Peu de gens le connaissent encore ici, au Québec, mais en France, il fait déjà un tabac comme on dit là-bas. C’est un rebelle qui dénonce le système avec ses chansons. Mon prof de Français le connaît depuis ses débuts et pense que j’aimerais ça. Il n’a pas tout a fait tort. Il nous en a parlé pendant notre cours sur la chanson contemporaine. Quoi? Drôle de nom pour un cours? Ça sonne comme un cours inutile, tu penses? Je ne sais pas. Ben en fait, dans le temps je trouvais ça juste cool et facile comme cours complémentaire, mais maintenant je me dis, avec un peu de recul, que ce cours a été un événement marquant de ma vie. Comme ta naissance? Pas autant. Différemment, en tout cas. De toute manière, à ta naissance, j’avais presque ton âge. Je ne réalisais pas. Je n’étais pas trop dans le beat si on veut rester dans le jargon musical. J’étais trop jeune ou pas assez vieux, c’est selon. Pas assez mature, mais tout de même trop pragmatique. Je ne sais pas.
Je te raconte une anecdote de groupie? À sa première tournée en sol québécois, je suis allé voir Renaud. Dans la salle de l’Auditorium Dufour à Chicoutimi, on devait être à peine 300, mais ça ne nous a pas empêchés d’assister à un super spectacle. Il était drôle, nous racontait des trucs avec son accent parigot et était surtout surpris que nous connaissions déjà ses chansons alors qu’il n’avait aucun disque encore disponible au Québec, mis à part en importation (ou connaître le bon prof – dont il faut encore plus taire le nom!!!). J’avais même réussi à voler une affiche autographiée que j’avais accrochée dans mon nouvel appartement sur Cazelais dans St-Henri, à Montréal. C’était mon nouveau chez moi. Mon nid. L’autonomie totale, je te dis. Un appart’ de merde, certes, mais j’étais maintenant dans la Grande Ville. Où je déployais mes ailes.
Les années ont passé et en 1985, Renaud était maintenant une vedette reconnue au Québec. Il avait même une maison à Outremont. Un peu moins rebelle le mec, hein? Mais tout de même un grand compositeur à mon sens. Quand j’ai entendu «Mistral Gagnant », la toune, pas l’album, ça m’a secoué comme la foudre. Ça m’a foutu le cafard immédiatement, comme tu ne peux pas savoir. C’est le grand pouvoir de la musique de te faire vivre des sentiments et des souvenirs. Aujourd’hui encore, après toutes ces années, le résultat est inchangé : il me tue ce refrain. Depuis que j’ai décidé de faire une série de billets sur les disques qui m’ont marqué, je me suis un peu conditionné à les réécouter. Histoire de me rassurer que je ne me goure pas dans mes choix. Quand les premières notes de piano ont fait vibrer les enceintes acoustiques de mon bureau, j’ai eu le motton direct. Je n’y peux rien. Cette chanson me ramène dans la face un paquet de souvenirs. Quand Renaud, le chanteur, chante : « Et entendre ton rire s’envoler aussi haut/ Que s’envolent les cris des oiseaux/ Te raconter enfin qu’il faut aimer la vie/ Et l’aimer même si le temps est assassin/ Et emporte avec lui les rires des enfants, ça me fait penser à Renaud, mon fils et ça me fait chialer. Oui, je sais que des chansons françaises, y en a eu des plus importantes, des plus célèbres, des plus tristes; de meilleures compositions par de plus grands, mais celle-là, c’est un poignard dans le coeur pour moi. Ça me dérange. La musique, c’est personnel et ça laisse des marques dans ta vie. Tu ne t’appelles pas Renaud pour rien, mon garçon. Quatre ans plus tard, même si je n’écoutais presque plus le chanteur, son nom t’allait toujours comme un gant. Tout petit et tout frêle dans mes bras, je te regardais et te chantais : «… Te parler du bon temps qu’est mort ou qui r’viendra/ En serrant dans ma main tes p’tits doigts…/ Et entendre ton rire qui lézarde les murs / Qui sait surtout guérir mes blessures… », en me disant que finalement, y avait peut-être un peu d’espoir pour les gars comme toi et moi dans ce monde…
J’ai offert cet album, via iTunes, à mon fils, Renaud. Un beau et grand gaillard que j’aime.
> Renaud / Mistral Gagnant sur iTunes
Martin Larose
1 septembre 2010 at 8:27 //
Petite anecdote concernant Renaud que je colle à la tienne…
J’étais aussi des 300 à l’Auditorium Dufour en 1983 lors du premier passage de Renaud à Chicoutimi. (Il s’en est donc passé de belles choses à cet endroit hein?)…;)…bref…
Effectivement, super prestation…on était une bande de jeunes collégiens arrivés tout droit du Sémi comme ils disent aujourd’hui. À une époque où c’était ‘fashionable’ de dire qu’on était socialiste (la France avait choisi le socialisme depuis peu), en vivant grassement chez nos parents qui nous payaient l’école privé à la sueur de leur front…On était allés en coulisse après le spectacle pour le rencontrer ce Renaud…il était assis sur un banc, entouré de sa conjointe et de ses musiciens. À un moment donné, un de mes copains s’avanc et lui pose une queston (comme on pose des questions en 3e année et que l’on connait la réponse, mais on est tellement heureux que l’institutrice nous choisisse pour répondre à NOTRE question)…il lui demande ‘Renaud, es-tu un rouge?’…et ce dernier lève les yeux, et sans hésiter répond à mon copain…’Non, je suis noir comme tout le monde!’
J’avais trouvé ça chaleureux…
‘Ah! ce qu’il est blême, mon html…’
Stéphane Riverin
7 mai 2012 at 13:29 //
Salut Marc,
À l’époque c’était aussi mon chanteur préféré, comme je l’ai écouté ce disque. Ai fil des ans, la toune qui m’a le plus marqué est ‘Petite conne’ (je crois bien qu’elle était dans cet album. Tu m’excuseras mignonne…… Quelques années plus tard j’ai connu une fille que j’appréciais beaucoup et qui est morte d’une overdose. Je n’avais que cette chanson à la tête. Merci de ton texte.
jerry ox
16 décembre 2012 at 12:52 //
Merci pour votre billet sur cette merveilleuse chanson de Renaud . En France, cette chanson (qui fut un grand succès au printemps 1986) est devenue un classique .Une chanson nostalgique et de toute beauté ! Renaud demeure une des grandes stars française , connu aussi dans la francophonie (donc à Québec !) . De nombreuses tounes à succès ont traversé les années et ont marqué plusieurs générations , c’est un auteur, compositeur et interprète que je place au plus haut niveau (avec Alain Souchon et Francis Cabrel que vous connaissez sans doute ) . belle soirée à vous !
marc™
23 décembre 2012 at 8:23 //
Merci pour votre commentaire. Renaud a toujours eu un faible pour le Québec, il avait d’ailleurs une maison à Montréal dans les années 90. Amour partagé, il faut dire.