Choses que je déteste #3:
Ceux qui mettent les gens dans des cases.
Il y a trop longtemps que je n’avais pas écrit un billet dans la catégorie « Chose que je déteste… » À croire que tout me plaît dans ce bas monde. Je n’ai pas eu trop de problèmes à trouver, j’ai fait le focus sur mes dernières semaines et j’ai mis le doigt sur un irritant : les gens qui aiment catégoriser les autres, les mettre dans des cases. Du genre, cette fille-là côtoie cette personne, DONC, elle est dans la catégorie « des pas fiables »; ce mec-là travaille souvent avec tel type, il fait DONC partie « des gens non fréquentables ». D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fréquenté des gens différents. À l’école, au travail ou à la maison, j’ai rarement appartenu à un clan, à une gang. Mes amis viennent de milieux divers, occupent des métiers variés, ont des revenues plus ou moins homogènes, pratiquent ou non un sport, ont plus ou moins de talent artistique, mais ont tous des qualités qui font que c’est un plaisir renouvelé d’en être entourés. Et cela me suffit. Je n’aime pas que l’on me juge non plus parce que je connais telle personne ou que j’en côtoie une autre : j’aime à penser que les gens ne sont pas unidimensionnels, donc pouvant offrir différentes facettes qui plaisent à différentes personnes, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons. J’aime la compagnie d’un tel ou d’une telle pour un aspect que vous pourriez détester. C’est pour cette raison que le Monde est intéressant : sinon aussi bien passer son temps à monologuer devant un miroir. Groucho Marx disait « Jamais je ne voudrais faire partie d’un club qui accepterait de m’avoir pour membre ». Il suffit souvent de gratter un peu plus loin que la première impression. N’allez pas croire que je suis un saint : les gens qui me connaissent savent que ce n’est pas le cas; il m’est arrivé fréquemment de juger trop rapidement des types qui m’ont démontré plus tard que j’étais dans le champ par rapport à l’idée que je me faisais d’eux. Vu du contexte professionnel, créer des catégories et y placer des gens est, selon moi, autant désolant. Il m’est déjà arrivé de n’avoir pas été retenu sur un dossier pour une raison du genre : ce n’est pas son domaine, ou pire, ce n’est pas SON type de mandat. Je trouve assez simpliste et très réductrice l’idée de catégoriser mon genre de travail : je suis capable de faire rire, pleurer, réfléchir et acheter. Parce que je peux être drôle, touchant, intelligent et vendeur. Multidimensionnel, quoi. Certains clients connaissent plutôt mon côté « pub », pour certains autres, comme je n’ai conçu que du graphisme traditionnel, ils n’ont jamais songé à moi pour monter une campagne. Dommage. Je pense que découvrir les différents angles d’une personne vous ouvre des chemins qui peuvent vous mener pas mal plus loin que votre itinéraire initial. J’hésite de plus en plus à utiliser le mot « graphiste » ou celui de « concepteur publicitaire » : il diminue les champs de compétence dans lesquels je peux oeuvrer. Alors que des gens cherchent à se doter d’un titre, je rêve de me dépouiller du mien. De cette façon, ça sera vraiment difficile aux individus qui aiment mettre leurs congénaires dans des cases de me mouler dans une catégorie. Et c’est tant mieux. Comme ça ils pourront découvrir que je peux aussi bien les aider à trouver une recette de carré d’agneau, devenir DJ pour un soir ou leur causer littérature autour d’une coupe de vin… que de leur créer un concept publicitaire en anglais pour une clientèle d’ingénieurs Portuguais.
Martin Larose
9 mars 2009 at 9:18 //
…et ça vient de notre malheureux passé. Il n’y a pas si longtemps, les gens ‘respectables’, les notables décidaient sur le parquet de l’église qui était bon et qui était méchant. (La Patente, ça te dit quelque chose?) C’est pour cela aussi que le vieux, absurde et obsolete concept britannique de la droite et de la gauche ne fonctionne plus et étouffe la politique actuelle. Deux camps en politique? C’est comme affirmer qu’il devrait y avoir seulement 2 équipes dans la LNH.
Bravo encore Marc! Belle observation…C’est pour cela qu’on te lit toutes les semaines.
Ceux qui mettent les gens dans des cases sont les mêmes qui ne connaissent pas la palette Pantone, ceux qui vont te répondre ‘On a toujours fait ça comme ça ici’, ceux qui vont intimider les gens différents dans la cours d’école, ceux qui vont te dire que toute autre musique que classique est l’expression des pauvres d’esprit, ceux qui pensent qu’on devrait parler une langue ou une autre et finalement, ce sont ceux qui ont menacé Galilée que la Terre était platte…sous peine d’exécution s’il affirmait autrement. Ouf! On a du chemin à faire…
alain bouchard
9 mars 2009 at 10:16 //
bien dit , cloisonner c’est se limiter . On gagne toujours à aller chercher plus loin que la premiere impression . J’en suis la preuve vivante………
Clef-re
9 mars 2009 at 16:26 //
Ca me gratte ? C’est bon !… Ca m’dérange ? Essayons !… C’est bizarre ? Allons voir !
Si ça bouscule… c’est qu’j’avance, nom d’une croyance !
Si je tiens tant à mes repères, que je lâche prise, et je découvrirai la brise ! L’exquis plaisir du recevoir : le naître-à-l’autre, le naître-à-soi, le vif espoir !…
Avec un peu de chance, par-delà la surprise, passé le salutaire choc, je trouverai en nous… ce que je suis, depuis toujours, et que j’espère, en vain, ailleurs… au loin !
L’inconnu, ce « hors-cases », est mon frère, le début du salut, le devenir de l’être !
J’ai peur, bien sûr, j’ai peur, mais… je vois là un moteur, et plus jamais un frein !
Si je trébuche, encore, souvent, j’apprends à basculer, chaque jour un peu plus, vers le meilleur de mes possibles !
Si je me trompe ? J’aurai, au bout du compte, réussi un pari inouï : apprendre à être moi, claudiquante, hébétée, mais présente à l’instant, éveillée en marchant par ce voyage inégalable, qui seul valait la peine de se choisir…
Il est urgent, parfois, de ne rien faire d’autre… que s’accueillir !
marc
9 mars 2009 at 19:09 //
@ martin
Tout a fait d’accord avec ton observation sur la gauche et la droite, le bien et le mal. Je mourrais s’il fallait que je sois condamné à ne lire, écouter, et regarder ce que la majorité me dicte : le changement et l’avancement passent par la diversité des sources.
@ alain
tout à fait raison que cloisonner, c’est se limiter et c’est surtout risqué de passer à côté de grandes choses, de rencontres inoubliables et de bouleversements positifs…
@ Clef-re
Il ya deux ans, j’ai sauté en parachute pour la première fois de ma vie. Si j’écris présentement, c’est que ça s’est bien déroulé. C’était grisant et épeurant : l’inconnu. J’aimerais bien recréer ce sentiment dans mon travail de tous les jours, sentir qu’il n’y a plus de sol, que le vent souffle et avoir toujours en arrière-pensée « est-ce que le mec qui a plié le parachute que j’ai dans le dos avait le même souci du travail bien fait que moi? »