Qui est le plus vert: papier ou pixel?
Quand il s’agit de quantifier l’impact sur l’environnement des divers moyens de communication, l’impression a souvent… mauvaise presse. C’est du moins le sujet d’un article pas mal intéressant paru dans le magazine Eye, véritable bible du graphisme au Royaume-Uni. Avec la possibilité qu’on a maintenant de lire de plus en plus de quotidiens sur le net, des brochures en format .pdf ou simplement de consulter ses courriels sur son téléphone; qu’ils aient été créés ici ou à l’autre bout du monde est renversant. En fait, la technologie est si simple en apparence, que l’on oublie les mégas infrastructures qui permettent cette facilité. Les usines qui produisent les ordinateurs portables, les téléphones intelligents ainsi que les écrans plats sur lesquels on consulte ces publications, mais tout autant les réseaux et les centres de données sur lesquels voyage l’information ont besoin d’être alimentés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, si l’on veut justement pouvoir être constamment en ligne sur la nouvelle. Jonathan Koomey, du Lawrence Berkeley National Laboratory en Californie, a calculé que ces fameux centres de données consomment 1 % de la capacité globale d’électricité, et leurs besoins croient de 17 % par année (New Scientist, 4 octobre 2008). Au contraire, à chaque fois que nous feuilletons un magazine ou un journal, on ne peut que se rappeler de toutes les ressources qui ont été utilisées pour sa production : papier, ordinateurs pour la création, l’impression. Parallèlement à ce phénomène, de plus en plus d’entreprises de service abandonnent les factures ou les états de compte en papier au profit de versions électroniques. Évoquant des raisons purement idéologiques et écologiques, les entreprises réussissent aussi à réaliser des économies importantes. Bien que les fournisseurs de papier clament que leur produit est écologique : de toutes les matières, personne ne contestera que le papier en est une facile et grandement recyclable, mais dépendamment du type de papier utilisé, de son grade ou de son type de fabrication, il est difficile d’y attribuer une empreinte écologique fiable. Les questions environnementales sont complexes et souvent les réponses ne sont pas exactes à cent pour cent. L’année dernière, une étude de KTH, l’Institut royal suédois de technologie, en comparaison des impacts environnementaux de la lecture du journal suédois Sundsvalls Tidning sous sa forme imprimée ou sur un PC a examiné l’ensemble du cycle de vie, de la production éditoriale, à travers la distribution et de la lecture, jusqu’à la fin de sa vie, soit l’élimination du papier ou de l’appareil électronique. Pour chacune des méthodes de lecture du document, les impacts potentiels sur l’environnement ont été différents. Pour la version imprimée, la production de papier a été l’importante activité et pour la version web, la production de l’ordinateur. Les conclusions n’ont pas été très tranchantes : pour la Suède, la version papier est celle qui a produit le plus d’émission de gaz à effet de serre, mais si on élargit la retombée de la version web au reste de l’Europe (puisque le rayonnement de la version électronique dépasse la version physique), c’est cette version qui a consommé le plus d’électricité. Autres questions qui pourraient influencer les chiffres : le nombre de lecteurs différents pour une même version papier ainsi que la durée de vie des ordinateurs. Bien qu’il soit difficile de tirer des conclusions, il est évident que l’évolution incessante des ordinateurs augmente le problème des déchets électroniques. Le journaliste conclut l’article en indiquant que c’est peut-être au niveau du temps de lecture que le choix du papier ou de la version électronique est le plus pertinent. Plus vous devez plonger dans une lecture longtemps, plus la version imprimée devient indispensable. Et si le temps pris pour afficher quelque chose à l’écran a un impact sur l’environnement — et comme l’affichage est directement dépendant de la lisibilité -, alors la conception éditoriale, la typographie et le graphisme auront un rôle déterminant dans l’amélioration des médias électroniques. Les considérations environnementales ne suffisent pas pour éliminer l’impression ou la publication en ligne. Une meilleure compréhension de chaque moyen de communication peut contribuer à faire un meilleur choix. Bien que l’environnement soit une préoccupation de premier plan, l’ergonomie de l’information et le plaisir de la lecture sont des arguments qu’on ne peut mettre de côté.
> Why do we assume that online publishing is greener than print and paper?
Barney Cox – Eye Magazine no.70
karine
17 février 2009 at 9:49 //
Wow!!!Super intéressant comme article. En fait, la semaine dernière, j’en ai entendu parler vaguement à Radio-Canada sans connaître l’ampleur du problème. Encore une fois, je trouves qu’il est difficile de faire des choix verts puisque nous ne connaissons jamais l’enjeu exact de ces choix.