Quand la fiction rejoint la réalité.

Été 1970. Comme à tous les étés, ma famille passait les deux semaines de vacances d’été au Camping le Genévrier de Baie-Saint-Paul. Comme à tous les étés, je devais recommencer à me faire des amis puisqu’à part nous, les gens changeaient de place. À 6 ans, se faire des amis, c’est assez facile. La règle est simple: il faut s’intégrer à un groupe déjà existant. Donc, la première journée des vacances était réservée à la recherche du dit-groupe. Cet été-là, je fus assez chanceux (façon de parler). Pas très loin d’où nous étions campés, de jeunes garçons de mon âge étaient attroupés autour d’une immense épinette et regardaient la cime de celui-ci. En fait, ils ne faisaient pas que regarder la cime, tout en haut de l’arbre, une voiturette rouge y était perchée. Avec de minuscules cailloux, les enfants cherchaient à faire tomber le jouet afin de le récupérer. Dans ma petite tête de garçon de 6 ans, le calcul a été assez rapide: un groupe + un projet = une chance d’intégration. Je m’avance, demande hypocritement à quoi ils jouent (méchant bon vendeur). J’analyse la situation. Une autre équation naît dans ma petite tête: un groupe + un problème – une intervention de ma part = amitié garantie + possibilité de devenir un héros. Imaginez, devenir le héros pour deux semaines de vacances. Le rêve. En observant leurs façons de faire, je réalise que ça sera très facile de déloger la voiture de l’arbre. À les voir lancer leurs minuscules cailloux, ils ne sont pas sortis du bois (!). Je déniche une immense roche et m’approche. Au ralenti, dans ma tête, les yeux se tournent vers moi, je m’avance, lève le caillou au bout de mes bras, mes muscles se gonflent, mes cheveux volent au vent, je suis dans ma bulle. Trop dans ma bulle. Je n’entends pas les garçons me crier. Me crier de ne pas faire ça. Trop tard. Le rocher décrit un angle parfait, accroche la voiture, défonce la touffe d’épinette et atterrit avec fracas de l’autre côté de l’arbre. Où se trouve une voiture. J’ai entendu un bruit (ou un bris) de vitre et les cris d’une femme. En fait, je n’entendais presque rien parce que j’avais déjà pris la fuite. Je cours aussi vite que je sais lancer les pierres. Été 1970. Comme à tous les étés, ma famille passait les deux semaines de vacances d’été au Camping le Genévrier de Baie-Saint-Paul. Mais cet été-là je l’ai passé dans notre roulotte à me cacher de mes nouveaux anciens amis. Merci à mon ami Louis Doucet, de la Caisse Desjardins, de m’avoir fait parvenir cette publicité qui m’a rappelé de bons (!) souvenirs.

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