Melomarc™ – Quelques notes sur 2013

TM-13Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur

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2013 n’est plus.
Une année de fou.
Jamais autant travaillé. Moi qui pensais ralentir en vieillissant, j’ai fait plus d’heures que dans mes vertes années.
Encore écouté beaucoup de musique.
En rennings, au bureau, en avion, à la maison.
Partout.
Normal que certaines pièces me ramènent où j’étais quand je les ai entendues.
Pas un best of.
Je n’ai pas cette prétention.
Juste quelques notes personnelles et musicales sur 2013

Nick Cave And The Bad Seed | Push The Sky Away : Mermaids
Ce qui fait peur dans un métier basé sur la créativité, c’est la date de péremption. Quand l’inspiration cède à l’expiration. Je n’y pensais jamais, mais plus je vieillis et plus j’y pense. Pourtant, j’ai l’impression de n’avoir jamais été aussi bon et performant. Le chanteur Nick Cave écrivait que « l’inspiration est un mot utilisé par les gens qui ne font pas grand-chose. Je vais dans mon bureau chaque jour et y travaille. Que cela me tente ou pas. » Je pense comme lui et que c’est comme ça que ce font les choses. Il faut y mettre du sien. Chercher. Travailler. Polir le joyau. Et en profiter.

Atom For Peace | Amok : Default
Pour faire suite à la créativité, Thom Yorke représente selon moi, la quintessence du renouvellement. Toujours d’un projet à un autre, avec de nouveaux collaborateurs, en constante création. Si certains artistes passent leur vie à créer le même album, Yorke avance sans regarder en arrière. Pas en ligne droite. Ça me plaît. Cette façon de rejeter une conformité et de créer. D’avancer en zigzaguant. Goûtez à ça cette année. Cassez vos moules, réinventez vos façons de faire. Prenez des routes différentes.

Daft Punk | Random Access Memories : Instant Crush
J’ai couru sur Daft Punk dans les rues de Séville. J’ai roulé Saguenay/Montréal dans le GDPL. Daft Punk, ça me rappelle ces deux événements. De se dépasser dans le sport. De se faire du bien. D’oxygéner ce cerveau. De faire pomper le coeur. Jamais autant travaillé, mais ne me suis jamais autant entraîné. Ceux qui disent qu’ils n’ont pas le temps, cherchez une autre excuse. Mettez Daft Punk dans vos oreilles, des rennings dans vos pieds et prenez la route. C’est tellement grisant.

Arcade Fire | Reflektor : Reflektor
Y a une mode infecte au Québec sur le bashing des gens qui réussissent. Quand la tête sort du lot, faut se dépêcher de la couper. On commence à dénigrer Arcade Fire, parce que leur popularité devient de plus en plus «grand public». C’est pathétique. On peut ne pas aimer ce groupe, pour toutes sortes de raisons, comme je n’aime pas la musique de Céline, mais jamais je ne dénigrerai sa popularité et ce qu’elle a accompli. J’ai adoré Reflektor pour la même raison que j’ai aimé Atom For Peace, pour cette façon de se remettre en question en tentant de se réinventer. Tant mieux si ce groupe devient populaire, ça nous changera de la norme.

Jagwar Ma | Howlin : Four
Les médias sociaux nous font découvrir des trucs qui nous seraient passés sous le nez sinon. Jagwar Ma fut une de ces découvertes. Un album sans ligne directrice, inclassable, d’une belle jeunesse. Aux gens qui méprisent les réseaux comme Facebook et Twitter, je leur répondrai qu’ils tirent sur l’outil inutilement. J’ai des amitiés virtuelles qui m’amènent ailleurs, me font découvrir des livres et des disques, mais tout autant des conseils de course ou de voyage. Comme dans la vraie vie, c’est à la qualité des gens qu’il faut s’accrocher, mais pas au nombre. Et si vous êtes incapable de faire votre chemin dans ces réseaux, quittez-les. Personne ne vous y force. En fait, quittez tout ce qui vous empêche de vivre et de vous épanouir. Et laissez tranquilles les gens qui y puisent des inspirations.

Jay Jay Johanson | Cockroach : Mr Frederikson
Donner une seconde chance. Y a des musiciens comme des auteurs de livres ou des réalisateurs de films qu’on punit trop bêtement. Suffit d’un album, d’un livre ou d’un film qui nous plaisent moins et voilà qu’on laisse tomber, qu’on abandonne en oubliant tout le bien qu’on pensait de cet artiste. Malheureusement on agit souvent de la même manière avec des amis. Un souper qui tourne mal, une opinion différente sur un sujet, et voilà qu’on se détourne de gens qui mériteraient mieux. Je n’avais pas écouté Johanson depuis des années. En écoutant Cockroach, ça m’a rappelé tous les beaux moments que ses premiers disques m’avaient apportés. Cette année, j’ai redécouvert de vieux amis laissés trop longtemps dans l’oubli. Je me promets d’en redécouvrir en 2014.

Arman Méliès | IV : Mon Plus Bel Incendie
Plus on avance et moins on recule. Du moins, on essaie. S’il est important de donner parfois une seconde chance, il faut savoir reconnaître que la fin est parfois nécessaire. Mettre fin une relation, à une amitié, à un travail. Savoir quand il faut sauter du train avant le déraillement. En 2013, j’ai mis fin à des relations professionnelles comme à des relations avec certaines connaissances. Pour le mieux. Évitez les vampires. Ces personnes qui vous sucent  énergie, passion et valeurs. Même si ça fait mal. Pour se faire du bien, il faut parfois se faire du mal. Comme le chante Méliès: Mon plus bel incendie comme je t’ai tué / Et partout je me perds à ranimer le brasier / Mon plus bel incendie comme j’ai regretté / Et partout je me tue à retrouver le brasier.

Majical Cloudz | Impersonator : Childhood’s End
L’approche de la cinquantaine nous rappelle que plus on vieillit, plus la mort fait partie intégrante de notre vie. Cette année encore, on a tous perdu des êtres chers. Père, mère, amis. La mort de nos parents, qu’elle arrive quand nous sommes jeunes ou plus vieux, détermine la vraie fin de l’enfance. Devenir orphelin de père ou de mère à 50 ans n’a pas les mêmes impacts qu’à 12 ans, j’en conviens, mais crée tout de même un vide et confirme qu’un chapitre important de notre vie vient de se terminer. Notre relation avec la mort est souvent indissociable de celle que l’on a avec la vie. Profiter du temps présent pour ne rien regretter.

Posphorescent | Muchacho : Song For Zula
À mon humble avis, la plus belle chanson de 2013. Pourquoi? Pour aucune raison intellectuelle précise. Le coeur a une autonomie que le cerveau n’a pas. Il peut s’emporter sans logique. Et c’est tant mieux. Faut pas toujours analyser ce qui fait battre notre coeur, il faut le laisser s’exprimer. Et le suivre. Passion vs intérêt.

Mellissa Laveaux | Dying Is A Wild Night : Dew Breaker
Ho que j’aime Melissa Laveaux. Cette spontanéité. Cette voix. Comme pour Phosphorescent, j’ai peu d’arguments intellos. Je suis en amour avec Laveaux et avoue ne pas nécessairement vouloir savoir pourquoi.

Pierre Lapointe | Les Callas : Je déteste ma vie
Vincent Delerem | Les Amants Parallèles : Et la fois où tu as
Ces deux albums ont des qualités littéraires supérieures à bien d’autres albums en français. Allumer des souvenirs, annoncer des sentiments, même si leurs styles sont diamétralement opposés : Lapointe étant plus poétique et Delerm, plus anecdotique, les deux albums m’ont accompagné tout le mois de décembre dans cette introspection nécessaire de fin d’année. Cette année, j’ai acheté plus d’albums francophones que dans les dernières années. Pas que je n’y trouvais pas mon compte, mais j’étais ailleurs, dans un autre mood. Parallèlement, j’ai lu beaucoup plus de romans en français. Et ça n’a rien à voir avec le prix des livres… Le combat est ailleurs. On ne crée pas une habitude de lecture avec de l’argent: on peut lire gratuit à la bibliothèque. On n’impose pas une culture par des lois : elle doit se défendre d’elle-même. Le vrai combat est au niveau de l’analphabétisme. Les chiffres sont dramatiques. Au lieu de nourrir, apprenons à pêcher, comme dit le proverbe.

Stromea | Racine carrée : Papaoutai
Gros coup de coeur que ce Belge beige. Tout a été dit sur cet artiste, ce Brel techno, doué d’une plume humoristique et originale, cette musique enrobée de rythmes impossibles à résister (pourquoi d’ailleurs?). Papaoutai? Je l’ai pris comme un cri personnel. Je suis là. Et le serai toujours. Cette année encore, j’ai réalisé à quel point mes enfants avaient vieilli et étaient devenus matures. Qu’il avaient compris un paquet de choses par rapport à la vie. Que je serai toujours là malgré la distance et le temps. Les amis, comme les parents, ne sont jamais loin quand ils sont dans nos coeurs.

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Voici la liste complète de mes coups de coeur 2013:

Arcade Fire | Reflektor : Reflektor
Artic Monkeys | AM : Do I Wanna Know?
Arman Méliès | IV : Mon Plus Bel Incendie
Atom For Peace | Amok : Default
Black Devil Disco Club | Black Moon White Sun : Bee Boop
Daft Punk | Random Access Memories : Instant Crush
DJ Kose | Amygdala : Nices Wolkchen
Deptford Goth : Life After Defo : Feal Real
Emiliana Torrini | Tookah : Autumn Sun
Jagwar Ma | Howlin : Four
Jay Jay Johanson | Cockroach : Mr Frederikson
Kurt Vile | Walkin On A Pretty Daze : Never Run Aways
Majical Cloudz | Impersonator : Childhood’s End
Mellissa Laveaux | Dying Is A Wild Night : Dew Breaker
Nick Cave And The Bad Seed | Push The Sky Away : Mermaids
Posphorescent | Muchacho : Song For Zula
Pierre Lapointe | Les Callas | Je déteste ma vie
Stromea | Racine carrée : Papaoutai
Vincent Delerem | Les Amants Parallèles : Et la fois où tu as
Wookid | The Golden Age : Boat Song

 

Chemin St-Benoît

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur
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Ou chemin moins fréquenté. Comme le titre du livre de croissance personnelle écrit par Scott Peck.

Mais moins fréquenté, ne veut surtout pas dire moins intéressant. Vraiment pas. Je dirais même que c’est le contraire. Parce que le chemin que mon chum Martin a suivi n’a rien de banal. C’est plutôt celui d’un artiste qui a décidé que le marché/l’industrie/les médias/les subventions n’auraient aucune emprise sur lui. Sur sa démarche. Sa détermination. Son talent. Un vrai artiste. Un vrai.

J’ai connu Martin dans les années 80. Je ne sais pas trop quand et comment. Quelle importance? On avait des amis et des intérêts communs. Il tripotait déjà sa guitare à l’époque. Il nous impressionnait tellement. Sa dextérité, sa façon de pincer les cordes, de jouer les riffs d’Eddy Van Halen nous en mettait plein la gueule. J’aimerais bien vous parler uniquement de talent, mais ça serait diminuer ce qu’il accomplissait déjà à l’époque. On diminue trop souvent le domaine des Arts à simplement de l’abondance de talent. Oui, c’est nécessaire,  mais il faut avant tout travailler pour le développer. Le talent n’est rien sans travail. Et du haut de ses 15 ans, Martin pratiquait et pratiquait. Pendant que nous perdions notre temps à… perdre notre temps, Martin, lui, jouait de la guitare. Le soir, le jour, la fin de semaine. Je pense que le travail forge le caractère. Je pense que Martin a su se fabriquer pendant ces années-là et celles qui ont suivi. À partir du moment où, en regardant un spectacle des Who, de son groupe fétiche, un flash s’est allumé en dedans de lui, une lumière, une flamme bien présente qui ne cesse de brûler depuis ce temps. Même si les musiciens se nourrissent du public, ils vivent dans un monde intérieur. Le leur.

Martin n’a pas suivi le chemin le plus facile. À des millénaires de Star Cacadémie et des vedettes instantanées sans saveur. Il s’est toujours produit lui-même en se faisant un fan à la fois. Pas par mode, mais par amour. Passion de la musique. Sur son MySpace, il a créé lien par-dessus lien, en échangeant sa musique et sa passion. Il partage avec mon idole David Byrne, le sentiment que la musique ne devrait pas appartenir à une industrie, mais bel et bien à l’artiste qui la produit. Je me souviens d’un débat à Radio-Canada et dans La Presse, alors qu’il se frottait à la vision de Gilles Valiquette, président de la SOCAN, sur le partage de la musique sur internet. Grâce à ce type de diffusion, Martin et des milliers d’autres artistes ont enfin pu être écoutés dans le monde entier, et par le fait même il a pu vendre sa musique et la jouer ailleurs qu’au Canada. Nul n’étant prophète dans son propre pays, internet changeait la donne en permettant aux artistes de se faire connaître sans passer par les canaux traditionnels. Sans avoir à tomber dans les pattes d’une industrie devenue moribonde, à la recherche du standard des radios commerciales insipides.

Comme plusieurs musiciens, écrivains et artistes, Martin n’a pas connu le succès commercial. L’a-t’-il vraiment cherché? Quand tu décides de ne pas tomber dans la facilité ou le compromis, on peut difficilement s’attendre de frapper la manne. Le succès d’estime est tout aussi gratifiant. Et ça, Martin l’a.

Chemin St-Benoît est le dernier opus de Martin. Un disque très personnel qui lui ressemble beaucoup. Je n’en ferai pas une grande critique, premièrement parce que je l’ai écouté pour la première fois, aujourd’hui, et que deuxièmement, j’aimerais mieux lui faire en privé. Autour d’une Guiness, sa bière préférée.

Je t’aime Martin.

J’ai offert Martin Larose/Chemin St-Benoit à mon ami Marc Lechasseur, par amitié bien sûr, mais surtout parce que je sais qu’il appréciera le talent de Martin et que, lui aussi, n’a pas choisi de vivre sa vie de façon linéaire.

Vous voulez, vous aussi, vous procurez son album, c’est ici.

Melomarc™ – Joey DeFrancesco / Goodfellas

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur
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– Il faut que je te dise un truc…

Les yeux de ma blonde se sont levés vers moi. Avec méfiance. Quand ton nouveau chum de quelques semaines t’avertit qu’il faut qu’il t’avoue de quoi, c’est rarement de bonnes nouvelles. Trop beau pour être vrai. Le mec parfait (!) qui se matérialise l’espace d’une seule phrase en parfait salaud. Le prince qui redevient grenouille…

– Tu sais, c’est le genre de trip qui fait fuir les filles, d’habitude…

Ces yeux ont continué à me fixer, mais avec une crainte palpable. J’allais lui apprendre que je suis un tueur en série, un collectionneur névrosé de pornographie infantile, que j’ai sniffé le Mont Apica, que je dois de l’argent à des motards… Son grand rêve romantique allait prendre fin avec une vérité plate à mourir.

– C’est une chose que j’aime beaucoup, mais qui est un peu weird…

À ce moment-là, il n’aurait fallu qu’une petite poussée pour que les yeux de ma blonde sortent de leurs orbites et roulent au milieu de la pièce. J’ai même senti un certain haut-le-coeur. Le genre que tu as quand tu trouves une moitié de ver dans une pomme, et que tu déduis que l’autre moitié est dans ta bouche. Mais qu’est-ce que ce j’allais lui apprendre?

– Tu sais, d’habitude, les gens n’aiment vraiment pas ça, mais moi, ça me fait vibrer, ça vient me chercher,  je n’y peux rien…

Dégoutée, décontenancée, elle m’a jeté un regard du genre : allez, arrête de tourner autour du pot et achève-moi. Me suivant du regard, elle m’a vu ouvrir un panneau de la biblio et y plonger à l’intérieur une main baladeuse. J’allais sortir du placard, plus qu’une vérité, mais un objet qui l’effraierait. Une arme? Une seringue ? Un objet sexuel?

Je sortis doucement de l’armoire un CD et le mis délicatement dans le lecteur.

– Quand tu auras écouté ça, tu en sauras un peu plus sur moi. Sur mes goûts un peu bizarres… en musique.

En pesant sur play, aux premières notes de Speak Softly Love, la chanson fétiche du film The Godfather, l’orgue de DeFrancesco s’est rapidement mis à envahir la pièce.

– J’aime beaucoup l’orgue… vraiment.

Surtout l’Hammond B3. Et Joey DeFrancesco sait en jouer à la perfection. Cet album-là est un bijou. Des pièces italiennes qu’on connait depuis des lunes : Volare, Fly Me To The  Moon, Malafemmena, O Sole Mio. Ces classiques italo-américains qui sentent le resto maffieux, les pâtes, le veau et le Chianti. Quand je l’écoute, je suis incapable de ne pas voir défiler dans ma tête des scènes de films comme Goodfellas et Casino de, ne pas penser à Joe Pesci, M. Maffia lui-même, de ne pas entendre Brando demander « Tu t’occupes bien de ta famille?… » Ça sent la passion. L’honneur. L’amitié. L’amour.

Ma blonde s’est remise à respirer. C’était un aveu plutôt simplet. Voire anodin. Rien pour me juger de façon sévère. J’allais m’en sortir.

Elle a depuis, entendu pire. Je n’allais pas lui dévoiler tout ça le même soir quand même. Mon amour de l’orgue B3 allait s’avérer que la pointe de l’Iceberg…

C’est une simple anecdote qui en dit long sur ce que je pense de la franchise et sur l’importance d’être soi-même. En couple, en amitié et en affaires. Ne pas jouer de rôle, être franc, même si c’est pour déplaire. Tricher, c’est uniquement reculer l’échéance. Remettre la vérité à demain ne fait qu’allonger le supplice. Celui de se cacher. Celui de mentir. De mentir, avant tout à soi-même.

J’ai offert Joey DeFrancesco / Goodfellas à mon amie Josée Bourassa, par amitié bien sûr, mais surtout parce que je sais qu’elle appréciera ces classiques italiens qui lui rappelleront des souvenirs de son long séjour là-bas.

> Joey DeFranseco / Goodfellas sur iTunes

Melomarc™ – Cocteau Twins / Treasure

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur
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Difficile d’écrire les yeux dans l’eau.

Difficile de ne pas pleurer quand on joue dans ses souvenirs. Le coeur est un organe fragile. Comme presser un citron avec une main gercée.

Tellement de choses se sont produites depuis 18 ans. Tellement. Le monde est différent. Ma vie. La tienne. Tout se bouscule à une vitesse vertigineuse. Tout va trop vite. Trop vite. Beaucoup trop vite.

J’ai de plus en plus d’années d’imprégnées dans le visage alors que le tien n’a aucune trace même quand tu passes une nuit debout. L’injustice de l’âge pour moi. Le privilège de la jeunesse pour toi. Fuck. Je donnerais tout ce que j’ai pour aller te rejoindre dans ces belles années.

J’avais vingt-neuf ans quand tu es né. À l’aube de la trentaine. Pauvre, mais travaillant, j’étais encore en devenir. Tu es arrivée sans crier gare. Sans avertissement. Les langues sales parleraient d’accident. Jamais accident n’aura été aussi bienvenue. Il y dix-huit ans, le premier avril 1994, naissait une petite fille au nom de Frédérique Perron Gauthier.

Ma fille à moi. À moi.

Tu ne savais pas tout ce que pouvait représenter la naissance d’une fille dans une famille endeuillée comme la mienne. Personne n’est remplaçable, tout le monde est unique, mais toi, tu es arrivée comme un petit ange prendre une place qui était libre depuis trop de temps. On n’a pas voulu t’appeler Monique, comme ma soeur, mais tu portes la dernière syllabe dans ton prénom. Comme une petite médaille. Un tattoo.

J’ai pleuré à ta naissance. Comme je pleure aujourd’hui en t’écrivant ce petit mot. Avec les années, je suis devenu incontinent de l’oeil. J’ai tellement refoulé de larmes dans ma vie qu’aujourd’hui j’ai de la misère à tout contenir. Comme un trop-plein. En vieillissant, les pleurs sont difficilement attribuables à de récentes blessures. Le passé est omniprésent, prêt à te rattraper, à te rebondir dessus, à te faire payer de l’avoir caché aussi longtemps. Le passé est implacable et rejaillis au moment où tu ne l’attends le moins. Tu as la chance de modifier ton futur, mais jamais ton passé. Tu verras.

Demain, tu auras 18 ans. Je pleure, certes , mais mes larmes ne sont pas que de peine. Ça me fait triper de penser que tu sois devenue une femme. Une femme de plus en plus sûre d’elle, ouverte sur le monde, créative et surtout indépendante. Je voudrais que tu conserves cette qualité en toi, celle de ne pas dépendre de personne. D’être maître de ta personne. De te forger tes propres idées. À toi. De créer ton avenir. Pas celui des autres. Le tien.

Et que vient faire Cocteau Twins dans ce billet? C’est ce que j’écoutais en 1984, dix ans avant que tu naisses, à mes 19 ans. Ce disque qui joue présentement dans mes oreilles pendant que je t’écris est pour moi intemporel, comme quoi la créativité, l’originalité et le talent sont une fontaine de jouvence. Et comme ces qualités sont aussi tiennes, tu as de grandes chances de rester jeune longtemps. Treasure me rappelle aussi ces années importantes qui seront les tiennes. Ce trésor. Cette vingtaine qui s’amène, ce début de vie où tout est encore possible, où tous les chemins sont disponibles. Où tous tes rêves sont encore possibles. Ces belles années qui te forgeront. Ne laisse personne ne te les enlever. Elles sont tiennes.

C’est ta vie. Fonce! Sans crainte. Car il y a un ange qui veille sur toi, là-haut. On ange avec lequel ton prénom partage une syllabe.

J’ai offert Cocteau Twins / Treasure à ma fille Frédérique, parce que c’est sa fête bien sûr, mais surtout  parce que je l’aime plus que tout. x x x.

> Cocteau Twins / Treasure  sur  iTunes

Melomarc™ – Tom Waits / Frank’s Wild Years

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur
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Je n’écoute plus le gala de l’ADISQ depuis des années. C’est mieux pour moi. Pour ma santé intellectuelle. Alors quand j’ai lu Cassivi dans La Presse de ce matin qui remâchait une chronique sur le sujet, ça m’a reconfirmé d’avoir pris la meilleure décision. En vieillissant, je choisis mes combats. Alors au lieu de me battre à trouver ce gala inutile et de me choquer sur leurs choix douteux, je préfère passer mon tour. Comme d’autres émissions populaires qui ne m’intéressent plus, je préfère ne pas écouter que de m’affliger une mauvaise humeur en me forçant à les regarder. Et surtout tenter de comprendre pourquoi les gens aiment ça.

De toute façon, en regardant de plus près, ce n’est pas tant l’ADISQ qui me dérange, mais toute cette industrie qui nous dicte ce qu’il faut écouter, ce qu’il fait aimer, ce que les radios matantes doivent faire jouer. Quel artiste est le plus intéressant, meilleur vendeur, mais surtout le plus populaire. Haaaa. La fameuse popularité. L’argument massue qui décide si un truc est bon ou pas. Populaire : bon. Moins connu : douteux. Inconnu : mauvais. Comme Brassens chantait dans la Mauvaise réputation : « Mais les brav’s gens n’aiment pas que / L’on suive une autre route qu’eux / Non les brav’s gens n’aiment pas que / L’on suive une autre route qu’eux »

Mais l’industrie n’est pas la seule responsable. Les gens en général sont paresseux. Préférant se faire dicter que de trouver par eux-mêmes. Le gens ont besoin de se faire dire quoi faire. Quoi aimer. Quoi écouter. C’est tellement plus simple. En plus aimer ce que tout le monde aime, c’est rassurant. De faire ce que tout le monde fait, aussi. Pas besoin de se faire une idée. Et pourquoi donc le faire?

Je dirais que ça serait comme visiter un pays étranger et décider de n’utiliser que l’autoroute pour se rendre d’une ville à une autre. Oubliant toutes les petites routes secondaires foisonnantes de petites bourgades intéressantes. Car la vie de plusieurs artistes se vit ainsi en parallèle des grandes artères. La vie de certains artistes se fera toujours sur des routes secondaires. En toute marginalité. Et ya surtout pas de mal à ça. Ça ne les rend pas moins intéressant. Juste moins populaire.

Depuis que j’ai créé cette catégorie Melomarc™ ,  j’ai eu à revisiter ma collection de disques, comme on revisite un lieu où l’on a déjà passé jadis, et certains de ces disques se sont accrochés à mes oreilles. La plupart de ces albums m’ont servi de bougie d’allumage et de relais pour m’orienter vers d’autres genres musicaux. Comme pour Tom Waits. Depuis que j’ai connu le parcours de cet artiste hors-normes, je serais incapable de choisir quel album est le meilleur, ou celui qui le caractérise le plus, parce que ce n’est surtout pas important. Si j’ai choisi Frank’s Wild Years c’est uniquement parce que c’est le premier album de Waits que j’ai acheté. Faut pas chercher plus loin. Oui Rain Dogs, lui est peut-être supérieur, Bone Machine, peut-être également, mais si vous en parlez à un autre amateur, il vous mentionnera Swordfishtrombones ou Blue Valentine et il aura probablement raison. Tout autant que moi. Et c’est ce qui rend les découvertes musicales magiques. Quand y’a ce truc personnel qui vient vous chercher. Au delà des modes et des top 10. L’étincelle qui vous allume. Vous, pas les autres. Quand les premières notes de Frank’s Wild Years sont venues rebondir sur mon tympan, j’ai découvert des sonorités auxquelless j’étais étranger. Un mélange de blues sale avec des instuments difficilement identifiables accompagnés d’une voix d’outetombe. Et cette première découverte m’a donné le goût d’aller plus loin. De chercher. De trouver d’autres sonorités. Et j’en cherche toujours. Et j’en trouve encore.

J’ai offert Tom Waits / Frank’s Wild Years à Geneviève Lefebvre, une amie virtuelle toujours pleine d’humour, dotée d’une plume que j’aime beaucoup qui a su par ce tendre et simple billetillustrer comment Martin Léon, un artiste vivant en marge de la popularité savait nous remuer, nous faire sourire, nous faire pleurer… sans que l’on aie besoin d’avoir l’aval du monde entier pour le faire.

Tom Waits / Frank’s Wild Years sur iTunes


Melomarc™ – Mano Solo / Internationale Sha La La

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.

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Je voulais écrire sur la mort. Je voulais écrire sur les amis. La mort et l’amitié. Deux thèmes tellement difficiles à concilier. On ne veut pas que nos amis meurent. Comme on ne veut pas que l’amitié s’achève. Pas avec la mort, en tout cas. Ni d’aucune manière. L’amitié meurt et malheureusement, les amis aussi.

Hier, un de mes amis est décédé à 46 ans. Un vieux chum. Un chum du secondaire/cégep/université. Un ami que j’ai négligé trop longtemps. Je ne l’avais pas vu depuis des années. On devait se visiter en septembre. Peine perdue. On remet souvent l’important à plus tard. Trop souvent.

Quand on meurt, on dit que notre vie défile en accéléré; qu’en l’espace de quelques secondes le film de notre vie roule à une vitesse vertigineuse. Comme un condensé. Un concentré de moments heureux et malheureux. Une couple de secondes pour résumer des années. Aujourd’hui, en apprenant la nouvelle de ta mort, c’est ma vie avec toi qui s’est déroulée en quelques secondes. Nos années au Séminaire de Chicoutimi. Où tu m’avais transmis le goût de la photo. Où tu partageais ta grande famille avec tes trois frères, moi qui n’en avais pas. Où l’on échangeait nos premières découvertes musicales. Nos soirées à écouter Yes, Genesis et Led Zeppelin. Notre accident d’auto sur le pont Dubuc. Ton départ vers la grande ville, où je devais te rejoindre quelques années par la suite. Du Noël que tu avais passé dans ma famille à Chicoutimi parce que tu voulais revoir des vieux potes alors que tes parents t’avaient suivi à Montréal. Je me souviens du New Year’s Day de U2 au bar Le Vertige, en célébrant la nouvelle année de 84. Je me souviens du spectacle de R.E.M, cinq ans plus tard au vieux forum, pendant que mon garçon se reposait dans le ventre de sa mère. Où je te faisais la confidence de mes peurs de devenir papa si jeune. Je me souviens de tes croquettes de thon aux Corn Flakes que tu préparais dans ton appartement de Laval. Ton appartement si drabe. Appartement de célibataire. Du vin cheap de dépanneur aux allures de grand cru que l’on buvait. À s’en saouler. À rire de nos blagues. De ton rire silencieux : tu ouvrais la bouche, fermais les yeux, mais aucun son de sortait de ta bouche. Ton rire était intérieur.

C’est con. J’écris tout ça même si ça fait si longtemps que l’on ne s’est pas vu. En fait, on a passé plus de temps sans se voir que de passer du temps ensemble. Je ne connais pas le nom de tes enfants : je ne les ai vus qu’en photo.  Je connais à peine ta blonde. C’est con. Mais j’ai le cafard quand même de te savoir parti. J’ai de la peine de penser qu’on peut partir n’importe quand. Comme ça. Et je pense à moi : la mort, c’est égoïste. On vit celle des autres par rapport à soi. J’ai de la peine. Oui. Mais j’ai de la peine parce que je pense à la mort. Tu me fais penser à la mort. Et la mort c’est triste. Surtout quand tu penses comme moi que ça se termine comme ça. Par la fin, point. Qu’il y a rien après. Sinon ce qu’on laisse comme souvenirs à nos proches. À nos amis.

Je regrette de ne pas avoir provoqué une rencontre. De ne pas être débarqué chez toi, sans t’avertir. Comme le font les amis.

Pourquoi parler de cet album de Mano Solo et de toi. Parce que la mort est au centre de l’oeuvre musical laissée par cet artiste. Parce que tu es mort d’un cancer, Mano Solo, du sida. Deux morts à retardement. Des morts qu’on attend. Qu’on prépare. Comme si l’on pouvait se préparer à mourir. Cet album de Mano Solo me rentre dedans comme une aiguille dans la peau. Me fout le cafard. Cette voix décharnée, rauque et tellement souffrante que celle de ce chanteur me chavire à chaque fois. Ce chanteur controversé qui a décidé de parler ouvertement de sa maladie et a pondu quelques albums, mais c’est ce « live » qui rend le mieux cette douleur intense que ressent un condamné à mort. J’ai déjà parlé ici que la musique française venait me chercher dans mes moments les plus sombres, celui de Mano Solo a une place de choix dans ma discothèque « nostalgie ». Ses textes durs, sa poésie noire en font un album d’une tristesse certes, mais d’une beauté incroyable. Triste comme la mort peut l’être. Beaux, comme les amis le sont.

En pensant à toi, Hugues, j’ai pensé offrir Mano Solo / Internationale Sha La La à Réjean, un pote que tu n’a pas connu. Parce que je sais qu’il appréciera cet album, mais surtout parce que l’amitié s’entretien, par des petites pensées comme celle-ci. Comme j’aurais dù entretenir la nôtre. Adieu « Grand Droit’ »!

> Mano Solo / Internationale Sha La La sur iTunes


Melomarc™ – David Byrne & Brian Eno / My Life in the Bush of Ghosts

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.

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J’aurais pu titrer ce billet « Remixer sa vie ».
Parce que comme la musique, la vie ça se remixe. On garde les bons beats, on élimine les bruits de fond, les scratchs inutiles, les grésillements du temps. Tout ça pour recréer une meilleure ambiance. Une ambiance encore plus révélatrice de sa propre personne.
J’ai remixé ma vie une couple de fois déjà. Jamais complètement effacé, mais je suis parti des rythmes qui m’ont défini depuis des lunes en tentant d’en ajouter des nouveaux pour améliorer le résultat. On revient souvent à ses propres bases rythmiques, son ADN. J’ai « refait » ma vie. Je l’ai rebâtie. En tentant de faire mieux. Du moins, je le crois.
Je vous dis souvent que la musique vit en parallèle de notre vie. Elle est surtout indissociable de celle-ci. Cette chronique qui me force à me rappeler de mes albums phares me permet également de revivre certaines étapes importantes de ma vie jusqu’à présent. En me rappelant les bons moments, comme les plus difficiles. Les fausses notes.
Je me suis aussi recomposé au niveau professionnel. J’ai joué en quatuor, en trio et en duo. Je joue maintenant en solo. Un soliste bienheureux. Dans mes relations avec mes clients, j’essaie de ne pas trop jouer la même rengaine, en tentant de découvrir des sonorités différentes de ce qu’ils connaissent.
Parce qu’il faut se sortir absolument des rythmes anodins. Qui se jouent partout. Sutout parce que c’est monotone. Sans saveur.
J’ai des amis qui, eux aussi, brassent leurs rythmiques personnelles. Qui s’assemblent, se ressemblent, faut croire. Les vrais amis ont souvent les mêmes airs finalement.
J’ai mis la main sur My Life in the Bush of Ghosts, en 1981. Un de mes amis, grand fan de King Crimson m’avait aiguillé sur cet album. À sa première écoute, j’étais bouleversé. Je n’avais jamais rien entendu de la sorte auparavant. Un mélange de rythmes funk et d’afro-beat, des échantillonnages provenant d’émissions de radio de sources aussi variées que des preachers américains en passant par des chanteurs libanais, du bidouillage électronique à profusion, Byrne et Eno avaient dénaturé un paquet de sonorités pour créer un son unique. Encore aujourd’hui quand j’écoute cet album riche, je suis incapable de me mettre dans la tête que celui-ci a 30 ans maintenant, tellement il était d’avant-garde pour l’époque. Bien qu’habitué d’entendre un paquet de musique remixée depuis le temps, My Life in the Bush of Ghosts demeure, pour moi, l’exemple parfait qu’on peut toujours se réinventer. Qu’à partir des mêmes ingrédients, on peut réaliser des centaines de plats différents. Qu’il suffit d’être créatif. Comme pour sa vie.

J’ai offert David Byrne & Brian Eno / My Life in the Bush of Ghosts au fils DJ/musicien d’un de mes grands amis, par amitié bien sûr, mais surtout parce qu’à sa façon, il est train  lui aussi, de remixer sa vie.

> David Byrne & Brian Eno / My Life in the Bush of Ghosts sur iTunes

Melomarc™ – Mory Kante / Akwaba Beach

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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Je devais avoir 4 ou 5 ans quand mon parrain, Jean-Rock Gaudin, pris le chemin du Bangui en République Centre Africaine pour y travailler quelques années comme nonce apostolique. Je ne pouvais m’imaginer à cette époque que ce voyage auquel je ne participerais pas ne serait-ce que par lettres et photos aurait un impact si grand dans ma vie. Les souvenirs qu’il m’avait rapportés trônent encore aujourd’hui dans mon salon et ma salle à manger. Ces sculptures d’ébène, ces toiles naïves, mais surtout ce scorpion et cette mygale pris dans des blocs de verre qui ont tant fasciné mes amis quand j’étais tout petit. Il faut comprendre qu’au début des années 70, les gens au Québec ne voyagent pas ou peu. Les gens fortunés allaient en Floride l’hiver, quelques-uns en Europe l’été, mais la grande majorité de la classe moyenne dont nous faisions partie, ne voyagait pas à l’étranger. Dans ma petite tête de lecteur de Tintin au Congo, l’Afrique, ce si grand continent, c’était l’inaccessible aventure, le bout du monde, l’exotisme à son maximum. Le rêve, quoi.
J’ai gardé en moi ce désir de voir l’Afrique comme un rêve inavoué. J’ai visité plein de pays, j’ai bien visité la Tunisie, mais je ne suis jamais allé en Afrique Noire. Les astres ne se sont jamais aligné afin de me permettre de réaliser ce périple. Depuis la mort de mon père et des épreuves que plusieurs de mes amis ont vécues, j’ai décidé de ne plus remettre à demain des projets ou des idéaux auxquels j’aspire; alors un soir, en prenant un verre de vin, j’ai dit à ma copine en bravade que j’irais en Afrique avant mes 50 ans. C’était l’an passé. Et voilà qu’une opportunité se présente. Le Département de Soins infirmiers du Cégep de Chicoutimi réalisera une mission humanitaire et une quinzaine de finissants et finissantes s’envoleront au Sénégal au début de janvier 2011, afin d’y réaliser un stage avec Infirmières Sans Frontières. Et j’en ferai partie. Je les accompagnerai, comme bénévole certes, mais aussi et surtout pour filmer et tenter de documenter l’expérience qui changera le court de la vie de ces étudiants et étudiantes. Car si les voyages modifient votre façon de voir la vie, une mission comme celle qu’ils s’apprêtent à vivre aura un impact majeur dans le cheminement de leur vie. Ce ne sera pas nécesairement palpable le lendemain, mais  peut-être des années plus tard. Le destin n’est pas fait de béton, mais plutôt de gélatine qui se forme et de déforme selon les étapes importantes et les épreuves rencontrées. Je partirai donc le 2 janvier prochain et les accompagnerai 3 semaines. J’ai hâte.

Ce qui nous amène à Mory Kanté. Pourquoi lui alors que la musique africaine a des ténors beaucoup plus importants, tels que Selif Keita ou Youssou N’Dour? Uniquement, parce que l’album Akwaba Beach représente ce qui me fait triper dans la musique africaine : le rythme, la joie de vivre et la naïveté. C’est le premier disque africain qui m’a fait découvrir ce style musical, et créer chez moi un enjouement aussi spécial. La première chanson de l’album, le succès devenu mondial Yeke Yeke est une chanson qui me rend heureux automatiquement. C’est un électro-choc sur mon humeur. La musique africaine a cet effet direct sur moi; ça me rend de bonne humeur, ça ne me prend pas la tête, ce sont des rythmes qui me font swinger. Au plaisir de vous raconter les aventures de Marc™ au Sénégal

J’ai offert Mory Kanté / Best Of (parce qu’Akwaba Beach n’est plus disponible) à mon amie Chantal Boivin, par amitié bien sûr, mais surtout pour son merveilleux Festival des Rythmes du Monde qui nous fait découvrir année après année, des sons et surtout des cultures différentes!

> Mory Kanté / Best Of  sur  iTunes

Melomarc™ – Thomas Fersen / Le Jour Du Poisson

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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J’avais glissé le texte que j’avais écrit sous la porte et m’apprêtais à m’enfuir. Comme à la dernière occasion. Sauf que cette fois, la porte s’était ouverte devant moi et j’étais pris comme un rat. On venait de me prendre au piège. Ce grand gaillard barbu tenant dans sa main la feuille que je venais de glisser sous le porche, m’invitait à entrer dans le local pour que l’on fasse plus ample connaissance. J’avais 17 ans, j’étais gêné et je devais avoir encore des boutons. Ce grand barbu de 21 ans, c’était Roger Blackburn, rédacteur en chef du journal étudiant Le Tract du Cégep de Chicoutimi (aujourd’hui journaliste/chroniqueur au Quotidien). Ce qu’il tenait dans ses mains, c’était un épisode des « Chroniques de Jo Blow », mon alter ego anonyme, écrivain de vérités pas toujours vraies (!). Jo Blow : un personnage tout droit sorti de mon imaginaire, un gros dégueulasse à la Reiser, un Béru à la San Antonio; un homme aux moeurs légères et à la langue sale qui déblatérait des énormités en dénonçant sous un pseudonyme les imparfaits de la vie. Du moins, celles qu’il identifiait malgré son/mon jeune âge. Disons que c’était un Troll de blogue d’avant son temps — un blogueur anonyme qui lâche son fiel sous le confort de l’anonymat. Mon Mister Hyde à moi. Mon exutoire. Mais ce matin-là, ce grand barbu hirsute avec son éternel crayon à l’oreille tenant mes dernières élucubrations écrites dans ses grosses mains, détenait la clef de mon destin. J’étais démasqué et devait maintenant l’affronter. Il n’en tenait qu’à lui de publier ou pas, ces écrits lubriques. Pour le fouteur de merde qu’il était (il l’est encore, aujourd’hui), il n’y avait pas mieux que ce genre d’articles provocateurs, de mauvaise foi, dénonciateurs qui tiraient à boulets rouges sur l’ordre établi et les conventions, bravant même la direction du Cégep qui lui avait demandé de retirer mes textes du journal étudiant. C’était le début d’une belle amitié. Roger m’a, part la suite, demandé de le suivre dans un paquet de projets journalistiques farfelus : caricaturiste pour une revue de chasse et pêche, illustrateur pour le journal du Carnaval Souvenir de Chicoutimi, etc. C’était toujours avec un grand plaisir que je me retrouvais à travailler avec ce bon vivant au verbe joufflu. Et puis la vie a fait que l’on s’est perdu de vue et que l’on se retrouve une quinzaine d’années plus tard. Bien en chair. Mais avec la même lueur dans les yeux que nos vertes années. C’est toujours avec un malin plaisir que l’on se retrouve pour argumenter : on n’est pas sur la même longueur d’onde sur un paquet de trucs, et c’est ce qui rend la relation palpitante. Roger, sans le savoir à l’époque a réussi à m’orienter sur ce qu’allait devenir mon métier aujourd’hui : créer, inventer, me débrouiller à vivre sous la pression pour trouver la grande idée. Il m’a permis de réaliser que j’avais un talent sur lequel je pouvais construire. Ce n’est pas rien.
Le lien avec Thomas Fersen? Uniquement la poésie et la langue. Roger étant un amoureux du français, je trouvais que ce dandy lui plairait. Parce que Thomas Fersen, c’est la chanson française dans ce qu’il y a de plus classique et de plus beau. Cette musique et ces paroles intemporelles auraient pu être écrites en 1960, en 2010 ou en 1983. Ce faux détachement et cet humour subtil qui fait le bonheur des fans de Fersen m’ont gagné dès les premières notes de l’album Le Jour Du Poisson; conquis j’ai acheté tous les albums et vu Fersen deux fois en spectacle.

J’ai offert Thomas Fersen / Le Jour Du Poisson à mon ami Roger Blackburn, par amitié bien sûr, mais surtout pour la botte qu’il a su adresser à mon cul, quand, à 17 ans, j’en avais le plus grand besoin pour m’épanouir.

> Thomas Fersen / Le Jour Du Poisson  sur  iTunes

Melomarc™ – Talking Heads / Stop Making Sense

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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Les rendez-vous manqués. C’est le titre que j’aurais dû choisir pour ce billet au lieu de laisser toute la place au titre de l’album. Parce que ça résumerait plus la relation difficile entre David Byrne et moi. Ou l’absence de relation serait encore plus juste. David Byrne, leader du feu groupe Talking Heads, auteur-compositeur-interprète-écrivain-designer-peintre-réalisateur-sculpteur-blogueur-etc et moi, avons tellement bousillé de chances de se rencontrer à travers les trente dernières années.
En 1983, fraîchement débarqué au Cégep de Chicoutimi, je mettais la main sur le disque Speaking in Tongues de Talking Heads. Je devais avoir acheter le disque à la Boîte à Musique sur le coin Racine et Riverin à Chicoutimi, le magasin était la propriété d’Yves « Captain Rock » Hébert (Fm 98), et mes disquaires favoris étaient Alain Dassylva (j’en ai déjà parlé ici) et Jean-François Côté (journaliste à Radio-Canada). Bien sûr que j’avais acheté cet album pour Burning Down The House, la chanson sur laquelle on se trémoussait au Vert-Tige (de Robert Hakim, des Rythmes du Monde) — le bar mythique de Chicoutimi — dans les années 80’s, pour réaliser après plusieurs écoutes que ce n’était pas nécessairement la meilleure du disque. Par la suite, j’ai acheté les albums précédents : le fabuleux Remain in Light allait devenir tout aussi important dans ma discothèque personnelle.
Premier rendez-vous manqué. En 1984, la tournée Stop Making Sense s’amorçait avec dans sa liste de villes visitées, Montréal. Et pas n’importe quel spectacle: au Stade olympique avec Peter Tosh (l’ex Whailers) et rien de moins que The Police (la tournée Synchronicity). Wow. L’apothéose. Talking Heads et The Police se partageant la même scène. Mes deux groupes préférés. Rien au monde ne pouvait me faire rater ça. Rien. Affirmer ça, à l’époque, était sous-estimer mon sens des responsabilités. J’avais déniché au début de l’été 1984, un emploi à l’imprimerie Léopold Tremblay (qui allait fusionner des années plus tard avec l’imprimerie Chicoutimi pour devenir ICLT). Je trouvais ça génial : ma passion pour les arts graphiques naissait et cela me permettait de vérifier si ce métier serait le mien. Les odeurs de chambre noire, de papier, d’encre; le tapage des presses, imprimeur comme métier était étourdissant; j’étais fait pour ce monde. Encore aujourd’hui, quand je me trouve dans une imprimerie ou que je reçois des pièces franchement imprimées, les effluves de papier me montent toujours à la tête comme une drogue au parfum enivrant. Bref. Quand j’ai su que ce concert débarquait à Montréal et qu’un voyage était organisé à partir de Chicoutimi, j’étais allé demander tout de go un congé à mon employeur. Qu’on m’avait refusé, bien sûr! Au lieu de me déclarer malade, de mentir, de me sauver, j’avais compris la situation. J’avais compris qu’on avait beaucoup trop de boulot et qu’on était une trop petite équipe pour l’abattre. Mon absence était injustifiée. Mon sens des responsabilités avait pris le dessus, ou une passion allait dominer l’autre…
Talking Heads devait se séparer 4 ans plus tard, produisant de moins bons albums vers la fin. David Byrne a continué à faire, de son côté, des disques inégaux, mais fait surtout un paquet de trucs différents et intéressants (visitez son site internet : son journal est l’un de blogues que je lis religieusement depuis des années). On s’est un peu perdu dans les années 90. J’avais beaucoup aimé son album éponyme de 1994, mais j’étais dans un tout autre mood. Mais voilà qu’au tout début des années 2000, j’allais rater un autre rendez-vous avec lui. Bien avant que les médias sociaux ne deviennent le phénomène que l’on connaît maintenant, le web avait déjà ses réseaux parallèles d’informations; IRC, les forums, les chats, les logiciels peer-to-peer donnaient la chance à des internautes du monde entier d’échanger des fichiers (souvent illégalement), mais surtout de communiquer entre eux sur des sujets qui les passionnaient. Je faisais partie de certains groupes qui se partagaient des connaissances entre autres sur la typographie et le graphisme en général. Comme nous le faisons si bien sur Facebook maintenant, nous débordions souvent du cadre du-dit forum, pour discuter de l’actualité ou de musique. J’avais alors connu, sur un de ces réseaux, un gars qui allait devenir une sommité internationale en typographie avec qui je partageais une tout autre passion : David Byrne. Lors d’une de ces discussions, il m’apprit que le chanteur allait jouer à Toronto et qu’il serait des spectateurs. Je ne me souviens pas exactement de la raison principale qui m’avait retenu de ne pas y aller, cette fois : la crainte de rencontrer un inconnu (je connaissais ce gars-là sans le connaître…), le boulot, la famille, etc. Qu’importe, j’allais manquer un deuxième rendez-vous avec David Byrne. Comme j’allais le manquer à nouveau, cette fois à Montréal à la Place-des-Arts, en 2004 pour x autres empêchements. Nous n’étions pas dus finalement.
Puis j’ai décidé que je ne passerais plus à côté de ma vie. J’ai créé Traitdemarc™ et me suis fait la promesse de tenter d’avoir dorénavant que des remords plutôt que des regrets. En 2008, on annonçait une tournée nord-américaine de David Byrne accompagné de Brian Eno qui, trente ans après avoir sorti un premier album en collaboration (My Life in The Bush Of Ghosts) récidivaient avec Everything That Happens Will Happen Today (excellent album, j’en ai parlé ici). Je n’allais pas manquer ce spectacle au Metropolis. Pas cette fois. J’ai acheté rapidement mes billets pour le 30 octobre 2008. J’étais déterminé. Vraiment déterminé. Mais pas autant que le cancer de mon père, faut croire. Le 28 octobre, en plein deuil, le dernier de mes soucis était les billets qui traînaient dans un tiroir de mon bureau. On n’était pas encore dû pour se croiser, David et moi. Pas vraiment. Partie remise?

Bien que l’album qui a servi de bougie d’allumage était Speaking in Tongues, j’ai préféré choisir le disque live Stop Making Sense pour son côté fougueux. J’ai offert l’album via iTunes à Louis Doucet, un chum avec qui j’essaie le moins possible de manquer des rendez-vous…

> Talking Heads / Stop Making Sense sur iTunes

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