L’âge dort.

Ce blogue aura bientôt 9 ans.

Dans les quelques 500 billets parus, y en a au moins 8 qui parlent de ma fête.

Un à chaque année.

Qui parle de vieillir.

Négativement.

C’est poche de vieillir. C’est plate. C’est diminuant. Eurk.

Au-delà de 5000 mots vous vomissent la hargne que j’ai à déchirer la dernière page du calendrier.

Parce qu’en plus, je suis né en décembre. Ça fait que j’ai l’impression de vivre mon année à crédit et de vieillir à la fin de celle-ci.

Tiens, ton année est finie. Paie. Change de chiffre, bonhomme.

À mon dernier anniversaire, je n’ai rien écrit.

Niet.

Rien sur mon âge. Rien sur ma fête. Pas de mots poubelles.

J’ai fait parvenir des fleurs à ma mère pour la remercier de m’avoir mis au monde pour voir le Monde.

Bon, c’était facile puisque j’étais en Indonésie, vous me direz. Mais j’étais ailleurs les dernières années aussi.

J’étais peut-être à l’extérieur, mais j’ai eu l’impression d’être beaucoup plus à l’intérieur.

De moi.

Ce dernier voyage m’a fait constater un paquet de trucs que j’avais décidé d’ignorer. Pour toutes sortes de mauvaises raisons.

J’ai une bonne santé. Mon corps tient le coup. Un peu excessif, oui. Capable de me renverser d’aplomb. Alcoolo social. Je dors peu. Je mange bien. Même si souvent, trop. Je fais de l’exercice. Même blessé. Il y quelques méandres qui apparaissent sur mon visage. Des taches sur les mains. Des poches sous les yeux. La barbe de deux jours est blanche. Le muffin qui me sort des jeans. Mais la plupart des trentenaires que j’ai croisés, pendant mon voyage, me donnaient une dizaine d’années de moins. Take it man. TAKE IT. Je fuis moins les miroirs depuis mon retour.

Ma tête ne va pas si mal non plus. Elle est fragile. Capable de plonger dans le noir. Mais la lumière n’est jamais loin. Je suis en apnée. Je plonge, mais jamais trop loin pour ne pas en revenir. J’ai des idées noires. Mais tout autant des idées multicolores. J’imagine que tout ça s’annule. Équilibre? Peut-être. Je m’en balance. J’ai déjà vu neiger. Mes opinions sont plus grises qu’avant. Les grands débats me laissent de marbre. Je fuis les raccourcis. Je réfléchis.

Je suis privilégié. Bon, en fait nous le sommes pas mal tous ici quand on se compare au reste du monde, mais disons qu’ici, je fais partie des privilégiés. Je n’ai pas l’impression que c’est de la chance : je travaille au même rythme qu’à mes 20 ans. Soirs. Fins de semaine. Je travaille peut-être trop. Mais ma tête et mon corps le prennent bien. Et j’ai la «chance» d’aimer ça. Sinon je quitterais tout. Je suis conscient que tout ça repose sur moi. Que si je tombe malade, tout s’écroule. Que la retraite dépend uniquement des choix que je fais. Aucune organisation qui prendra soin de celle-ci. Je ne me plains pas : c’est la vie que j’ai choisi.

J’ai l’impression d’avoir atteint un point de bascule. D’avoir arrêté le temps. Que l’âge dort en moi.

Pour combien de temps?

Bof.

Qui sait.

Je suis capable de 180 degrés.

Je ne suis pas à un premier deni.

Capable de virer boutte pour boutte.

Je prends ce moment de répit.

Je me permets d’arrêter le temps.

C’est encore la meilleure façon de vieillir.

Lentement.

 

2 commentaires

  • Belle réflexion Marc, pour ma part j’ai atteint 61 ans en janvier et dans mon cas le temps porte intérêt en ma faveur, car année après année je prend de la valeur. Dans mon cœur j’ai toujours 20 ans , mais avec un petit brin de sagesse en plus. Que Dieu me garde du reste, car vieillir pour moi est un privilège jour après jour. Comme disait maman le moment présent est le plus important. A plus mon amis !
    Denis Côté

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