Mauvaise journée

TM-Marcface_baddayY’a des jours où tu as l’impression d’être, comme dirait mon chum Alain, un pou dans la mélasse.

Pain in the ass comme disent les Anglais.

Rien ne va.

6h30. Les chiffres du cadran illuminent ta face.

Déjà.

Dans le lit, tu as la forme d’un bretzel. On dirait que tu es tombé d’un immeuble de 100 étages. Tes bras sont déconnectés tout autant que tes jambes. Tu es démembré. Si tu étais mort pendant ton sommeil, l’autopsie prouverait que tu t’es battu toute la nuit avec les bibites dans ta tête.

Le chien occupe 60% du territoire, ta blonde, 30%. Il t’en reste 10%, éparpillé un peu partout. Et ce même si tu représentes 50% de la masse totale. Ce qui explique ton état bretzel.

Tu t’es couché à 2h30.

Ton livre de chevet te scie la joue. Tu t’es endormi dessus.

Littéralement.

Ta bave servant de signet.

Ce livre dont tu devras relire les 50 dernières pages parce que tu les as lues dans un état semi-comateux en t’obstinant, les yeux dans l’eau, que tu finirais ce soir-là les 300 dernières restantes.

Tu te réveilles et à la radio, y a déjà un truc qui te fait chier.

Les nouvelles. La voix nasillarde de l’animatrice. Le mot mal prononcé qui te reste dans l’oreille. La toune poche. La météo.

Fuck.

Tu te dis que le monde, c’est lourd.

Tu te traines tout de même à la salle de bain.

Le miroir est inévitable.

Malgré les crottes dans tes yeux, tu vois tout ce qui dépasse et pend.

Les cheveux sont en broussailles et ils vont le rester.

Tu urines pendant 3 heures.

Tu te dis: fuck, ma prostate.

Je devrais me lever la nuit.

Bla-bla.

Tu te le dis sans y croire. T’aimes mieux l’entendre dire par ton doc quand il a son doigt dans ton cul. Pain in the ass.

Tu te places face à l’évier qui pompe l’eau chaude du sous-sol.

Tu évites le miroir. Pas deux fois. Pas cave à temps plein.

Tu t’ébouillantes la face avec l’eau qui a finalement décidé d’atteindre le point d’ébullition pendant que tu analysais, avec ta main, l’état de ta barbe que tu n’avais nullement l’intention de couper malgré son état qui te fait ressembler à un chercheur d’or qui ne s’est pas lavé depuis 3 mois.

La face rouge, les yeux rouges, tu te brosses les dents en oubliant de fermer la bouche. Et de changer à l’eau froide.

Tu reviens à la chambre.

Regarde tes vêtements.

Jeans pâle. Jeans foncé. Jeans délavé. Pantalon. Tu prends le pantalon. Mets le pantalon. Enlèves le pantalon. Mets le jeans pâle.

Prends le premier t-shirt sur la pile. Pâle. Mets le t-shirt pâle. Réalises être ton sur ton. Tu changes le jeans pour plus foncé. Celui qui te fait un gros cul. Mais tu changes plutôt le t-shirt et tu prends le foncé.

Fuck.

Tu irais travailler à poil.

Si ce n’était de tout ce qui pend et dépasse.

Tu trouves finalement un truc qui fitte… dans la noirceur de la chambre. Mais à la lumière de la cuisine, ça craint. Mais tu te dis que tu vas passer la journée tout seul au bureau. Anyway.

What the fuck, hein?

Tu regardes la cafetière.

Y a de l’espoir.

Le café c’est l’héroïne du lève-tôt.

Ça, tu te dis, ça va me sauver la vie.

Vide.

Normal.

Ta blonde t’a demandé de t’en occuper avant d’aller se coucher.

T’aurais le goût de brailler. De te mettre en bretzel sur le tapis. Et tu repenses à ta nuit dans cette position et tu te dis que tu seras mieux au bureau, finalement.

Ton auto pue.

Tu regardes partout. Y a rien de vivant, à part toi, dans cette auto.

Tu ramasses un café et un muffin au MacDo.

Un lait, un sucre. Aux carottes.

Tu as l’impression que les ingrédients sont tous bons, mais pas dans le bon ordre.

Tu arrives au bureau.

Ton bureau pue.

Fuck.

Il est 7h30 et tu te demandes déjà comment tu vas réussir à passer à travers.

Au premier téléphone, ton client te demande si ça va.

– Super journée, tu lui réponds, l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt! Si je peux aller te rencontrer? Bien sûr J’arrive ! Tu raccroches en riant. En te brûlant sur ton café trop sucré, ton muffin en carton dont les graines tombent sur ton kit plus ou moins agencé.

Fuck.

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