Les trois mousquetaires

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Nous n’étions pas destinés à être ensemble.

Quatre gars de milieux différents.

De quartiers, mais tout autant de statuts sociaux. Petit gars du centre-ville, un autre de Chicoutimi-Nord, un de Notre-Dame et un autre du quartier derrière les centres d’achats. 4 gars avec des métiers aux antipodes. Finance, droit, vente au détail, communication. Un qui aime la moto, l’autre Petula Clark, un qui adore la pêche aux saumons et l’autre qui lit de la bande dessinée.

C’est à se demander ce qu’ils ont en commun.

Rien.

Sinon ce lien unique d’être allé à la même école secondaire.

Pourtant, on n’est même pas devenus amis très jeunes. Ça aurait pu faire une belle excuse, expliquer cette rencontre comme une erreur de jeunesse, mais même pas. En fait, je ne me souviens pas trop où et quand cette belle amitié à vu le jour. Début vingtaine? Début trentaine? Pas tellement important, je dirais. Car aujourd’hui, je dirais depuis toujours.

Car j’ai l’impression qu’ils sont là depuis le début.

Et qu’ils le seront toujours.

Des gars à qui on raconte tout.

Des gars qui écoutent sans juger.

On raconte nos bonheurs comme nos malheurs. Sans aucune inhibition.

Nos soirées bien arrosées sont des histoires épiques dignes des contes de Cervantez. Nous sommes des Don Quichotte. Nous nous battons contre des moulins à vent. Nous sommes des hommes de taverne. Nous nous abreuvons même la vie. À grandes lampées. Chacun à notre manière, nous racontons nos vies avec autant de rires que de pleurs. Nos aventures sont épiques et nos plans rarement réfléchis. Quatre gars au bord de la cinquantaine, avec des cœurs dans la vingtaine, les yeux dans l’eau, qui parlent des vraies affaires.

Ou des affaires ordinaires.

Parce qu’on est comme ça aussi.

Des gars.

Dans tout ce qu’ils ont de plus insignifiant.

Dans tout ce qu’ils ont de plus édifiant.

Les mousquetaires de Dumas. Un pour tous et tous pour un. Notre amitié comme seul arme. Prêt à affronter des armées.

Dans le taxi qui me ramenait à la maison, je leur ai envoyé un texto truffé de fautes causées par l’alcool:

Y’a des jours ou je me dis quoiqu’il arrive dans la vie, je sais que vous serez toujours là. Et ça me rassure. Je vous aime.

Et je me suis évanoui.

Repu. En me flattant la bedaine.

Mais heureux.

Comme devait l’être Dartagnan.

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