Merci Clef-Re

TM-Marcface-livreAujourd’hui, je suis retourné au bureau après un arrêt de 3 semaines.
La face gommée, le pas de travers, j’ai avancé à pas lents comme si cette façon de marcher retarderait la réalité.
Comme un boeuf qui sifflerait sur son chemin à l’abattoir.
Ma boîte aux lettres débordait de prospectus, de factures, mais pas de chèque.
Un indice de plus que la période des Fêtes est bel et bien terminée.
Fini les cadeaux.
Tout au fond du casier métallique, une intrigante enveloppe matelassée a retenu mon attention.
J’ai tout fourré dans mon sac, gravi les marches une à une en prenant le temps de les compter, convaincu que l’on avait ajouté un étage à l’immeuble pendant mon absence.
Arrivé au sommet, essoufflé d’avoir bu 22 jours de suite, je me suis retrouvé face à cette porte sombre où trône un T métallique à coté d’un clou qui jadis était recouvert d’un M.
J’ai ouvert la porte de mon bureau et une odeur de renfermé s’en est dégagée.
Rien pour me motiver.
Il y avait un squelette sur le sofa.
Mais j’ai fait comme si de rien n’était.
Rien n’avait bougé depuis mon départ.
J’ai déposé mon sac et la pile de courrier sur ma table à dessin.
Une pile par dessus une autre pile.
Comme des couches classées par catégories.
Des strates de revues.
Des strates d’esquisses.
Des strates-à-j’aime.
Une accumulation de preuves de ma légendaire procastination.
J’ai tripoté la grosse enveloppe.
Et j’ai lu Postexport.
J’ai alors réalisé qu’elle me provenait de France.
Y a que les Français pour écrire en anglais.
Je ne connais peu de personnes en France.
Quelques amis, ici et là.
Des amis réels que je vois rarement.
Des amis virtuels que je croise plus souvent.
En plongeant ma main dans le paquet, j’ai tout de suite touché des livres.
Et une carte.
Comme je viens d’une vieille génération et que mes parents m’ont toujours appris que c’est plus poli de lire les cartes avant de déballer un cadeau, j’ai fait à ma tête et regarder les livres.
Le contenu:
Le journal intime d’un arbre de Didier Van Cauwelaert.
Lyres de Francis Ponge.
Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi.
Et cette petite carte carrée.
Une petite carte illustrée d’une reproduction de Jean-Baptiste Santerre.
Jeune fille à la bougie.
1700.
Après J-C.
Une jeune vieille.
Avec une peau de toile craquelée.
À l’intérieur de la carte, une écriture fluide.
À l’encre bleue.
Du style fontaine.
Pas une encre sèche d’un vulgaire Bic.
Une encre attachante.
«Cher Marc, je vous envoie trois livres symboles qui me font penser à vous, à votre esprit, à votre en-vie lectrice palpable et vaillante…»
La suite du message je la garde pour moi.
C’était signé Claire.
Ou Clef-Re.
Lectrice de ce blogue.
J’ai déposé la carte sur les livres.
Et ouvert chacun de ceux-ci pour réaliser qu’ils avaient été paraphés.
J’ai senti un sourire naître sur mon visage.
Le premier de la journée.
Je me suis senti renaître.
J’ai fait le ménage de mon bureau.
Dépiler.
Repiler.
Jeter.
Ordonner.
Mais pas trop.
En regardant l’enveloppe, je me suis senti privilégié.
Choyé.
Apprécié.
Qu’une personne que je connais à peine, prenne le temps de m’envoyer ce présent, «d’outre-océan» comme l’écrit si bien Claire dans sa plume si vivante, m’a confirmé encore une fois que la gentillesse est une arme de séduction massive.
J’ai le goût de redonner vie à ce blogue.
Merci Claire, pour ce généreux présent.
Merci pour la pensée.
Merci pour le bonheur.
xxx.

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5 commentaires

  • 🙂

    (Je finis aujourd’hui de couver la grippe qui m’a empêché (ou permis ?) de (ne pas) retourner au travail lundi : pour le plaisir de vous re-lire, sur ce blog épatant de vie, Marc, vive ce mercredi !)

  • Et j’ouvre à l’instant avec mes enfants l’enveloppe-à-bulles contenant trois livres envoyée par ma cousine-du-bout-d’la-France, et trouvée ce soir dans la boîte-aux-lettres, quelle coïncidence !
    Les dieux d’la poste et du papier aiment bien le 8 janvier, on dirait… 😉

  • 8 janvier 2014 at 14:48 //

    « …redonner vie à ce blogue. » Excellente idée! C’est toujours un plaisir de vous lire.

  • 8 janvier 2014 at 20:30 //

    Encore une fois, ce fut un réel plaisir de lire ton article… Surtout au début, car je ressentais la même vague à l’âme hier matin quand je suis retournée au bureau après le congé des Fêtes. Heureusement, après quelques minutes, j’étais très contente de retrouver mes collègues, mon bureau, mon travail et encore une fois de me dire que j’étais privilégiée de travailler au sein d’une si belle équipe tricotée serrée où je me sens appréciée et écoutée. Passer le premier quart d’heure et j’étais prête à attaquer la prochaine année avec une énergie que je ne me connaissais pas deux heures plus tôt. Je te souhaite une bonne année 2014 remplie de beaux moments comme celui que tu viens de nous faire partager.

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