Non.

Trois petites lettres. Trois petites lettres formant un mot tout simple. Un mot insignifiant à la syllabe unique, mais qui détient un pouvoir immense. Celui de mettre un terme à une situation ou à une conversation, un mot qui a la force d’affirmer une dissidence ou son désaccord. Un mot enfantin, puisqu’on l’apprend dès nos premiers balbutiements; un mot qui, tout jeune permet déjà de s’exprimer et de marquer ses limites.

N-0-n. Non.

Un mot facile, certes, mais pourtant extrêmement difficile à utiliser pour un consultant comme moi.

Difficile de dire non quand ton boulot repose justement sur ta capacité de répondre oui.

Difficile de dire non quand ce mot met une limite à servir un client.

Difficile dire non quand on s’attend à ce que tu dises oui.

Comme pigiste, on devrait pourtant avoir toute la latitude pour pouvoir dire non. Toutes les raisons peuvent être bonnes. Trop de travail, pas assez de budget ou mandat inintéressant. Comme consultant, ne sommes-nous pas libres? Libres de décider avec qui on travaille, avec qui on ne le fait pas, libres de décider nos conditions pour accepter un mandat ou qu’elles sont nos limites pour le refuser. N’est-ce pas cette latitude qui a motivé notre choix de prendre cette avenue au lieu de travailler sous les ordres de quelqu’un d’autre? Cette soif de liberté n’est-elle pas la raison ultime justifiant tous les inconvénients possibles?

Ce n’est pas si simple.

Chaque fois qu’il est possible de dire non et de refuser un projet, il y a cette petite voix intérieure qui te rappelle la fragilité du domaine des affaires, la friabilité des relations professionnelles et par-dessus tout les conséquences d’un refus. Il ne faut pas se leurrer, toutes les fois, sur un coup de gueule, qu’on pense dire non à une demande, il se produit comme un effet domino dans sa tête. En disant non au projet A du client B, tu a peur de te fermer les portes du projet C, beaucoup plus intéressant du même client ou pire encore que ce refus, se répercute sur d’autres clients, comme une maladie transmissible. Le monde et petit et la fièvre du non peut facilement se transmettre.

Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup de difficulté à dire non.

Je me mets dans des situations invraisemblables parce que je refuse trop souvent de dire que je ne suis pas disponible, ou que le dossier n’est pas pour moi. Alors, je travaille comme un fou parce que j’ai refusé de le dire. Cette fibre de responsabilité, tissée au plus profond de moi, m’étouffe et me rend parfois la vie impossible. Cette fibre qui me compose et qui fait de moi, une personne qui va trop souvent s’oublier au profit des autres. Dire toujours oui, c’est penser aux autres avant tout. Dire non, c’est s’affirmer et penser à soi dans un premier temps, sans penser aux conséquences ou simplement sans les avoir mesurés d’avance.

Difficile de déprogrammer une personne, hein?

Oui.

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