Chroniques malaysiennes 06 – People

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– Je me demandais, y’a des conflits entre les gens par rapport à ce que tu me racontais hier?

Brandon à pris le temps de prendre une puff de sa cigarette pour me répondre que non.

Non. Les musulmans sont privilégiés par rapport à l’achat de terrains, de possession d’immeubles, mais Brandon qui ne l’est pas, me dit que c’est correct comme ça. Et que la plupart des gens pensent comme lui.

Brandon est chinois et c’est le gérant du petit hôtel où j’ai débarqué à Kuching. On avait jasé pas mal la veille de mon départ  pendant que je prenais une bière et lui fumait une cigarette, on a parlé d’un paquet de trucs et on a continué le lendemain puisqu’il s’était offert de nous accompagner un peu partout à Kuching en cette dernière journée.

On a en profité pour jaser chacun de nos quotidiens. À la fois si différents, mais tout autant tellement semblables.

Prenons par exemple, le cas des premières nations. Les natifs, comme on les appelle ici. Dans l’état du Sarawak, on dénombre pas moins de six ethnies qui habitaient l’île de Bornéo avant la colonisation. Brandon pense que ces groupes ont fait une erreur en acceptant de l’argent et des maisons pour pallier à leurs héritages ancestraux. Qu’au lieu de ça, ils auraient pu s’éduquer et en profiter pour se développer eux-même.

– Same thing in Canada, Brandon. And in a lot of countries where i have been.

Brandon a sourit.

Voilà l’essence même du voyage.

Découvrir. Apprendre. Échanger.

Si vous visitez uniquement des lieux, vous manquez l’essentiel du voyage.

De toute façon, les lieux sont souvent mieux dans les livres. Les photos y sont toujours meilleures que les vôtres. Vous pouvez y aller aussi directement sur Google Map. Zoomer. Tourner à gauche. À droite. Regarder cet immeuble, cliquer dessus et lire tout ce qui le concerne sur Wikipedia.

Je sais pas.

Pour moi, c’est pas voyager.

Il vous manque l’essentiel.

Ceux qui habitent ces lieux.

Comment ils vivent. Qu’est-ce qu’il mangent. Ils font quoi comme travail.

Ils sont pour la plupart, comme vous. Avec ou sans famille. Une blonde ou pas. Divorcé. Sans travail. Trop de travail. Monoparental. Les côtoyer vous fait réfléchir à votre propre existence. Votre vie. Sans jouer le jeu des comparaisons, il faut savoir relativiser pour éviter des conclusions biaisées par rapport à ses propres expériences. Apprendre sans juger, quoi.

Voyager c’est ça.

Sentir le parfum du durian, ce fruit emblématique de la Malaisie. Ce fruit qu’on dit qu’il ne faut pas se fier à son odeur dégoûtante, si prononcée qu’il est interdit dans avoir en sa possession dans les transports en commun et dans les hôtels. Mais faut surtout y goûter. Je l’ai fait. Ça goûte la marde. En fait, c’est pire que le sentir, car la texture est pareille à du vomi de bébé. Mais fait y goûter. Pour le savoir.

Les odeurs de voyage m’enivrent.

Celle des caniveaux secs qui vous remontent dans le nez quand vous marchez sur un grillage d’égout. Celles du street food. Barbecue improvisé au coin d’une rue. Toutes ces étales dans les marchés publics où ces poissons vous regardent sans que vous sachiez leurs noms. Il faut aussi y goûter. Passer par dessus le dégoût et foncer. Parlez au pêcheur, il vous passionnera.

Plus des trois quart de mes repas en Malaisie ont été pris dans la rue. Assis tout croche sur une table bancale, à commander des trucs sans savoir c’était quoi. À demander au serveur, vous, vous mangeriez quoi. A me tromper rarement. À bouffer des trucs dont je vais m’ennuyer pendant l’année qui vient.

Et tous ces gens autour qu’il faut découvrir.

J’ai parlé avec des Polonais, des Italiens, des Français, des Allemands, des Chinois, etc. Name it. On fait le tour du globe rapidement quand on parle aux gens autour de soi. On appelle ça : voyager en double.

Si c’est dépaysant? Pas à peu près.

Épeurant? Bof. Je sais pas.

Je pars du principe que les gens ont de bonnes intentions dans la plupart des cas. À moins de jouer les matamores dans des quartiers malfamés dans le milieu de la nuit, je pense que les gens sont bons. Et en t’adressant à eux de cette façon, tu viens de mettre la table à une relation saine. Si tu débarques avec ton attitude sauvage de touriste avec du cash qui veut être reconnu et adulé comme un conquistador, tu donnes un ton négatif à une relation naissante. Qui veut tisser des liens avec un trou de cul?

Voyager c’est aussi apprendre à se connaître.

À se découvrir soi-même.

Voyager, c’est thérapeutique.

Et malheureusement, ça a une fin.

Jusqu’au prochain.

4 commentaires

  • Bon retour au Québec et c’est aussi mon voyage à moi à travers toi qui se termine. Merci!

  • Tout à fait en accord avec toi Marc…. voyager, c’est avant tout d’aller vers les gens, de prendre le temps avec eux, de les écouter, d’échanger, de manger quelque chose de pas inspirant à cause d’un sourire, de prolonger dans un village à cause d’une rencontre…. j’ai vraiment aimé te lire…. bon retour!

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