Le gène heureux.

TM-Marcface-geneJe suis né dans une famille où la table de la cuisine avait la vertu magique de s’agrandir au nombre des personnes qui s’y joignaient. On arrivait chez nous sans s’annoncer et on y était toujours reçu comme si on attendait votre visite depuis des mois. Mes parents aimaient recevoir, avaient toujours de la bouffe pour tout le monde et si y en avait pas, ben y’en avait toujours quand même. Autour de cette table, on buvait, on mangeait, on parlait; il se dégageait une odeur de bonheur et de connivence. On discutait parfois fort, on cognait quelquefois sur cette table, on avait pas toujours la même opinion, mais on tombait tout de même dans un état de communion. Pas au sens religieux, mais à celui plus noble du terme, celui de la communication. Celui de donner et de recevoir. L’idée de prendre soin de ceux qu’on aime, d’apprécier la présence de gens importants à nos yeux, et surtout d’en connaitre de nouveaux. On apprend mieux à découvrir des personnes différentes quand le terreau est fertile aux échanges. Il faut avant tout avoir l’éponge facile. Se laisser imbiber des autres et vice versa. N’essaie pas de te mêler aux autres si tu n’as pas envie d’affronter des différences. Sinon, discute devant un miroir. Reste dans ton cercle homogène. Au sec.

Dans ma famille, les amis des amis étaient toujours les bienvenus. La famille s’élargissait au nombre de patates. L’équation était simple: si-tu-me-trouves-intéressant-alors-tu-devrais-aimer-mes-amis étaient la règle. Tout ça était normal. On ne poussait rien. Normal. Comme la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, j’ai reçu de mes parents ce gène magnifique qu’est celui de la générosité. Recevoir, donner, m’impliquer a toujours fait partie de mon quotidien. Dans la normalité des choses. Aujourd’hui encore, je réponds toujours présent quand on me sollicite directement où quand mes amis ont dit oui à une cause qui les anime, et qu’ils demandent mon aide.

Je pense avoir transmis ce gène à mes enfants. Les deux s’impliquent dans leur communauté. C’est con, mais ça me rend aussi fier que leurs notes et leurs réussites scolaires. Réussir sa vie, c’est tellement pas d’avoir uniquement une grosse job. Vivre en société c’est surtout évoluer dans celle-ci en prenant soin des autres.

Dernièrement sur Facebook, une amie écrivait qu’un de mes clients, que j’estimais déjà énormément, donnait une partie de son stock invendu aux plus démunis. Comme ça. Et ce, dans l’anonymat le plus complet. J’aimais beaucoup ce client, mais aujourd’hui, je l’admire. Alors que d’autres en auraient profité pour se donner du capital, pour s’acheter de la sympathie ou mousser tout ça dans une pub, ce geste discret était fait dans une humilité parfaite. Parce qu’elle est là la vraie générosité. Quand elle est gratuite. Sans arrière-pensée. Quand elle va de soi. Sans un but caché de plaire, de profiter, de bonifier, etc.

L’essence même de la générosité est dans son innocence.

Si vous attendez un retour, vous tombez dans le business. Dans le devoir et l’avoir. Si vous attendez qu’on vous nomme, qu’on vous mette de l’avant, qu’on projette votre nom en bold sur un immeuble, vous êtes dans l’erreur. Donner est un geste impulsif et merveilleux, mais qui perd tout son sens et devient malsain quand il est programmé pour séduire.

Dans une société parfaite, nos petits gestes seraient vus comme des délicatesses. Dans le monde où nous vivons, il est devenu une nécessité de s’impliquer pour permettre à de plus démunis d’avoir un petit rayon de soleil à eux aussi. Le temps des Fêtes est une période plus difficile pour certains et souvent plus propice à une telle réflexion, mais il faut surtout y penser en juillet. En septembre, en mai, en avril. En fait, tous les jours.

Donner, ça rend heureux. À celui qui reçoit, mais tout autant, sinon plus, à celui qui donne.

Ne vous en privez pas.

1 Commentaire

Laisser un commentaire