À malin, malin et demi.

Hercule Poirot, Sherlock Holmes et Miss Marple peuvent aller se rhabiller. Je viens tout juste de démasquer une belle gang de voleurs.

Je vous explique.

Depuis quelque temps, je suis à la recherche d’un Roadtrek, un mini campeur fabriqué à partir d’un Dodge Ram. Je fouille partout sur le net pour trouver le meilleur deal possible. J’épluche les PAC, Kijiji, Ebay, AutoTrader, etc. Depuis le temps que j’achète en ligne, je ne vois pas pourquoi acheter une voiture serait plus difficile comme transaction. Et voilà que cet après-midi je tombe sur le modèle au prix que je cherchais sur le site AutoHebdo.net. La description du véhicule est exactement ce que je cherche; le prix nettement au-dessous de la valeur. Ça valait la peine d’avoir attendu tout ce temps. Je me félicite pour mes recherches et, tout énervé, je communique via le site, au propriétaire du véhicule afin d’avoir plus d’informations. Je reçois rapidement une réponse de la propriétaire, une certaine Abigail Logan, qui me raconte qu’elle est présentement à Londres pour son travail, mais que le véhicule, lui, est resté au Canada (au Yukon). Elle m’explique que pour la transaction, elle veut passer par Amazon Payment, une façon sécuritaire qui nous protège tous les deux. Assez simple comme transaction : je paie Amazon qui garde les fonds pendant que la vendeuse fait livrer le Roadtrek chez moi; du moment que le véhicule est chez moi, j’ai cinq jours pour le faire vérifier, afin de m’assurer qu’il est tel qu’annoncé. Aussitôt qu’Amazon reçoit mon aval, et que le véhicule est en normes, elle libère les fonds. Simple, efficace et effectivement très sûre comme transaction. On parle quand même d’Amazon.

Mais je suis un petit malin. Pas cave à temps plein.

Comme c’est ma première transaction en ligne de cette valeur (on parle quand même d’un achat de plus de 10 000 $) je décide de fouiller un peu plus, encore sur internet, afin de voir tout ce qu’il faut s’assurer quand on veut acheter une voiture sur internet. Une des premières choses à vérifier est le numéro de série du véhicule, le fameux NIV (ou VIN en anglais). À partir de celui-ci, il est possible de savoir si la voiture a déjà été accidentée, volée, etc. C’est l’ADN du véhicule. Plusieurs sites comme Carfax (américain), Car-Proof (canadien) offrent leurs services afin de vous donner l’heure juste sur le véhicule. J’envoie donc un courriel à ma vendeuse londonienne pour m’enquérir du fameux numéro et celle-ci me répond encore très rapidement. Je tape le NIV sur Car-Proof et il me donne quelques infos gratuites, les plus importantes et détaillées me seront dévoilées quand je paierai pour le forfait désiré (entre 9,95 $ et 69,95 $). La SAAQ offre le même service pour 8 $ si l’auto est au Québec, mais comme, ce n’est pas le cas, mes options sont limitées. En tentant de trouver un meilleur prix que Car-Proof, je tape négligemment le numéro de série dans Google, juste comme ça, pour le fun. Bingo. Google trouve une page : un gars de la Californie qui offre des voyages de pêche en haute mer (!) aime tellement son Roadtrek qu’il lui dédie une page sur son site internet. Sa description est tellement étoffée qu’on y trouve même le NIV. Vous l’avez deviné, le même que celui que ma vendeuse m’a donné. Je suis surpris, mais juste à moitié : il s’agit peut-être du premier propriétaire du véhicule. On parle quand même d’un véhicule qui date de 1998. La description du véhicule est identique. Tout y est décrit de la même façon que dans le courriel que ma vendeuse m’a si gentiment fait parvenir.

Je décide d’écrire un mot au gars de la Californie. Histoire de tâter le terrain de façon hypocrite, en lui demandant s’il est le propriétaire du véhicule afin de vérifier sa satisfaction vis à vis le bolide. Il me répond par l’affirmative. Je lui redemande s’il est à vendre et me répond que non. Boum. Ça, c’est plutôt louche : deux véhicules avec le même numéro de série, mais avec des propriétaires différents. Biz.

Je tente alors une autre piste : une petite recherche sur ma vendeuse, Abigail Logan et son courriel gmail.com.

En deux minutes, je suis tombé sur le site fightthescams.com qui dénonce certaines manoeuvres douteuses sur le net. Je m’aperçois que ma supposée vendeuse londonienne a tenté de vendre un bateau, une Honda Accord, etc. avec le même stratagème. L’étau se resserre.

Mais voilà que j’en apprends un peu plus.

Dans son premier courriel dans lequel, elle me parle de la façon de payer via Amazon Payment, elle me facilite la vie en me donnant les liens directement via le courriel. Je clique sur le lien et arrive sur le site d’Amazon. En fait, sur un site ressemblant exactement à celui d’Amazon, mais avec une adresse pointant sur un hébergeur gratuit. Le site est un attrape-nigaud, un cas typique de phishing : une arnaque pour voler des informations bancaires et personnelles.

Je l’ai échappé belle.

À ce jour, j’ai dénoncé la fausse vendeuse Abigail Logan et son autre faux nom Phoebe Kellet à AutoHebdo.net (la version franco de AutoTrader), à Amazon aussi et n’ai surtout pas oublié de remercier mon ami californien d’avoir si bien décrit son Roadtrek. Tellement qu’il s’en était même fait voler l’identité.

Je suis cave, mais pas à temps plein. Comme dirait mon chum Black.

2 commentaires

  • 11 août 2012 at 5:35 //

    Wow, ça montre qu’il faut être extrêmement vigilant quand on magasine sur le net. Bravo Marc et bonne continuation de recherche pour ton RoadTrek!

Laisser un commentaire