Chroniques sénégalaises 08 – Le sable


Haaaa comme le sable a sablé
La vitre de mon iPad est un carré de sable
Haaaa comme le sable a sablé
Qu’est-ce que le spasme de tousser

Si la terre est composée de plus de 70% d’eau, le village de Thiaré, lui, est plutôt constitué de sable à 99%. Il est omniprésent. Les routes en sont composées, les maisons aussi. Y en a partout. Les quelques feuilles des arbres en sont couvertes. Les vents fréquents le soulèvent pour le pousser dans nos tentes. Nos valises en sont pleines. On en a jusque dans nos bobettes.

Avant hier, je me suis endormi à l’arrière du taxi qui me ramenait de Kaolack. J’avais laissé la fenêtre ouverte pour me permettre de respirer; résultat : je ressemblais à un touareg en vacances. En enlevant mes lunettes, j’avais des allures de raton-laveur jusqu’à ce que ma douche me libère de mon masque.

Ici, on balaie le sable comme si c’était un plancher. Accroupies avec leurs petits balais pas de manche, les femmes sassent le sable et extraient les feuilles ou les détritus qui s’accumulent toute la journée, créant de minis tempêtes autour de nous. Le plancher est propre, mais beaucoup moins nos tables et nos cheveux.

Nos nez et nos gorges sont durement mis à l’épreuve. Nos filtres naturels se bouchent. Nous toussons, mouchons, ce sable quotidien, tout comme nous crachons celui qui fait crissé nos dents. La saison sèche est ressentie jusque dans le fond de nos poumons. Il faut souvent choisir entre aérer notre tente ou endurer un peu de chaleur, car ouvrir les portes de celle-ci c’est s’assurer d’avoir à tout secouer avant de se coucher.

Samedi soir, nous avons eu droit à un party. Les griots sont descendus d’Ndofanne avec leurs djembés pour nous faire réaliser encore une fois que l’on danse aussi bien que des 2 x 4. Les villageois s’en sont donnés à cœur joie pour nous épater par leurs danses tout en riant de nos pas ridicules. La piste de danse a rapidement été surplombée d’un épais nuage de sable, nos lampes frontales créant des halos à travers cette brume opaque qui nous piquait les yeux.

Le sable a tout de même une vertu magnifique, celle de justifier nos larmes lors des événements difficiles.

En vrac
Piqué de ma lecture, Fatou Diome «Le ventre de l’Atlantique», cette phrase qui résume bien nos différences : En Afrique, je suivais le sillage du destin, fait de hasard et d’un espoir infini. En Europe, je marche dans le long tunnel de la performance qui conduit à des objectifs bien définis.

Lors de ma dernière escapade a Dakar, J’ai eu le privilège de souper avec Malick, notre chef ici, et sa copine Ousso, étudiante en marketing à l’Université de Dakar. J’avais l’impression d’être un chaperon. Si le soleil avait des yeux et une bouche, c’est à Malick qu’il ferait songer.

Dans un taxi dakarois, j’ai entendu quelques pubs à la radio. Une, du ministère des Transports, rappelait quelques consignes pour la conduite automobile. On suggérait des pauses de trente minutes à chaque deux heures de route. Mon aller-retour Thiaré/Dakar de dix heures aurait dû résulter à deux heures et demie de pause. Disons que nos chauffeurs n’ont pas dû entendre les consignes…

1 Commentaire

  • 16 janvier 2012 at 10:48 //

    Je suis bien contente d’apprendre que Malick a une copine !!! 🙂
    Bon retour Marc 🙂

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