Chroniques Sénégalaises – Partie 2

Nous avons atterri à 22h30. Une demi-heure plus tard que prévu. Quand il a aperçu les premières lumières de Dakar, mon voisin de siège me disait qu’il n’avait jamais vu la capitale du Sénégal éclairée de la sorte; il était de retour après une trentaine d’années d’exil. Un retour aux sources pour lui. Une découverte pour moi. L’aéroport Léopold Sédar Senghor n’est pas différent de ceux que l’on voit en Amérique latine : c’est le bordel à l’arrivée. Les bagages s’empilent, les gens se bousculent certes, mais toujours avec le sourire. Faut dire que notre équipe a beaucoup de bagages; une valise personnelle contenant du matériel domestique tel que du papier hygiénique en passant par un sac de couchage, produits nettoyants ainsi qu’une valise contenant du matériel médicale : antibiotiques, pansements, vitamines, etc. À l’arrivée, Malik Faye de l’ENDSS (École Nationale de Développement Sanitaire et Social) nous attendait, sourire aux lèvres. Coordonnateur et professeur, il sera avec nous tout au long de notre périple. Je vous raconterai son histoire plus tard, c’est pas mal intéressant.

400 ans d’esclavagisme
Avant de nous lancer dans notre aventure humanitaire, nous avons eu la chance de passer une journée à Dakar, histoire de visiter un peu la capitale. Nous ne pouvions pas ignorer l’incontournable Île de Gorée, un symbole de la mémoire de la traite des esclaves en Afrique, elle s’est distinguée à ce titre par l’UNESCO. C’est ici que transitait la presque totalité des esclaves d’Afrique vers les Amériques et l’Europe (bien que certains historiens considèrent que le lieu demeure plus symbolique qu’historique, prétextant que le nombre est grandement exagéré). Des familles entières dispersées à travers le monde perdaient leurs proches, leurs noms, leur dignité et liberté. Bien que le lieu est une attrape-touristes quant aux marchands achalants qui l’habitent, elle demeure un lieu fascinant, un emblème pas très édifiant de notre histoire mondiale. Joseph Ndiaye, ancien conservateur de la Maison des Esclaves avait écrit un poème très touchant qui décrit bien ce que représente l’Île de Gorée pour les Sénégalais, voire les personnes de race noire du monde entier…

Ô Afrique éternelle,
Voici que les lointaines plantations
Des Amériques sont inondées
De tes larmes.

Le peuple sénégalais a su garder
L’actuelle maison des esclaves
Afin de rappeler a tout Africain
Qu’une partie de lui-même a transité
Par ce sanctuaire

La traite a effectué un véritable
Écrémage de la population. on n’importait
Que les plus jeunes, les plus vigoureux,
Les plus sains, séparant mères et enfants
Et bouleversant l’équilibre démographique

En souvenir
D’horribles souvenirs

Tandis que les ombres
Du passé surgissent de l’ombre
Mandingue, Aradas, Bambaras,
Ibos gémissaient de chant
Qu’étranglait le carcan.
Ils étaient arrachés de la terre
Comme les racines du temps.

Parlant de lieu touristique, nous sommes passés voir le controversé Monument pour de la Renaissance Africaine. Immense statue pimpante sise sur une des deux Mamelles, les monts caractéristiques de Dakar. L’imposant monument est très bien aménagé, mais est un peu pompeux et demeure un lieu sans trop de saveur. J’avoue avoir trouvé la route pour m’y rendre pas mal plus intéressante. Sur le boulevard Corniche qui longeait la mer, j’ai dû compter plus de cent Sénégalais qui s’adonnaient au jogging. Pas trop difficile à comprendre, la vue était imprenable… Les Sénégalais ne sont pas de très grands coureurs de fond pour rien. Ça m’a donné le goût de dépoussiérer mes Asics en arrivant… encore une fois.

Demain, lever tôt. Nous prenons la route vers la brousse pour un trajet de cinq heures en autobus, direction Tiaré. La vraie aventure commence. À suivre.

EN VRAC

J’ai oublié de vous dire qu’au contrôle douanier à l’Aéroport Pierre Eliott Trudeau, j’ai fait un groupie de moi : j’ai vu l’écrivain Dany Laferrière. À toute les fois que je le croisais dans cette file-labyrtynthe, je me disais à l’intérieur de moi : allez, parle-lui, sans oser le faire. Dans la zone sécurisée, j’ai eu le bonheur de le revoir et là je n’ai pas hésité, je lui ai serré la main en lui disant combien j’avais apprécié ses livres, qu’il était un de mes écrivains préférés, que «Pays sans chapeau» est dans mon top 10 toutes catégories confondues.

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OK. Ce n’est pas tout. Sur l’Île de Gorée, on a vu Boucar Diouf, monsieur Palourde Royale, lui-même… Je ne suis pas la seule star au Sénégal présentement…

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Haaa. J’oubliais. Hier soir, en prenant ma douche dans une des résidences je me suis embarré dans la salle de bain. Incapable d’en sortir. Après quelques essais infructueux, on a dû défoncer la porte. J’aime autant le dire, ça va sûrement se ramasser dans les bloopers du blogue des étudiants

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À 6 h du matin, on a entendu l’appel à la prière dans la mosquée située près des résidences où nous habitons. Nous sommes en terre musulmane.

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On raté de peu la 3e édition du Festival Mondial de l’Art Nègre du Sénégal qui se terminait le 31 janvier, mais on a pu voir quelques pièces exposées en attendant le traversier au Port. Les pièces étaient géniales. J’imagine que le reste devait l’être tout autant. Une bonne raison de revenir pour la quatrième édition?

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5 commentaires

  • 5 janvier 2011 at 19:22 //

    Je m’ennuie de toi, Je m’en vais bièrer au Stade, je voudrais bien être à ta place sous ton filet à bibites.

  • Très intéressant à suivre ton périple. Marie-Caroline (ma fille) s’intéresse également à ton voyage une amie à elle en fait partie.
    J’ai souri à ton clin d’oeil sur Dany Laferrière, moi aussi j’ai déjà fait la même chose en le rencontrant à Québec dans le hall de mon auberge. J’avais rougi jusqu’aux oreilles en le saluant 🙂
    Je te souhaite un beau et intéressant voyage.
    Françoise

  • 8 janvier 2011 at 10:08 //

    Beau trip mon Marc mais tu aurais dû m’en parler ça t’aurait pris un caméraman!!! Bon voyage!!

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