Melomarc™ – Talking Heads / Stop Making Sense

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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Les rendez-vous manqués. C’est le titre que j’aurais dû choisir pour ce billet au lieu de laisser toute la place au titre de l’album. Parce que ça résumerait plus la relation difficile entre David Byrne et moi. Ou l’absence de relation serait encore plus juste. David Byrne, leader du feu groupe Talking Heads, auteur-compositeur-interprète-écrivain-designer-peintre-réalisateur-sculpteur-blogueur-etc et moi, avons tellement bousillé de chances de se rencontrer à travers les trente dernières années.
En 1983, fraîchement débarqué au Cégep de Chicoutimi, je mettais la main sur le disque Speaking in Tongues de Talking Heads. Je devais avoir acheter le disque à la Boîte à Musique sur le coin Racine et Riverin à Chicoutimi, le magasin était la propriété d’Yves « Captain Rock » Hébert (Fm 98), et mes disquaires favoris étaient Alain Dassylva (j’en ai déjà parlé ici) et Jean-François Côté (journaliste à Radio-Canada). Bien sûr que j’avais acheté cet album pour Burning Down The House, la chanson sur laquelle on se trémoussait au Vert-Tige (de Robert Hakim, des Rythmes du Monde) — le bar mythique de Chicoutimi — dans les années 80’s, pour réaliser après plusieurs écoutes que ce n’était pas nécessairement la meilleure du disque. Par la suite, j’ai acheté les albums précédents : le fabuleux Remain in Light allait devenir tout aussi important dans ma discothèque personnelle.
Premier rendez-vous manqué. En 1984, la tournée Stop Making Sense s’amorçait avec dans sa liste de villes visitées, Montréal. Et pas n’importe quel spectacle: au Stade olympique avec Peter Tosh (l’ex Whailers) et rien de moins que The Police (la tournée Synchronicity). Wow. L’apothéose. Talking Heads et The Police se partageant la même scène. Mes deux groupes préférés. Rien au monde ne pouvait me faire rater ça. Rien. Affirmer ça, à l’époque, était sous-estimer mon sens des responsabilités. J’avais déniché au début de l’été 1984, un emploi à l’imprimerie Léopold Tremblay (qui allait fusionner des années plus tard avec l’imprimerie Chicoutimi pour devenir ICLT). Je trouvais ça génial : ma passion pour les arts graphiques naissait et cela me permettait de vérifier si ce métier serait le mien. Les odeurs de chambre noire, de papier, d’encre; le tapage des presses, imprimeur comme métier était étourdissant; j’étais fait pour ce monde. Encore aujourd’hui, quand je me trouve dans une imprimerie ou que je reçois des pièces franchement imprimées, les effluves de papier me montent toujours à la tête comme une drogue au parfum enivrant. Bref. Quand j’ai su que ce concert débarquait à Montréal et qu’un voyage était organisé à partir de Chicoutimi, j’étais allé demander tout de go un congé à mon employeur. Qu’on m’avait refusé, bien sûr! Au lieu de me déclarer malade, de mentir, de me sauver, j’avais compris la situation. J’avais compris qu’on avait beaucoup trop de boulot et qu’on était une trop petite équipe pour l’abattre. Mon absence était injustifiée. Mon sens des responsabilités avait pris le dessus, ou une passion allait dominer l’autre…
Talking Heads devait se séparer 4 ans plus tard, produisant de moins bons albums vers la fin. David Byrne a continué à faire, de son côté, des disques inégaux, mais fait surtout un paquet de trucs différents et intéressants (visitez son site internet : son journal est l’un de blogues que je lis religieusement depuis des années). On s’est un peu perdu dans les années 90. J’avais beaucoup aimé son album éponyme de 1994, mais j’étais dans un tout autre mood. Mais voilà qu’au tout début des années 2000, j’allais rater un autre rendez-vous avec lui. Bien avant que les médias sociaux ne deviennent le phénomène que l’on connaît maintenant, le web avait déjà ses réseaux parallèles d’informations; IRC, les forums, les chats, les logiciels peer-to-peer donnaient la chance à des internautes du monde entier d’échanger des fichiers (souvent illégalement), mais surtout de communiquer entre eux sur des sujets qui les passionnaient. Je faisais partie de certains groupes qui se partagaient des connaissances entre autres sur la typographie et le graphisme en général. Comme nous le faisons si bien sur Facebook maintenant, nous débordions souvent du cadre du-dit forum, pour discuter de l’actualité ou de musique. J’avais alors connu, sur un de ces réseaux, un gars qui allait devenir une sommité internationale en typographie avec qui je partageais une tout autre passion : David Byrne. Lors d’une de ces discussions, il m’apprit que le chanteur allait jouer à Toronto et qu’il serait des spectateurs. Je ne me souviens pas exactement de la raison principale qui m’avait retenu de ne pas y aller, cette fois : la crainte de rencontrer un inconnu (je connaissais ce gars-là sans le connaître…), le boulot, la famille, etc. Qu’importe, j’allais manquer un deuxième rendez-vous avec David Byrne. Comme j’allais le manquer à nouveau, cette fois à Montréal à la Place-des-Arts, en 2004 pour x autres empêchements. Nous n’étions pas dus finalement.
Puis j’ai décidé que je ne passerais plus à côté de ma vie. J’ai créé Traitdemarc™ et me suis fait la promesse de tenter d’avoir dorénavant que des remords plutôt que des regrets. En 2008, on annonçait une tournée nord-américaine de David Byrne accompagné de Brian Eno qui, trente ans après avoir sorti un premier album en collaboration (My Life in The Bush Of Ghosts) récidivaient avec Everything That Happens Will Happen Today (excellent album, j’en ai parlé ici). Je n’allais pas manquer ce spectacle au Metropolis. Pas cette fois. J’ai acheté rapidement mes billets pour le 30 octobre 2008. J’étais déterminé. Vraiment déterminé. Mais pas autant que le cancer de mon père, faut croire. Le 28 octobre, en plein deuil, le dernier de mes soucis était les billets qui traînaient dans un tiroir de mon bureau. On n’était pas encore dû pour se croiser, David et moi. Pas vraiment. Partie remise?

Bien que l’album qui a servi de bougie d’allumage était Speaking in Tongues, j’ai préféré choisir le disque live Stop Making Sense pour son côté fougueux. J’ai offert l’album via iTunes à Louis Doucet, un chum avec qui j’essaie le moins possible de manquer des rendez-vous…

> Talking Heads / Stop Making Sense sur iTunes

3 commentaires

  • 15 septembre 2010 at 15:38 //

    Hé bien Marc, c’est très apprécié et ça me touche. Merci mon ami et soit certain qu’on ne manquera pas notre rendez-vous de vendredi prochain !!! A + et merci encore.

    PS: on est dû pour une grosse soirée NHL 2011 !

  • 15 septembre 2010 at 15:40 //

    J’ai oublié de préciser que pendant que j’écris ce commentaire, burning down the house joue dans le prélard !!!

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