La chaleur des glaces.

« … Profitons de notre dernière journée ici. Respirons les grands espaces, regardons le silence, écoutons l’harmonie qui règne ici. Demain,  ce sera déjà chose du passé. Nos pieds ne fouleront peut-être plus ces sentiers fragiles. La seconde présente est la plus importante, sachons en tirer profit. La vie est trop courte pour ne pas la voir comme un cadeau… »
Mario replaça dans la poche de son manteau isolé, la lettre qu’il venait de lire. Autour du feu, mes compagnons et moi qui venions de l’entendre laissâmes le crépitement des flammes sur le bois prendre tout l’espace sonore. Nos yeux étaient embués. Par le froid, par la chaleur, par les sentiments qui nous habitaient à ce moment présent. J’étais sur le Lac St-Jean. À 10 km de Roberval. Sur les glaces. J’accompagnais, avec mes copains Éric Larouche et Roger Blackburn, les deux Mario, Bilodeau et Cantin, dans leur périple de 10 jours autour du Lac pour faire connaître la Fondation Sur la pointe des pieds. L’organisme qui aide les adolescents atteints de cancer à retrouver leur estime de soi et leur fierté, en leur offrant un défi exceptionnel grâce à des expéditions d’aventure thérapeutique. J’en ai déjà parlé ici (et vous pouvez vous renseigner un peu mieux ). La lettre que Mario nous a lue était écrite par Marie-Hélène Côté et faisait partie du journal de bord du voyage sur l’île d’Ellesmere qu’elle avait effectué en 2000, grâce à l’équipe de la Fondation. Elle devait décéder, malheureusement, un an après. Non sans laisser derrière elle, un rase-o-thon, organisé par son père qui aide à financer la Fondation depuis maintenant 10 ans.
Autour du feu, j’écoutais Mario Bilodeau raconter la naissance de cette belle fondation. Nous partager ces histoires de vie, de combat, de renaissance pour ces centaines de jeunes qu’il a accompagnés pendant ces voyages thérapeutiques. Chaque lettre avait un effet-choc sur moi. Un mélange de tristesse et de bonheur. Je regardais l’homme qui les lisait et j’étais impressionné par sa sensibilité. Je savais que ce bonhomme avait tout un parcours : créateur du BAC en plein air de l’UQAC,  fondateur de la Fondation Sur la pointe des pieds et conférencier prisé sur les bienfaits thérapeutiques du plein air, mais je n’avais jamais eu le privilège de le rencontrer. Là, sur les glaces du Lac, où nous nous apprêtions à passer la nuit, l’entendre parler avec tendresse et respect des tous ces jeunes m’a fait découvrir un grand homme. Un homme hors normes. Avec une grandeur d’âme peu commune. Je me sentais choyé de pouvoir partager ces moments magiques à la belle étoile, d’entendre des histoires qui devaient mal se terminer, déjouer le destin et finir quelquefois positivement. Elles m’ont accompagné longtemps cette nuit-là, ces histoires, les yeux grands ouverts à fixer le toit de la tente. À faire de l’introspection sur mon propre parcours. Ruminant que nos destins sont si différents, mais se ressemblent tellement. Nos grandes joies, comme nos grandes tristesses puisant leur source au fin fond de notre propre vécu. Nous ne vivons pas en vase clos. On rencontre des gens exceptionnels tout au long de notre vie, des gens qui nous marquent à leur manière. Mercredi passé, sur ce lac, j’en ai connu un autre.

> Marie-Hélène Côté sur l’île d’Ellesmere

> La Fondation Sur la pointe des pieds recherche de têtes à raser pour son prochain rase-o-thon. Si vous connaissez des gens, communiquez avec moi, je vous mettrai en contact.

3 commentaires

  • Sur la pointe du crâne, sous nos cieux étoilés, j’offre l’idée, si pâle mais si sincère, d’une chevelure à vos pieds…

  • Chère Clef-re, vous seriez la première d’outre-mer à balancer vos tifs pour cet humble motif. Si le coeur vous en dit, je vous inscris et ramassez des euros pour votre tête…

  • Cher Marc,

    Le coeur m’en dit, oui, mais la tête…
    Je trouve l’initiative très belle, gonflée juste ce qu’il faut, avec cette pointe d’esprit canaille qui me plaît tant !
    La réalité sociale de mon quotidien est cependant telle que j’ai besoin d’y naviguer couverte, sans détourner l’attention de mes interlocuteurs… en respectant dress code, tif-code : alignement de rigueur…
    Rebelle je suis, oui, mais de l’intérieur !
    Et puis… mes projets de gitane requièrent cheveux au vent, également !

    Une mèche aux enchères, p’têt ben, hum ?

    Avec ou sans poil sur l’caillou, luttons pour ouvrir les esprits, bougeons les lignes ! Dépassons nos limites, nos crans d’arrêt, nos peurs, avec ou sans coiffeur !

    Une pensée douce pour l’âme de cette jeune femme, dont le courage scintille encore aujourd’hui, jusque dans nos vies…
    Bien à vous,

    Clef-re

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