Prêt pour la « vraie » vie?

appleVendredi dernier, je recevais à mon bureau une jeune étudiante du Cégep de Jonquière inscrite en ATM (Arts et Technologie des Médias). Sa mère qui travaille dans le milieu des médias m’avait référé afin de lui brosser un tableau assez réel de la profession de créateur publicitaire. Sous forme d’entrevue, j’ai répondu aux questions à la fois candides et pertinentes de mon apprentie journaliste. Je dis candide avec beaucoup de respect, car je trouve que la jeunesse a cette qualité, souvent hélas de moins en moins véhiculée aujourd’hui, d’être animé par cette petite flamme qu’on appelle la passion. Si pour elle, cette entrevue avait pour but de mieux orienter son choix de carrière en optant pour la création publicitaire (au lieu d’animateur/ journaliste/ technicienne/ etc.), pour moi ce fut un bel exercice d’introspection. Même si ce blogue me permet assez souvent d’écrire des réflexions sur le sujet, le fait de répondre à des questions précises à quelqu’un dont le but est de suivre mes traces était un exercice différent pas mal intéressant. Dans ce genre de situation, je suis assez volubile. J’adore parler de ce que je fais dans la vie. Je me sens surtout privilégié d’exercer un métier que j’adore qui me permet de bien gagner ma vie tout en me réalisant personnellement. Je sais que c’est plutôt cliché comme affirmation, mais le fait demeure qu’autour de soi, trop peu de gens sont heureux de leurs sort professionnel, comptant les jours comme des détenus jusqu’à leur libération (lire retraite). Ce que j’ai particulièrement apprécié dans cette rencontre, c’est surtout le fait que cette étudiante décide de rencontrer quelqu’un comme moi qui travaille tous les jours dans le domaine afin de lui brosser un portrait juste et précis du quotidien qui l’attend à la fin de son cours. Non pas que je doute que ses professeurs le fassent, mais la pratique est souvent loin de l’apprentissage. Je pense qu’il est impensable de choisir une formation collégiale ou universitaire et de ne pas faire plusieurs stages en milieu de travail, ne serait-ce qu’au début de simples stages d’observation. Dans une autre vie professionnelle, j’ai eu l’occasion de prendre des stagiaires d’ATM, en fin de formation. Toutes les fois, je suis arrivé à la même conclusion qu’eux : pourquoi avoir attendu à la fin de leur formation pour leur faire découvrir la réalité qui les attendait? Trois ans en vase clos, dans une classe douillette, à apprendre « théoriquement » la profession, parce que la vraie vie est la plupart du temps bien différente des grandes théories. Je me souviens surtout de stagiaires gonflés à bloc, persuadés d’être prêts à faire flèches de tout bois, se dégonfler tout doucement pour se rendre compte que le métier n’était peut-être pas ce à quoi ils s’attendaient. Pas plaisant ça. Et surtout évitable. Je pense que les étudiants gagnent à se frotter au milieu, à mieux saisir leur futur, à mieux challenger leurs professeurs au retour d’un stage en leur soumettant des questions plus précises de manière à réorienter le tir; et c’est finalement le métier qui gagne, en fin de compte, à mieux former sa relève.

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