Paul au Saguenay.

paulMême si je me suis procuré jeudi le dernier Rabagliati, Paul à Québec, je n’ai pas ouvert le livre avant samedi. Peut-être que je savais trop de quoi ce dernier opus traiterait. Car voyez-vous Paul et moi (ou plutôt Michel Rabagliati, son alter ego) avons tellement en commun. Nous avons les deux, à peu près le même âge, nous avons tous les deux étudié en graphisme à Montréal, nous pratiquons tous les deux le même genre de métier, même s’il a plus choisi de se spécialiser dans l’illustration (et maintenant dans la bande dessinée), les premiers appartements, les enfants, nos vies semblent s’être déroulées de la même manière. Alors, quand j’ai lu une entrevue de l’auteur dans La Presse de la semaine dernière dans laquelle il abordait le sujet de son dernier livre : la mort de son beau-père atteint du cancer, j’ai comme eu une petite retenue avant de me lancer dans sa lecture. Appelons ça une protection pour ne pas trop bousculer ma vie à moi. Le livre encore une fois est magnifique. Michel Rabagliati réussit avec un simple coup de crayon à vous faire rire, sourire et pleurer… Je ne me souviens pas d’avoir versé une larme devant une bande dessinée, avant samedi. Le portrait que l’illustrateur a réussi à faire de la maladie en est un touchant; le désarroi de la famille tout autour, l’incompréhension du constat final, le combat de Roland (le beau-père) contre la maladie, a remué ma petite personne, lui rappelant l’histoire que j’ai vécue dernièrement. N’est-ce pas là la qualité d’une grande oeuvre? Réussir à passer un message positif ou négatif; réussir à nous faire vibrer intérieurement. On a dit beaucoup de choses (du bien) sur Michel Rabagliati ces dernières semaines, certain comme Le Soleil, comparant Paul à un Tintin venant du Québec. Les critiques ont parfois tendance à créer des icônes en exagérant l’apport de ceux-ci à une culture, je ne crois pas qu’on exagère cette fois. L’oeuvre de Paul puisqu’il faut la nommer ainsi est dans la lignée des grandes bandes dessinées. Si l’auteur avait eu la destiné de naître en France, ce sont plusieurs centaines de milliers de copies de ces livres qui se seraient vendues, pas uniquement parce que la population y est plus grande qu’ici, mais surtout parce que la bande dessinée n’y est pas un art mineur. Paul à Québec n’est pas une simple bande dessinée, c’est une oeuvre littéraire, point. Une oeuvre écrite à coup de crayons et de passion, de tragédie et d’humour, de tripes et de vécus, une autobiographie honnête qui démontre, oui, un grand talent de raconteur et d’illustrateur, mais avant tout une grande sensibilité chez l’auteur.

> Paul à Québec – Michel Rabagliati – Éditions de La Pastèque

(Si vous voulez découvrir la série Paul, commencez par Paul à la campagne, le premier tome.)

1 Commentaire

  • Comment ne pas se ruer chez son libraire, après une chronique pareille ? Je vais m’empresser d’e-cheter cette merveille…

    La bande-qui-dessine, les bulles-qui-racontent, au-delà des mots, m’emmènent depuis toujours très haut !
    Quand j’ai su lire, à 6 ans, après quelques mois de cours élémentaires, mon père m’a offert ce qui est devenu un de mes trésors les plus intimes : sa collection d’Astérix, glanés chacun en première édition, avec son argent de poche de l’époque… Je les connais… par coeur ! Je les ai relus 20, 30 fois peut-être ? Je les ai fait découvrir à mes enfants, tour à tour, en expliquant l’histoire de ces albums jaunis par les années, mais dont l’âme est intacte, et l’humour bonifié !

    Mon père m’a initiée aux dessinateurs « rares », chinés dans les boutiques spécialisées au pied de son université : la BD fut longtemps, au grand dam de ma bibliothécaire-de-mère, mon « livre » préféré !…

    Et parce qu’il nous en prend l’envie, de ce côté-ci des Atlantes, on fête Saint Goscinny : http://www.lafermedubuisson.com/nuit-curieuse-bd,744.html
    Au 9ème art, longue vie !

    A Bon Dessinateur, salut ! 😉

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