x.

xMartin et moi, on ne s’entend guère musicalement parlant. En fait, je pense qu’on ne s’entend pas du tout là-dessus… Pourtant, j’aime bien ce qu’il fait, lui, comme musicien. Ce n’est pas le genre de musique vers lequel j’irais naturellement, mais ça me plaît. Tant pis pour lui si j’aime ça, ça veut dire que mes goûts pourraient lui plaire (!). Mis à part la musique, on a un discours commun: on n’aime pas vraiment pas la génération des baby-boomers (parenthèse importante pour ces lecteurs qui en font partie : quand on parle de génération, nous généralisons : pour moi, une génération représente beaucoup plus qu’une plage d’âge, elle représente plus une façon d’être, une manière de penser. Si vous ne vous retrouvez pas dans ni l’une ni l’autre, soyez sans crainte.) On n’aime pas, est aussi un grand mot; on n’adhère surtout pas à leurs valeurs, encore moins à leur démesurée estime de soi. Leur manière de penser qu’ils ont tout inventé, tout bâti alors que le constat des générarations qui les ont suivis en est un plus pessimiste.
J’étais autour d’une bonne table, vendredi soir dernier, à une soirée de poker entre chums de gars. Du monde de la même génération, des gars de 40 à 50 ans. Personne avec des jobs coulés dans le béton, digne représentant de leur génération. Autour de la table, malgré nos goûts différents, plus que les mêmes valeurs, nos visions étaient les mêmes. Levant nos verres à la victoire d’Obama, outre la couleur, l’image, ce qui nous plaisait encore plus, c’était l’ascension enfin d’un nouveau maître du monde de NOTRE génération. Comme analysait Martin, de voir Bush partir le dos courbé, laissant un monde divisé, fauché, sale écologiquement et éthiquement parlant, à l’image de la fin de règne des baby-boomers; et de voir l’arrivée d’Obama, le nouveau, le X, le gars qu’on n’attendait pas, le gars qui a fait son chemin entre deux générations, dites lyriques, fut un baume. Obama héritant d’un monde à nettoyer et à rebâtir, est à l’image de ce que ma génération a vécu et vit encore : vivre des miettes laissées par les baby-boomers ou pire encore, obligé de tout nettoyer plutôt que de jouir du moment présent, comme eux l’on fait (comme le dit bien cette chanson de Martin: «Janitors of The World»). D’entendre le discours réaliste d’Obama, sans fausse promesse représentait bien ce que les X… représentent. Une génération réaliste. Pas rêveuse, ni idéaliste; non, réaliste et vrai. Cela nous a pris du temps à nous les X d’éclore. Coincés entre les baby-boomers, et les Y, nous avons rongé notre frein. Étiqueté « sans envergure », « no future », « désabusé », « individualiste », ma génération a su tranquillement faire sa marque. Sans éclat. Alors que les générations qui nous servent de parenthèses clament haut et fort leurs idéologies, les X font dans la modestie et la véracité. Nous sommes les responsables du web 2.0. Nous sommes la génération qui a su moderniser les modes de diffusion d’information et y adhérer rapidement. Nous sommes ceux qui ont mis le web au monde, ou presque (baby-boomers, sors de ce corps!!!). Nous sommes technologiquement « in ». Oui, nous avons réussi à passer au travers des épidémies de sida, des Mac Jobs, de l’apparition des clauses orphelines, de l’insécurité d’emploi, des séparations massives suivies des familles reconstituées, mais nous sommes aussi les précurseurs en matière de consultants, de travailleurs autonomes, de sous-contractants, d’économie parallèle. Nous sommes à l’avant-garde des technologies et des télécommunications. Nous avons eu une jeunesse désabusée, une trentaine réaliste, mais notre éclosion au seuil de la quarantaine est beaucoup plus valorisante que celle des baby-boomers (c’est sûr qu’eux pensent le contraire, mais ce sont dans leurs gênes, nous n’y pouvons rien…).
Aprés deux décennies à se dire que nous étions une génération qui ne passerait pas à l’histoire, Obama ne donne pas uniquement du « Power » à la jeune génération : il nous démontre, à nous, X, que nous passerons aussi à l’Histoire : et vraiment pas de la mauvaise manière…

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1 Commentaire

  • …le X qu’on nous a collé dessus pendant si longtemps et qui était synonyme d’exclusion s’est transformé en X du pouvoir qu’on applique sur un bulletin de vote…
    Reste seulement à trouver un X d’ici, assez fort, pas gaugauche, pas adépéquiste avec du charisme et de la scolarité…ça c’est pas gagné mais je garde espoir.

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